Est-ce la fin de la période des taux des crédits immobiliers bas ? Ces derniers ont progressé en avril. Décryptage des causes et des prévisions pour les prochaines semaines.

Les observateurs ne s’y attendaient pas. Alors que la Banque centrale européenne avait annoncé le déploiement de mesures exceptionnelles en pleine crise sanitaire pour inciter les banques à prêter, plus particulièrement aux entreprises, certaines banques ont revu à la hausse leurs barèmes de taux des crédits immobiliers aux particuliers de l’ordre de + 0,05 pts et jusqu’à + 0,4 pts pour toute durée et profil confondus sur le mois d’avril selon Credixia.

Les taux moyens se situent sur 15 ans autour de 1,15 %, 1,32 % sur 20 ans et près de 1,60 % sur 25 ans complète d’après les chiffres avancés par Meilleurtaux.com. « Néanmoins, ces informations doivent être prises avec prudence car nous n'avons pas reçu l'ensemble des barèmes bancaires et de très grandes banques sont aujourd'hui en production très restreinte et donc ne communiquent pas sur leurs taux » tempère Maël Bernier, directrice de la communication. « Les taux de crédit immobilier ont remonté de 0,25 % en moyenne, a reconnu Philippe Brassac, directeur général de Crédit Agricole, chez BFM Business. Cela s’explique par la remontée des taux de marché (ndlr : obligataires) et comme les banques utilisent dans les ressources qu’elles mobilisent pour les financements des crédits environ un tiers de ressource de marché. Il n’y a donc aucune marge supplémentaire pour les banques dans cette augmentation ».   

Une explication qui contredit l’analyse de Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer : « Les banques anticipent une hausse des conditions de refinancement dans les mois à venir et souhaitent reconstituer leurs marges à un moment où il y a moins de concurrence car elles sont actuellement peu nombreuses à accepter encore de traiter les nouvelles demandes de prêt… ».

Reste désormais à savoir si cette hausse sera durable. « Il y a fort à parier pour que les taux de crédit immobilier restent stables dans les mois à venir et même au sortir du confinement, anticipe Sylvain Lefevre, président de La Centrale de Financement. Même si certaines banques majoreront un peu leurs taux afin de se garantir une marge, celles-ci n'ont aucun intérêt à limiter l'accès au crédit et encore moins au crédit immobilier qui représente l'un des placements les moins risqués pour elles... Et pour favoriser la relance des emprunts, il est également fort probable que le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) assouplisse certaines de ses directives, telles que le plafonnement des prêts accordés à 33 % d'endettement. » Les barèmes et annonces des prochains mois seront scrutés avec attention.

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