La question de la place de la nature en ville se pose par exemple. Tiraillée entre un héritage séculaire et des problématiques contemporaines, Paris se doit de repenser l’usage de l’espace public. Pour ce faire, elle lance son manifeste. Analyse.

Pour que la ville de Paris puisse prendre le train des transformations urbaines, à l’œuvre dans la plupart des métropoles mondiales, la capitale française se doit de se réinventer. La stratégie de neutralité carbone à l’horizon 2050 implique nombre de changements, impactant tous les secteurs. Le réaménagement de l’espace urbain, l’utilisation de nouveaux matériaux plus écologiques, le développement des mobilités douces ainsi que la végétalisation des villes, seront autant de critères à prendre en compte. La ville de Paris lance ainsi son manifeste pour une nouvelle esthétique parisienne, une  "nouvelle doctrine", participative, qui consultera les parisiens de tous horizons. L’idée est de  "passer de philosophie esthétique à fonctionnaliste", utile pour contrer effets urbains néfastes, comme les îlots de chaleur urbains. L’agglomération fait part de son envie de travailler sur le cahier des charges pour faire du design l’un des éléments de considération, et ne pas choisir des candidats en ne tenant seulement compte que des aspects fonctionnels et financiers.

La mise en place de groupes de travail

Des groupes de travail seront mis en place pour une meilleure coordination du projet, et gagner en précision tout en abordant des sujets différents. Le premier devra définir un référentiel des bonnes pratiques internes. Ensuite, la rénovation urbaine et quartiers populaires, constituera un deuxième axe de réflexion. En effet, le design doit, selon la ville de Paris, s’inviter dans tous ses recoins, y compris dans les quartiers populaires. Leurs habitants seront d’ailleurs consultés pour participer à l’élaboration d’un design qui leur est propre, leur permettant de s’approprier l’espace. D’autre part, la problématique du genre dans l’espace public et l’urbanisme genré seront des points prépondérants dans la création du manifeste. Il s’agira de participer à rééquilibrer l’égalité d’accès au territoire parisien. Le travail de ce groupe de travail sera très lié au suivant qui se consacrera lui à l’accessibilité dans l’espace public, afin de faire de Paris une ville inclusive. Pour finir, les enjeux esthétiques de la culture et de la mémoire et les nouveaux enjeux de végétalisation et de mobilités occuperont les deux derniers groupes de travail. La végétalisation de la ville sera d’après la ville de Paris "de plus en plus importante et va devenir un pillier fondamental du PLU".

Trois livrables formeront la moelle épinière de ce projet. Tout d’abord, l’ensemble des contributions scientifiques nécessaires à l’exposition au Pavillon de l’Arsenal, seront primordiales. Ensuite, "un référentiel d’action pour l’administration parisienne sur l’architecture, le design urbain et le mobilier urbain" est attendu. Troisième composant essentiel, l’intégration au Plan local d’Urbanisme Bioclimatique sera cruciale, puisqu’elle permettra de déterminer les matériaux et le forme des bâtiments du futur.

Un calendrier en trois paliers

Trois paliers jalonneront le projet, tout au long de son élaboration et de sa mise en place. Le premier, couvrant la période de janvier à mars 2021 sera marqué par le lancement d’un concours pour designers et architectes, chargés de réfléchir sur "les objets totémiques de l’espace public". Le lancement d’une boite à idée numérique, et de promenades urbaines sur le thème du désencombrement de l’espace public constitueront un temps fort de ce palier. Le suivant, d’avril à mai, verra le Pavillon de l’Arsenal s’ouvrir au public, le temps d’une exposition sur "Paris, esthétique urbaine, histoire et perspectives". D’autre part, les enfants scolarisés en écoles primaires seront consultés, quant à leur perception de l’espace public. Enfin, le mois de juin fera office de date buttoir, avec la restitution des groupes de travail de l’exécutif, et des consultations, tout en donnant les résultats des premiers concours. Le manifeste a pour ambition de placer le design au centre du projet de réaménagement de la ville. Sans sacrifier le sérieux du projet, les opérations de verdissement, de réhabilitation de la mobilité douce, d’inclusion et de réflexion, devront se faire avec style.

Thomas Gutperle 

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