Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) de l’Organisation des Nations unies (ONU) a rendu, mercredi 23 juin, un projet de rapport. Ce troisième et dernier volume d’un cycle démarré après l’Accord de Paris est particulièrement alarmant.

Lors de l’Accord de Paris en 2015, le monde s’était engagé à limiter le réchauffement sous le seuil des 2 °C. Selon le projet de rapport, dépasser 1,5 °C aujourd’hui entraînerait des conséquences irréversibles. Plus inquiétant encore, la probabilité que ce seuil de 1,5 °C degré sur une année soit dépassé dès 2025 est déjà de l’ordre de 40 % selon l’Organisation météorologique mondiale. “Il est urgent de développer des actions ambitieuses pour limiter le changement climatique et se préparer à ses effets inévitables.” alertent les scientifiques rattachés au Giec. Ledit rapport porte sur les conséquences du changement climatique sur les océans et la cryosphère, indispensables à l’équilibre de l’humanité et des écosystèmes. Ils absorbent une part importante des excès de CO2 et de chaleur engendrés par les activités humaines. Autrement dit, plus ils se dégradent, plus l’humanité et les écosystèmes s’en trouvent affectés.

Océans  et  cryosphère condamnés jusqu’en 2040  

Après avoir rappelé que l’évolution des océans et de la cryosphère jusqu’en 2040 est déjà fixée par nos émissions passées, le Giec décrit une situation désastreuse : “entre 2006 et 2015, les glaciers et calottes ont perdu plusieurs centaines de milliards de tonnes par an, et la banquise arctique se réduit à un rythme inégalé depuis plus de 1000 ans.” Les terres gelées (pergélisol) ont subi un réchauffement de 0,3°C en moyenne depuis dix ans et un dégel superficiel de 25 % à 70 % des surfaces est prévu d’ici la fin du siècle. “À l’heure actuelle, ces terres maintiennent piégé un stock de carbone deux fois plus important que celui de l‘atmosphère. Il est possible, mais pas certain, qu’elles aient déjà commencé à libérer leurs gaz à effet de serre.” interroge le rapport. Parmi tous les scénarios envisagés par le Giec, la fonte des glaciers et du pergélisol, la réduction de la couverture neigeuse et de l’étendue de la banquise arctique vont se poursuivre et s’accélérer. Et les experts sont catégoriques : si les émissions poursuivent leur tendance actuelle, la masse des glaciers sera réduite de 60 % d’ici 2100. Quant aux océans, ils absorbent plus de 90 % de l’excédent de chaleur engendré par le réchauffement climatique, ce qui augmente leur température, altère la circulation océanique et ralentit le mélange des eaux. Une autre conséquence : les événements extrêmes comme que les cyclones et les épisodes de sécheresse seront d’autant plus fréquents que les émissions resteront élevées.

Par ailleurs, le niveau de l’eau ne cesse d’augmenter du fait de l’effet combiné de la dilatation due au réchauffement climatique et de la fonde des glaces. La conclusion du rapport est sans équivoque : “Dans les situations les plus optimistes, la montée des eaux atteindra 40 centimètres d’ici la fin du siècle et se poursuivra dans les siècles à venir. Elle pourra atteindre un mètre d’ici 2100 […]. À plus long terme, l’élévation se poursuivra d’autant plus que le changement climatique s’aggravera, pour atteindre entre 0,6 et 1,1 mètre pour un scénario où nos émissions seraient réduites, voire 2 à 5 mètres.” 

Lourdes conséquences pour les  populations humaines  

Certains pays insulaires devraient devenir inhabitables en raison des changements liés au climat.” prévient le Giec. Dans les régions arctiques montagneuses, la fonte des glaces a déjà affecté la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau, les conditions de vie, la santé, les infrastructures, le transport et le tourisme, et cela ne va pas aller en s’arrangeant. Les zones côtières sont également très touchées puisque régulièrement menacées de submersion, ce qui entraîne la perte de terres ou leur salinisation, une érosion accrue des côtes et davantage d’inondations. “Au niveau mondial, plus de 600 millions de personnes vivent dans ces zones. Compte tenu des événements extrêmes, une élévation du niveau des mers d’une vingtaine de centimètres seulement affecterait plus de 300 millions d’humains d’ici 2060, principalement en Asie du Sud et du Sud-Est et en Afrique.”  

La nécessité d’actions immédiates   

“Chaque demi-degré compte. Chaque année compte. Chaque action compte” explique le Giec. Le rapport est clair, l’objectif est aujourd’hui de se préparer aux effets irréversibles du changement climatique mais d’en limiter les dégâts. Plusieurs actions ambitieuses et déterminantes sont proposées : “Renforcer la coopération et la coordination entre les différentes autorités, du local au global, du court terme au long terme ; développer l’enseignement des enjeux climatiques ; améliorer les techniques de mesure et de prédiction ; utiliser l’ensemble des sources d’information ; partager les données ; mobiliser les ressources financières ; tenir compte des enjeux d’équité et de justice sociale." Des actions pas toujours simples à mettre en œuvre. En effet, comme le rapport l’explique, les populations les plus vulnérables, du fait de leurs situations géographique ou économique désavantageuses sont celles ayant le moins de moyens d’action. Par ailleurs, les réponses adaptées demandent d’agir de manière concertée et sur le long terme, alors que les gouvernances établissent des plans de courte durée. Enfin, de nombreux éléments financiers, techniques ou institutionnels font obstacle à la mise en place de mesures d’adaptation aux changements. Malgré un ton pessimiste, le Giec tente à travers ce rapport de convaincre les différents pays des actions à mener en leur montrant qu’il existe des solutions pour la planète.

Clémentine  Locastro   

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