Lorsqu’ils ne sont pas associés, la plupart des avocats exercent en libéral sous le contrat de collaboration. Une exception existe cependant : le salariat. Cette tranche de population tend à se raréfier : les cabinets d’avocats qui le pratiquaient de manière traditionnelle, ceux qui sont affiliés à un réseau d’audit, basculent peu à peu vers le régime libéral. Un mouvement qui n’est pas sans conséquences sur la situation financière des avocats concernés.

Le changement est en train de se produire maintenant. Les cabinets qui offraient traditionnellement à leurs avocats un contrat de collaboration salarié apparenté à celui de n’importe quel salarié d’entreprise ont décidé de revoir leur politique de recrutement. Il s’agit des structures affiliées à un réseau d’audit, au premier chef desquelles figurent Deloitte Taj, EY ou encore KPMG (qui a créé son propre cabinet d’avocats en janvier 2019), mais aussi le géant Fidal. La principale différence entre ces deux types de collaboration est le traitement de la clientèle personnelle : là où l’avocat libéral doit pouvoir être en mesure de traiter ses propres dossiers, ce n’est pas le cas des collaborateurs salariés. Dès lors, la raison officielle de l’abandon du contrat salarié est de permettre à tous les avocats de se constituer une clientèle personnelle. Une demande qui serait de plus en plus courante chez les jeunes avocats.  

Une aubaine en période de vaches maigres  

Que s’est-il réellement passé ? Peu avant le déclenchement de la crise sanitaire, les grosses machines du droit qui proposaient historiquement une alternative au contrat de collaboration ont décidé, de manière concertée, de n’embaucher leurs nouveaux collaborateurs que sous le régime libéral. Pour le moment, aucune d’entre elles n’accepte de s’expliquer sur ce changement de politique RH. Ce silence n’empêche cependant pas une analyse de la situation. Tout d’abord, ce changement de statut des collaborateurs introduit plus de souplesse dans la négociation salariale. Cela va de pair avec le mouvement observé chez les Big qui cherchent de plus en plus des avocats développeurs de clientèle au-delà des techniciens. Primes et bonus en plus du fixe peuvent ainsi séduire les professionnels en provenance des cabinets d’affaires. Malgré cette hausse du niveau des rémunérations, le contrat de collaboration libéral leur permet de réaliser de vraies économies : moins de congés, pas de RTT, des conditions de départ très souples (il suffit de mettre fin au contrat de collaboration sans les contraintes liées au droit du licenciement)… Cette décision est donc une aubaine en période de vaches maigres. De plus, la période transitoire n’est pas sans poser de difficultés : demeurent au sein de ces structures deux régimes différents pour des professionnels qui exercent le même métier et qui affichent le même niveau d’ancienneté. Pour le moment, il semblerait que les directions générales et des ressources humaines ne procèdent qu’à des négociations individuelles incitant les anciens à passer sous le régime libéral, moyennant une augmentation de leur rémunération en compensation de l’abandon de leur statut de salarié. L’implantation nationale de ces cabinets et le niveau d’autonomie des régions pour certains comme Fidal induisent la persistance de deux modèles bien différents au sein d’une même maison.  

Enfin, la politique d’embauche se trouve totalement renouvelée. car là où les cabinets d’avocats affiliés aux big proposaient une stabilité de l’emploi et les conditions protectrices du droit du travail, ils doivent aujourd’hui renoncer à ces juristes techniciens séduits par le statut de salarié. il est vrai que la crise a rendu les candidats moins exigeants quant au choix de leur cabinet. Il n’en demeure pas moins que les big se privent ainsi de la manne de professionnels qui se tourneront encore plus aujourd’hui qu’auparavant vers l’entreprise. 

Pascale D'Amore

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