Levier incontournable de performance pour les entreprises, l'immobilier prend également une part grandissante dans la stratégie des établissements d'enseignement supérieur. Pionnières, les grandes écoles entraînent timidement dans leur sillage les universités.

Après les grands groupes, place aux écoles ! Depuis quelques années, les établissements d'enseignement supérieur n'hésitent plus à se lancer dans des projets immobiliers n'ayant rien à envier aux sièges des grands groupes du CAC 40. Dernier exemple en date, l'EM Lyon, célèbre école de commerce rhodanienne, a dévoilé en mai dernier son futur campus, emboîtant le pas de Skema et Kedge, du quartier de Gerland, installé. Conçu par Philippe Chiambaretta et Altarea Cogedim sur un ancien site industriel de Nexans, en s'inspirant d'un énigmatique triptyque "hybridation-digitalisation-globalisation", le campus disposera de deux fois plus de surfaces pédagogiques que l'implantation actuelle et qui pourrait ainsi accueillir jusqu'à 10 000 étudiants. De quoi venir concurrencer l'attractivité des trois Parisiennes (HEC-ESCP-Essec) ? L'ambition a en tout cas un coût précis : 110 millions d'euros, entièrement financés par emprunt de l'école qui a vu le budget et les frais de scolarité bondir lors des dernières années. De son côté, Sciences Po a dévoilé, début 2018, son futur campus parisien de l'Artillerie, construit sur un ancien noviciat du XVIIe siècle. Également conçu par un starchitecte, Jean-Michel Wilmotte, et par un promoteur, Sogelym Dixence, le projet devrait se chiffrer à environ 190 millions d'euros et réunir plus de 10 000 étudiants et 200 chercheurs au cœur de Saint-Germain-des-Prés dès 2022, année du 150e anniversaire de l'institut d'études politiques parisien.

Timidement, l'université emboîte le pas

Côté universitaire, la loi relative aux libertés et responsabilités des universités, dite LRU, a ouvert aux établissements la possibilité de procéder à la dévolution de leur patrimoine immobilier dès 2011. En d'autres termes, trois universités pionnières, Clermont 1, Toulouse 1 et Poitiers, sont devenues propriétaires et donc gestionnaires de leur patrimoine immobilier. Pour la première fois, ces établissements ont donc dû procéder à une identification complète et méticuleuse d'un parc immobilier souvent vaste et hétérogène et se doter d'un Schéma pluriannuel de stratégie immobilière (SPSI), impliquant donc le recrutement et la formation d'un agent compétent. D'une simple ligne de coûts, l'immobilier est donc devenu un levier de performance pour ces établissements qui vont désormais pouvoir rationaliser, voire valoriser leur parc en adoptant une stratégie immobilière de long terme. Travaux d'économies d'énergie, destruction d'actifs obsolètes, location de locaux… les possibilités sont larges ! Au-delà du gain économique, les constructions restant malgré tout dépendantes des dotations étatiques, la dévolution va surtout permettre aux universités d'interagir avec leur territoire, afin de devenir des acteurs à part entière des politiques publiques en renforçant leurs relations avec les collectivités. Une deuxième vague de quatre universités (Aix-Marseille, Caen, Bordeaux et Tours) ont obtenu le feu vert gouvernemental en 2017, tandis qu'un nouveau cycle devrait être ouvert fin 2019.

Par Boris Beltran

Cette article est extrait du guide immobilier 2019 de Décideurs

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