Dans le cadre de son démantèlement, Thyssenkrupp a refusé de vendre ses ascenseurs à son concurrent finlandais, Kone. Conséquence de l’intransigeance des autorités de la concurrence, cette partie des activités du géant sidérurgique allemand est cédée à des fonds, ce qui réjouit ses actionnaires.

C’est tout un symbole. Longtemps fleuron de l’industrie d’outre-Rhin, le groupe allemand fait face à des problèmes de rentabilité. Pour faire face à la concurrence chinoise, Thyssenkrupp avait prévu de fusionner avec l’indien Tata, dans la lignée d’Arcelor-Mittal, derrière qui ce nouvel acteur serait devenu le deuxième groupe sidérurgique mondial. Mais les autorités de la concurrence européenne se sont opposées à ce projet. Contraint de scinder son groupe, l’industriel allemand a alors décidé, pour alimenter sa trésorerie, d’introduire en bourse sa division la plus rentable, celle des ascenseurs. Criblé de dettes et de moins en moins rentable dans ses autres activités, il doit vendre sa division au plus vite.

Malgré une offre de Kone, son homologue finlandais, supérieure d’un milliard à celles de ses concurrents, les précédentes déconvenues légales de Thyssenkrupp l’ont poussé à choisir, le 17 février, celle des fonds d’investissements. À 15 heures, le jour de cette annonce, le cours des deux industriels dévissait respectivement de 2 % pour Thyssenkrupp et de 5 % pour Kone.

C’est parce qu’un oligopole formé par Thyssenkrupp, Kone, l’américain Otis et le suisse Schindler se partage déjà la quasi-totalité du marché, qu’il est si difficile de former un géant de l’ascenceur. Ainsi, deux consortiums menés par Blackstone et Carlyle d’une part et par Advent et Cinven d’autre part se sont affrontés pour réaliser cette acquisition. Le second regroupement d'investisseurs double son concurrent avec une offre de 17,2 milliards d'euros, le plus gros LBO depuis treize ans.

On comprend l’intérêt des investisseurs pour ce secteur en pleine expansion du fait de l’urbanisation, du vieillissement du parc, de la nécessité de mise aux normes et de maintenance de ces équipements. La start-up française WeMaintain tente d’ailleurs, depuis 2017, de disrupter ce marché très fermé en mettant directement en relation des techniciens qualifiés avec les entreprises ou les gestionnaires d’immeubles.

Baptiste Delcambre

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