Les vingt-sept membres du Conseil européen, réunis ce jeudi par visioconférence, ont entériné le principe d'un fonds de relance économique. La lourde tâche d'en établir les contours revient à la Commission européenne.

Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), avait alerté les Vingt-Sept sur les conséquences économiques de la pandémie : une chute du PIB pouvant aller jusqu'à 15 % cette année. Afin de préparer la sortie de crise, les vingt-sept dirigeants de l'Union européenne se sont accordés hier sur un cadre financier pluriannuel pour la période 2021-2027 incluant un plan de relance économique.

Des divergences sur sa mise en œuvre

Charles Michel, président du Conseil européen, s'est félicité, à la sortie de la visioconférence, de la volonté commune des Vingt-Sept de travailler main dans la main. Bien que se disant "optimiste" grâce à la "volonté politique de travailler ensemble et de réussir", il n'a pas caché les divergences des États membres sur les conditions de mise en œuvre d'un fonds de relance européen.

Le président français, Emmanuel Macron, a également reconnu que "des désaccords demeurent sur les mécanismes et la nature des transferts qui seront faits", bien qu'il y ait un "consensus sur une réponse solidaire, organisée et forte".

Les vingt-sept dirigeants des pays de l'Union européenne ont donc confié à la Commission européenne la lourde tâche de plancher sur un plan de sortie de crise capable de contenter les exigences de chaque État européen. D'après la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, ce plan devrait être présenté dans la deuxième ou troisième semaine de mai.

Un clivage Nord-Sud

La plus grande difficulté à laquelle la Commission devra faire face sera de proposer des mécanismes capables de mettre d'accord les pays du Nord et ceux du Sud, divisés sur la question du mode de financement. Alors que le Sud – Italie et Espagne en tête –, plus violemment affecté par la pandémie et déjà fragilisé économiquement, réclame une solidarité financière aux pays moins touchés par le virus, les États du Nord – dont l’Allemagne et les Pays-Bas – excluent aujourd'hui un tel mécanisme arguant de leurs efforts passés. Certains préfèrent d’ailleurs la mise en place d’un prêt à une mutualisation de la dette. Emmanuel Macron a, quant à lui, écarté l'idée d'un mécanisme de prêt qui ne ferait que "s’ajouter aux dettes que ces pays ont déjà".

Il y a donc de grandes chances que la Commission européenne opte pour une combinaison de subventions et de prêts. Pour ce qui est du montant alloué pour la relance, les États membres ont aussi passé la main à la Commission qui, à travers sa présidente Ursula von der Leyen, a évoqué une somme se chiffrant en "trillons".

Le quatrième dispositif européen face à la crise

Ce fonds représente la quatrième mesure européenne adoptée pour faire face à cette crise sanitaire inédite, alors qu'il a été décidé hier que les trois premières devraient être opérationnelles au plus tard le 1er juin. Pour rappel, ces trois mesures d'urgence prévoient un prêt du Mécanisme européen de stabilité (MES) aux États membres jusqu’à 240 milliards d’euros, l'aide de la Commission à financer le régime de chômage partiel à hauteur de 100 milliards et de nouveaux prêts de la Banque européenne d’investissement (BEI) aux entreprises, pouvant aller jusqu’à 200 milliards d’euros.

B.C.

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