Récemment nommé P-DG, Alexandre Ricard a pour ambition de faire de son groupe le numéro un mondial des vins et spiritueux. Une façon de poursuivre le travail de son grand-père et de son oncle.

Décideurs. Qu’est-ce que le leadership pour vous??
Alexandre Ricard.
Plus qu’une question de personnalité, le leadership est avant tout une question de vision et d’ambition partagées. C’est l’étymologie même du mot leadership?: être celui qui conduit, celui qui mène les autres. Pour mobiliser des équipes autour de soi, il est essentiel de fixer un cap commun et clairement défini, à plus forte raison au sein d’un groupe comme le nôtre présent sur tous les continents, et donc composé d’une grande diversité de cultures. C’est pour moi une grande fierté de voir que près de 90?% de nos?18 000 collaborateurs se sont récemment déclarés «?engagés?» lors de notre dernier baromètre interne mené par le cabinet Towers Watson.

 

 

Décideurs. Le leadership peut-il s’enseigner??
A.?R. Pas au cours d’un stage ou dans une salle de cours, il s’enseigne par l’exemple. J’ai beaucoup appris de deux proches qui ont fait de Pernod Ricard ce qu’il est grâce à leur capacité à mobiliser?: mon grand-père Paul Ricard, le fondateur du groupe, puis mon oncle, Patrick Ricard, qui a transformé l’entreprise familiale en numéro deux mondial des vins et spiritueux. Vous trouverez encore d’anciens commerciaux qui vous raconteront l’énergie et la force de conviction que mon grand-père mettait dans chacune des batailles qu’il a livrées. Quant à mon oncle Patrick, il est allé à la rencontre de toutes les nouvelles équipes après avoir conduit de nombreuses grandes acquisitions de par le monde et les a fédérées grâce à son charisme.

 

 

Décideurs. Un leader est-il forcément 
un bon manager??

A.?R. Les deux sont indissociables. Ces deux notions font appel à un certain nombre de qualités, qui sont avant tout humaines. Nous avons défini de longue date un modèle de leadership pour nos managers. Il allie à la fois la vision stratégique, l’esprit d’entreprendre, qui est constitutif de notre identité, ou encore la capacité à faire vivre nos valeurs. Et la première d’entre elles c’est la notion de convivialité. Cela favorise les échanges, nourrit la créativité et accélère la prise de décision.

 


Décideurs. Quel est le bon usage de l’autorité et du pouvoir pour un leader??
A.?R. J’ai toujours été surpris de la confusion qui peut exister chez certains entre autorité et leadership. Il n’y a rien de plus néfaste que de considérer que celui que l’on écoutera sera celui qui aura parlé le plus fort. Être un leader, c’est bien au contraire libérer la parole, stimuler l’échange et le débat et ainsi permettre l’enrichissement mutuel. Cela n’est possible que dans un climat de confiance réciproque et de bienveillance, et donc rigoureusement incompatible avec toute forme d’autoritarisme. C’est là toute la différence entre imposer/décréter et inspirer/insuffler.

 

 

Décideurs. Quels sont les trois leaders qui vous inspirent le plus??
A.?R.
J’ai déjà parlé de Paul et Patrick Ricard pour qui j’ai une sincère admiration. Je citerais également Steve Jobs pour son esprit d’innovation. Sa capacité à réinventer son entreprise restera exemplaire, et sa vision a profondément bouleversé les codes. Autre source d’inspiration, Sheryl Sandberg. Elle nous prouve qu’il n’y a pas de plafond de verre pour celles et ceux qui ont des convictions, et son engagement pour la diversité a fait bouger les lignes. Enfin, je citerais Jeff Winner, le fondateur et P-DG de Linkedin. Il a su allier leadership et esprit d’entrepreneur pour faire de son réseau social l’un des plus influents au monde, et ce, tout en restant l’homme chaleureux et simple que j’ai la chance d’avoir rencontré.

 

Propos recueillis par Vincent Paes

 

© Photo : Eric Piermont-AFP

 

Cet article fait partie du dossier Leadership : l'art de gérer les paradoxes?

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