Face aux opportunités offertes par les technologies, aux évolutions réglementaires, et aux attentes des nouvelles générations, les entreprises se tournent de plus en plus vers des acteurs qui les aident à appréhender la complexité et leur ouvrent de nouvelles perspectives. Le contexte est donc favorable pour les cabinets de conseil, qui doivent en profiter pour se ré-inventer.

S’ouvrir aux nouveaux penseurs

Pour définir les métiers du conseil de demain, il est essentiel que les cabinets s’ouvrent aux intellectuels qui sont en train de repenser l’entreprise. Isaac Getz, par exemple, propose une nouvelle philosophie, l’entreprise libérée, qui repose sur trois piliers :  l’égalité intrinsèque, la réalisation de soi et l’autonomie. La transformation des modes de management ne pourra toutefois se mettre en place que si la théorie rencontre la pratique. Et c’est sur ce genre de terrain de jeu que doivent se développer les cabinets de conseil.

En intégrant des facteurs extérieurs à ces nouveaux paradigmes, comme la réalité de l’entreprise, sa culture et ses enjeux sectoriels, les consultants vont pouvoir insuffler une nouvelle dynamique aux grands groupes.

Porter des convictions

En effet, aujourd’hui, co-construire avec les clients est devenu la norme et ne suffit plus. Les cabinets de conseil doivent aller un cran plus loin et prendre position. Rester à l’écoute des nouvelles tendances sociétales est alors essentiel. Par exemple, les générations Y et Z qui arrivent sur le marché de l’emploi ont un autre regard sur la vie professionnelle, attendent des entreprises qu’elles soient sincères et transparentes. Cela va impacter directement la transformation de ces dernières. Cette ouverture sur la société permet aux consultants d’étayer leurs convictions et de les confronter aux enjeux sectoriels de leurs clients.

Une approche culture-centric

Les cabinets de conseil doivent donc porter des convictions fortes toute en y intégrant une culture d’entreprise propre à chacun de leurs clients. L’approche culturelle a trop longtemps été délaissée au profit de l’approche stratégique et scientifique. Or, dans un contexte changeant et imprévisible, la culture supplante la stratégie jusqu’à s’y substituer. Il est donc temps de lui redonner ses lettres de noblesse. Le secteur bancaire en est un bon exemple. Relativement menacé par les nouveaux entrants, il met en place des stratégies pour accélérer sa transformation digitale, sans changer sa culture. C’est en faisant évoluer la culture de l’entreprise que l’on peut mettre en place une transformation profonde et sur le long terme.

La transformation digitale doit donc passer par l’évolution de la culture des entreprises et des pratiques managériales. Les études actuelles montrent qu’appliquer des pratiques de start-up à un grand groupe est, par exemple, contre-productif et inefficace sur le long terme car leurs cultures sont totalement différentes.

Intégrer les nouvelles technologies

L’impact des nouvelles technologies sur le métier du conseil est primordial. Les consultants doivent avoir conscience que le système d’information et, plus largement, les technologies, sont des leviers puissants pour transformer les organisations. L’intelligence collective et le partage de connaissances au sein d’un groupe intégrant des entités technologiques devient alors une vraie force pour les consultants. Cela ajoute de la crédibilité et de la légitimité à leurs convictions.

Être des cordonniers bien chaussés

Pour accélérer la transformation de leurs clients, les cabinets de conseil doivent eux-mêmes se transformer. Ceux qui s’imposeront demain auront réinventé leurs pratiques managériales, et la promesse faite aux consultants, de l’apprentissage du métier à l’ensemble de leur parcours. Le rôle des partners doit également évoluer, pour que ces derniers puissent réellement porter des idées et des convictions. Ils ne doivent pas être de simples exécutants mais des leaders dont la singularité est inspirante pour les jeunes consultants.

De plus, l’innovation doit être insufflée au sein même des équipes de consultants et ne doit pas se limiter aux digilabs, qui, pour la plupart, ne sont qu’une simple vitrine. Il est confondant de constater que sur les vingt dernières années les outils mis à la disposition des consultants n’ont quasiment pas évolué. Donner l’opportunité aux consultants de développer des projets internes, comme la création de corpus d’intelligence artificielle, leur permet de nourrir leur réflexion et donc leur capacité à être force de proposition auprès de leurs clients.

Le monde du conseil entre donc dans une nouvelle ère, où la technologie doit être au service de l’humain, où la culture devient LA stratégie. Où le métier s’enrichit d’équipes pluridisciplinaires. Où de nombreux terrains de jeux restent encore à explorer. 

Chronique de Laurent Dherbecourt (directeur général Talan Consulting)

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