Le parti de la majorité signe quelques victoires, notamment grâce aux membres du gouvernement et à certains maires convertis au macronisme. Mais, miné par les dissidences et le manque d’ancrage, le jeune mouvement est plutôt à la peine.

Après une élection présidentielle et des législatives menées tambour battant, LREM avait fait plutôt bonne figure aux européennes grâce aux voix venues de la droite. Pour les municipales, la campagne s’annonçait plus difficiles. Elle l’a été.

Merci aux ministres

Si LREM évite la débâcle, c’est en partie grâce à certains membres du gouvernement qui ont profité d’une bonne implantation locale pour rafler la mise. Ainsi, à Tourcoing, le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, confirme son statut d’homme fort de la Macronie puisqu’il est réélu à la tête de la ville avec 60,89% des voix contre 10,78% pour son principal challenger qui se réclamait de l’union de la gauche. Dans cette ville du Nord la participation a été particulièrement faible : 25%. Qu’importe, le ministre remporte une précieuse victoire qui devrait lui permettre de monter en grade lors d’un éventuel remaniement.

Même s’il représente Agir la droite constructive, le ministre de la Culture Franck Riester conserve également sa mairie de Coulommiers, ville de Seine-et-Marne qu’il dirige depuis 2008. Dans la commune normande de Vernon, la liste soutenue par le ministre chargé des collectivités territoriales, Sébastien Lecornu, « patron officieux », présent en troisième position mais pleinement investi dans la campagne, est couronnée dès le premier tour avec 66,44%.

Pour le Premier ministre, Édouard Philippe, ce premier tour ne s’est pas passé comme prévu. Malgré des discours sur « l’humilité » ou « la difficulté de mener une campagne municipale », il misait sur une élection dès le premier tour ; il se retrouve en ballotage. Certes, il termine en tête avec 43,6% des voix. Mais son challenger de gauche, Jean-Paul Lecoq est à 35,88% et pourrait bénéficier de l’appui du candidat écologiste Alexis Deck, fort de 8,28%. Le jeu est ouvert pour le locataire de Matignon qui jouera très gros au second tour.

Les maires sortants sauvent la Macronie

Certains maires sortants ont également permis aux macronistes invités sur les plateaux le 15 mars au soir de faire relative bonne figure. À Angers, le sortant Christophe Béchu, un ex-LR soutenu par LREM est largement reconduit avec 55% tandis qu’à Nevers, Denis Thuriot, Marcheur assumé et encarté passe dans un trou de souris : 51%. La meilleure performance de la soirée est réalisée par le maire de Saint-Dié-des-Vosges, David Valentine, plébiscité par 72% des électeurs.

Construire un maillage local est un travail de longue haleine

Le second tour devrait permettre à la majorité de célébrer quelques victoires. Parmi les principales, citons Amiens, ville natale d’Emmanuel Macron où la maire UDI sortante soutenue par la majorité, Brigitte Fouré, semble en bonne position. Avec 29,81%, elle devance le candidat de gauche Julien Pradat (25,51%) mais pourra bénéficier du report de deux listes centristes totalisant 20% des voix et, probablement, des écolos puisque la tête de liste, Christophe Porquier, est le conjoint de la députée LREM Barbara Pompili.

Manque d’ancrage et dissidences : cocktail infernal

Ces victoires permettront peut-être au parti de la majorité de mettre sous le tapis certaines claques magistrales subies par des députés marcheurs trop peu ancrés localement, en proie à des dissidences et au vote sanction. Le sud du pays est riche en flops pour les députés macronistes : à Toulon, la députée Cécile Muschotti ne recueille que 7% des suffrages, à Arles Monica Michel est à 5%. Tandis-qu’à Montpellier, le député Philippe Vignal n’a séduit que 6,10% des électeurs et se classe huitième. Enfin, difficile de ne pas mentionner Marseille où l’universitaire Yvon Berland, désigné tardivement n’a obtenu que 7,88%. Moralité : construire un maillage local est un travail de longue haleine. Aux macronistes d’être patients.

Lucas Jakubowicz

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