C’est le taux de pauvreté en Grande-Bretagne en 2015, selon les dernières données du Bureau national des statistiques britannique. Un chiffre en baisse mais qui demeure inquiétant au vu des performances macroéconomiques du Royaume.

Malgré un taux de chômage au plus bas depuis 1975 (4,5 %) et la croissance la plus forte du G7 début 2017 (1,7 %), le Royaume-Uni n’arrive pas à se débarrasser de sa pauvreté, qui atteint presque la moyenne européenne (17,3 %). En guise de comparaison, il n'est "que" de 14,3 % en France. En seulement un an, le taux de pauvreté « persistante » — définie comme une pauvreté qui dure au moins vingt-quatre mois sur trois ans — a augmenté de 18 %, passant de 3,9 millions de personnes concernées en 2014 (6 % de la population) à 4,6 millions en 2015 (7,5 %). Une situation d’autant plus regrettable qu’elle ne devrait pas s’améliorer dans les années à venir : de 2012 à 2015, selon l’institut statistique, près de 30 % de la population risquait de tomber dans la pauvreté. La situation d’un ménage étant considérée comme « risquée » lorsque celui-ci a expérimenté au moins un an de pauvreté sur les quatre dernières années.

« Des générations entières piégées dans la pauvreté »

Ces données alarmantes ont récemment été accentuées par l’Institut britannique d’analyse budgétaire (IFS) dans une étude récente sur le revenu médian des ménages. Celui-ci s’établit seulement 3,7 % au-dessus de son niveau pré-crise, un accroissement historiquement faible sur une telle durée. Le rapport indique que les inégalités de revenu restent plus élevées dans la capitale, où les 10 % des plus riches gagnent quatre fois et demi plus que leurs homologues les plus pauvres (contre un peu moins de quatre à l’échelle nationale). Mais là où les inégalités sévissent le plus, c’est au niveau interrégional : le revenu médian dans le Sud-Est de l’Angleterre, région la plus riche, est un quart plus élevé que dans la région « Centre-Ouest » de Birmingham. L’enclavement de certaines régions est un problème majeur en Grande-Bretagne : « Pour la première fois, nous sommes en train de créer des ghettos géographiques qui piègent des générations entières dans la pauvreté. » déplore d’ailleurs le député Libdem Stephen Lloyd. Et les estimations ne donnent pas matière à rassurer les foules. L’IFS ne prévoit pas d’inversion de tendance, notamment du fait de l’inflation grandissante (2,9 % en mai 2017), conséquence du vote en faveur du Brexit de juin 2016, qui ne prête pas à une hausse imminente du niveau de vie réel des populations les plus pauvres.

A.R.

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