Alors que les acteurs de la legaltech ont durant longtemps fait cavalier seul, le temps d’unir leurs forces est venu. L’intérêt, au-delà de la mutualisation des équipes IT, commerciales et marketing : la création d’une plateforme unique réunissant des solutions inter-opérables pour chaque segment. Un projet qui pourrait un jour se concrétiser.

"Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin." Cet adage pourrait-il un jour prochain s’appliquer aux acteurs du marché de la legaltech ? Encore jeune, le secteur a vu fleurir rapidement de nombreuses start-up, desquelles il est parfois difficile de se démarquer, notamment lorsqu’elles se positionnent sur le même segment.

Collaborer entre compétiteurs

"Les partenariats entre legaltechs peuvent se révéler complexes et risqués, constate Loïc Le Goas, cofondateur et président de Legalvision. Mais lorsque cela fonctionne, il s’agit d’une vraie création de valeur pour les clients." Autrement dit, il est difficile pour ces jeunes entreprises technologiques de s’entendre et cela en raison du fait qu’elles sont en concurrence et de la fragilité du marché sur lequel elles agissent. Toute alliance est donc le résultat de la conjonction d’intérêts particulièrement bien mesurés et porteurs de sens. Ils sont encore pour le moment exceptionnels.

"La Silicon Valley n’est plus le centre du monde, l’Europe peut et doit jouer collectif"

En revanche, sans aller jusqu’au mariage, certaines start-up du droit ont choisi de s’allier au sein d’un même groupe créé il y a tout juste un an : LegalTech qui fait lui-même partie de France Digitale. Cette organisation rassemble des entreprises qui utilisent les nouvelles technologies pour proposer des solutions innovantes, intuitives et interopérables aux professionnels du droit et aux justiciables. Depuis sa création, elle a accueilli 10 nouvelles start-up et en compte au total 33, parmi lesquelles Call A Lawyer, DataLegalDrive, Doctrine, Gino LegalTech, Hyperlex, Jarvis, JuriPredis ou encore Lexbase pour n’en citer que quelques-unes. Son but ? Renforcer les échanges avec les pouvoirs publics en représentant le secteur de la legaltech et ses enjeux devant les autorités publiques, notamment en intervenant dans le cadre des débats portant sur le sujet ou encore en apportant des contributions adressées aux institutions européennes. "Ce groupement a pour but de réunir, mais également de fédérer différents acteurs, de créer une verticale, analyse Christophe Roquilly. Il s’agit d’une collaboration entre compétiteurs", ajoute-t-il. Mais jusqu’à quel degré est-il possible de coopérer entre concurrents ? Pour Marianne Tordeux, directrice des affaires publiques et européennes de France Digitale, tout dépend du degré de maturité des participants. "À l’instar de n’importe quelle entreprise, les acteurs de la legaltech ont besoin de se financer, de développer leur clientèle et de répondre à des commandes publiques. Créer du business entre elles leur permettrait de percevoir leur complémentarité, surtout lorsqu’elles proposent des outils similaires." Et de déclarer que leur concentration pour un même segment leur permettrait de survivre à une crise ou de favoriser les levées de fonds.

Un terrain européen favorable

Le professeur en droit des nouvelles technologies à l’Edhec et chercheur à l’université de Bruxelles Gianclaudio ­Malgieri salue de son côté les initiatives lancées sur le plan européen, comme celle de la start-up monégasque Smart Global Privacy qui a créé, en partenariat avec l’Union européenne, un outil de détection automatisée de non-conformité au RGPD adapté à l’ensemble des pays européens. Récemment, Hyperlex s’associait à Hellosign pour lancer son offre ISV en Europe et ajouter 21 langues supplémentaires à son outil de traitement du cycle de vie du contrat. "En France, un effort commun pour déployer l’éthique dans les outils proposés est perceptible, observe le professeur. C’est une démarche que l’on n’a par exemple jamais vue en Italie ou en Belgique." Raison de plus pour la legaltech française de jouer ses cartes sur la scène européenne, sa force de frappe étant encore plus forte sous l’égide de France Digitale. "Un regroupement pourrait fonctionner, à condition qu’il soit correctement effectué et que les participants ne se marchent pas les uns sur les autres", relève Fabrizio Papa Techera, dirigeant de Lexbase. Et, en Europe, la voie est encore libre pour procéder à cette verticalisation, comme le constate Marianne Tordeux : "La Silicon Valley n’est plus le centre du monde, l’Europe peut et doit jouer collectif. Grâce à ses valeurs, la legaltech française est en mesure d’attirer les talents du monde entier." Un ressenti que partage également Clémence Arto, VP Legal chez Doctrine : "La présence des Gafa en Europe est minime. C’est le moment de soutenir le sort de la legaltech française et européenne, tant que le terrain n’est pas encore occupé."

Marine Calvo

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