Craignant une flambée des impayés, les établissements de crédit américains prennent les devants. Les montants provisionnés pour tenter d’y faire face atteignent des sommes colossales.

Dans la tourmente de la crise du coronavirus, une chose est certaine : établir des prévisions fiables relève de l’utopie. Un contexte qui pousse les banques américaines à prévoir le pire, ou presque. Pour palier le risque de défaillances en cascade et de remboursements impossibles à honorer, elles n’ont pas hésité à provisionner des montants énormes de liquidités. Dans le détail, la litanie des sommes concernées est impressionnante : 8,3 milliards de dollars pour JP Morgan Chase, 4,8 milliards de dollars pour Bank of America, près de 4 milliards de dollars pour Wells Fargo, 7 milliards de dollars pour Citigroup ou encore 937 millions de dollars pour Goldman Sachs.

Résultats trimestriels en chute libre

C’est à l’occasion de la publication hier et avant-hier de leurs résultats trimestriels que ces chiffres ont été rendus publics, démontrant, s’il en était encore besoin, l’ampleur d’une crise qui ne fait que commencer. « Étant donnée la forte probabilité d'une sévère récession, il était nécessaire de constituer des réserves de crédit », a expliqué Jamie Dimon, PDG de la première banque américaine en termes d’actifs JP Morgan Chase. Et, si les résultats publiés pour le premier trimestre 2020 ne sont pas bons – c'est la première fois depuis la fin de l'année 2017 que les profits n'augmentent pas sur le trimestre, comme le précise Les Échos – ceux du semestre prochain pourraient être bien pires étant donné que le confinement pourrait avoir un impact bien plus prononcé. Une situation transposable à l’ensemble des organismes bancaires du pays. En effet, Wells Fargo doit encaisser une baisse de 89 % de son bénéfice et de 18 % de son chiffre d’affaires qui s’établit à 17,7 milliards de dollars. Citigroup, de son côté, a vu son profit plonger de 46,6 % à 2,5 milliards de dollars.  

Le plus dur reste à venir

Alors que les signaux économiques et financiers ne sont guère encourageants notamment avec l’inscription au chômage de quelque seize millions d’Américains entre la fin du mois de mars et début avril, les banques ont déjà fait montre de souplesse. Ainsi, Bank of America permet-elle le report à trois mois des mensualités de la plupart des prêts de ses clients. JP Moragn Chase a, quant à elle, prolongé de 90 jours les crédits octroyés à ses clients. Toutes les banques ont également commencé à octroyer des prêts dans le cadre du plan de soutien fédéral aux PME annoncé par le gouvernement. Malgré la conjoncture et même si le plus dur reste à venir, les banques ont tenu à rassurer. Elles affirment en effet être suffisamment solides et disposer d’assez de liquidités pour traverser la crise. Morgan Stanley, autre poids lourd de l’industrie bancaire américaine dont la publication des résultats est attendue aujourd’hui, devrait reprendre à son compte ce message.

S.V.

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