Edouard Philippe a détaillé lors du 5e comité interministériel du tourisme les dispositions imaginées par l’exécutif pour sauver le secteur. Décideurs liste les principales mesures.

"Le gouvernement ne veut pas prendre le risque de laisser sinistré un secteur si important pour le pays." Le secteur évoqué ici par Edouard Philippe est celui du tourisme. A l’occasion du 5e comité interministériel dédié à cette activité, le Premier ministre a présenté un plan de soutien autour de deux grands axes : "permettre au secteur de tenir bon, face à la crise actuelle, en limitant les faillites et les licenciements, afin de lui permettre de se reconstruire ; et tracer des perspectives et préparer sa réouverture à court terme."

Le fonds de solidarité restera ouvert pour les entreprises du secteur hôtellerie-restauration-tourisme jusqu’à la fin de l’année 2020. Son accès sera élargi à des entreprises de plus grande taille, celles qui ont jusqu’à 20 salariés et jusqu’à 2 M€ de chiffre d’affaire. L’aide qui sera versée pourra aller jusqu’à 10 000 €. Les dispositifs de prêts au secteur seront en parallèle renforcés. Un "Prêt garantis État" qui sera rappelé "Prêt garantis État Saison" sera mis en place. "Ses conditions seront plus favorables que celles du PGE classique avec notamment un plafond pouvant atteindre le chiffre d’affaires des trois meilleurs mois de l’année précédente", souligne Edouard Philippe. L’enveloppe des "prêts Tourisme" de Bpifrance sera portée de 250 M€ à 1 Md€. "Enfin, les banques se sont engagées à systématiquement proposer aux PME du secteur un report des mensualités de tous leurs prêts sur 12 mois et non plus simplement sur 6 mois comme aujourd’hui", assure le Premier ministre.

Les cotisations sociales patronales dues entre mars et juin seront quant à elles exonérées pour les entreprises du secteur hôtellerie-restauration-tourisme. Une exonération qui sera prolongée tant que la fermeture durera. Un crédit de cotisations de 20 % des salaires versés depuis février sera également accordé aux entreprises pour accompagner la reprise d’activité. Au total, ces allègements de cotisation représentent plus de 2 Mds€ d’aide directe au secteur selon le gouvernement. Sur le chômage partiel, les entreprises du secteur pourront continuer d’y recourir dans les mêmes conditions qu’aujourd’hui au moins jusqu’à la fin du mois de septembre 2020. "Au-delà, le chômage partiel leur restera ouvert si les activités reprennent trop lentement, dans des conditions qui seront le cas échéant revues", ajoute Edouard Philippe. Et la trésorerie n’est pas le seul volet couvert par le plan.

6,7 Mds€ d’investissements et des réouvertures le 2 juin espérés


Un programme d’investissements en fonds propres de 1,3 Md€ sera porté par la Caisse des dépôts et par Bpifrance. "Ces 1,3 Md€ vont en générer 6,7 Md€, en attirant d’autres capitaux, privés, sur le secteur", promet l’ancien maire du Havre. Une offre d’accompagnement sera proposée. Elle doit permettre à plus de 2 000 entreprises d’en bénéficier, ainsi qu’à des collectivités locales, avec le renforcement du dispositif France Tourisme Ingénierie. Le gouvernement a également décidé de proposer et de mettre en œuvre, à l’occasion de la prochaine loi de finance rectificative, un dispositif aux collectivités locales qui, si elles le souhaitent, pourront prévoir, pour l’année 2020, des allègements de taxe de séjour ainsi qu’un dégrèvement des deux tiers de la cotisation foncière des entreprises du secteur, que l’Etat financera alors pour moitié. Concernant la demande, le plafond d’utilisation des tickets-restaurants sera doublé à compter de la réouverture des restaurants et ces mêmes tickets-restaurants seront utilisables le week-end. "Si je fais la somme de tout ce que je viens d’indiquer, c’est un engagement de plus de 18 Mds€ pour les finances publiques", calcule Edouard Philippe. Ce dernier a également évoqué la question de la réouverture du secteur.

Pour les cafés-restaurants, la date sera fixée au cours de la semaine du 25 mai. "Pour ceux qui sont dans des départements verts, une réouverture le 2 juin pourra être envisagée si l’évolution de l’épidémie ne se dégrade pas et sous réserve que les mesures sanitaires recommandées par le Haut conseil de santé publique soient parfaitement respectées", révèle le Premier ministre. S’agissant des vacances, "sous réserve de l’évolution de l’épidémie et de possibles restrictions localisées en fonction de son évolution", les Français pourront partir en vacances en métropole, dans l’Hexagone et dans les outre-mer au mois de juillet et au mois d'août. Les professionnels de l’hôtellerie et du tourisme ont pris l’engagement de garantir un remboursement intégral en cas d’annulation des nouvelles réservations effectuées.

"Nous donnons maintenant rendez-vous à l’ensemble des Français à la fin du mois, à l’ensemble des acteurs de ce secteur aussi, pour fixer rapidement les dates de réouverture et la façon dont les choses vont progresser en maîtrisant l’épidémie", conclut Edouard Philippe.

Pour l’Association pour un hébergement et un tourisme professionnels, le travail n’est cependant pas terminé. L’AhTop estime que le chômage partiel doit aller au-delà de septembre 2020 et perdurer au moins jusqu’à la prochaine saison estivale en 2021. "Pour ce qui concerne les prêts garantis par l’État (PGE), les acteurs indépendants ne pourront pas emprunter de telles sommes : chefs d’entreprises responsables, ils ne pourront en effet pas rembourser de tels montants", ajoute l’association. Enfin, à propos des mesures sanitaires à mettre en œuvre pour la réouverture des établissements, elle déplore "le flou qui persiste et des incertitudes très préjudiciables à la reprise de l’activité." L’AhTop se dit prête à élaborer d’autres propositions.

Par François Perrigault (@fperrigault)

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