Longtemps épargné par la digitalisation, le secteur bancaire est désormais en pleine ébullition. Entre nouveaux concurrents et nouvelles contraintes réglementaires, les marges de manœuvre sont limitées. Dans un tel contexte, une réflexion sur leur organisation et leurs process est une priorité.

Décideurs. Où en sont les banques dans la digitalisation de leurs activités ?

Luc-Sorel Om. Les efforts de transformation ont porté surtout sur la partie externe des activités. On parle du parcours digital des clients. Ces derniers savent de mieux en mieux ce qu’ils recherchent et ont la possibilité de comparer plus facilement, ce qui augmente la concurrence. Aux États-Unis, cela fait plusieurs années que l’on parle d’ultra-fast banking (je vois mes opérations en temps réel sur mon compte), d’omnichanelling (une opération commence sur un canal et peut être terminée sur un autre) et de real time advising (conseil en temps réel et en ligne). Sur ce point, les banques rattrapent leur retard. En revanche, en ce qui concerne les processus internes, les initiatives de transformation sont essentiellement limitées et pilotées par la réduction des coûts. Résultat, les banques sont maintenant face à leurs contradictions. D’un côté, elles cherchent à offrir des services et accès en temps réel, mais les traitements sous-jacents s’exécutent sur plusieurs jours.

 

Décideurs. Les banques peuvent-elles garder cette stratégie ?

L.-S. O. Non. Et cela pour deux raisons. La première est que la compétition s’accélère avec des acteurs adjacents aux métiers de la banque, dont les fintech, qui utilisent des canaux et des moyens digitaux pour créer de nouveaux modèles disruptifs. La deuxième est ce que nous appelons le double effet de ciseau, avec d’un côté la pression du réglementaire, qui exige plus de transparence et de rapidité dans le reporting, et de l’autre, les coûts qui y sont associés sont explosifs car les chaînes ne sont pas encore adaptées. Résultat, les marges sont fortement touchées. Les banques doivent donc repenser leurs modèles en profondeur et elles sont pénalisées par leur mode de fonctionnement historique. La mise en place d’une réflexion sur leur organisation et leurs processus est leur priorité pour gagner en flexibilité.

 

Décideurs. Quelle est l’innovation la plus dangereuse pour les banques ?

L.-S. O. Le blockchain. Cette nouvelle infrastructure peut être un véhicule pour tout type de contrat à échanger et à confirmer, de manière sécurisée et distribuée. Le blockchain remet en cause l’existence même de tout intermédiaire. Il peut donc toucher le cœur de l’offre de service des banques. Elles ont conscience du nouveau défi qui les attend. Le consortium R3 réunissant déjà plus de 42 banques, dont BNP Paribas, Société générale et Natixis, a été mis en place pour proposer des solutions.

 

Propos recueillis par V.P.

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