Le président du directoire de la Banque Neuflize OBC fait le bilan de 2020 et explique pourquoi il aborde 2021 avec sérénité. Le business model de la filiale française d’ABN AMRO, banque du patrimoine privé et professionnel de l’entrepreneur, va être déployé plus largement en Europe. Laurent Garret recrute et est prêt à la croissance externe.

Décideurs. Quel bilan faites-vous de l'année 2020 ?

Laurent Garret. 2020 est une année complètement inédite. Le métier d’une banque, c’est de prendre du risque. Nous faisons tous des hypothèses sur les risques encourus, mais personne n’avait imaginé le scénario de 2020 avec une économie à l’arrêt pendant plus de trois mois. Les banques ont pourtant continué à servir et à accompagner leurs clients. Nous avons tous accepté de prendre du risque. Et il y en a ! La BPI assume 90 % du risque des crédits accordés aux entreprises qui ont demandé l’octroi d’un PGE, les 10 % restants sont portés par les banques.

Neuflize OBC a répondu favorablement à 95 % des demandes de crédit de ces entreprises. Nous n’avons dégagé aucune marge sur ce type d’opération qui ne rémunère pas notre risque, mais il est de notre devoir d’accompagner les entrepreneurs et les entreprises à faire face, et nous le referons si nécessaire en 2021.

De quoi êtes-vous le plus fier ?

De la forte dynamique engagée depuis maintenant trois ans. En 2020, plus que jamais, la mobilisation de nos équipes a été totale et la satisfaction de nos clients en témoigne. Nous sommes fiers de nos capacités d’adaptation, il a fallu mettre en place de nouvelles règles et adapter les processus internes rapidement. La dernière étude NPS (Net Promoting Score), qui évalue le degré de satisfaction des clients, montre que Neuflize OBC est en forte progression en 2020 dans la continuité positive des années précédentes. C’est une véritable reconnaissance surtout en temps de crise !

"Il est de notre devoir d’accompagner les entrepreneurs et les entreprises à faire face"

Le confinement a accéléré la digitalisation de l’économie. Qu’est-ce qui va rester après la crise ?

Dès le mois de mars, 99 % des équipes étaient en télétravail. Nous étions prêts pour digitaliser nos opérations. Le confinement a, par exemple, accéléré la mise en place de la signature électronique et nous a poussés à simplifier des process. À chaque fois que possible, nous maintiendrons ces procédures allégées. Nous sortons de cette année avec confiance : nos résultats sont bons et positifs.

Comment abordez-vous 2021 ?

Les six premiers mois risquent d’être chaotiques jusqu’au déploiement du vaccin en France. Mais nous saurons nous adapter. Neuflize OBC est très agile, nous n’avons pas d’inquiétudes majeures pour 2021. La banque est positionnée sur des secteurs pour la plupart résilients. Nous sommes très présents auprès des entrepreneurs de la santé, la tech, la finance, l’immobilier, le développement durable, et bien sûr le cinéma. Ces activités ont, en général, bien résisté et continuent à se développer fortement dans certains cas, notamment dans les domaines du développement durable et de la santé. Je reste positif dans ce monde incertain qui crée aussi des opportunités.

Nous rencontrons des entrepreneurs avec de nouvelles idées de business, des projets d’acquisition. Ils ont besoin de partager des expériences, de développer leurs réseaux. Nous voulons les accompagner dans cette démarche. C’est dans cet esprit qu’en mars dernier, nous avons lancé « Be entrepreneurs by Neuflize OBC », un club pour les faire se rencontrer et débattre de thèmes qui les touchent, comme par exemple : la présence de fonds de private equity dans leur capital ou l’entrepreneuriat féminin qui a encore trop peu accès aux fonds de capital développement.

Neuflize OBC se définit comme la banque de l’entreprise et de l’entrepreneur. Qu’est-ce que cela implique ?

Nous avons une vision à long terme et à 360 degrés pour aider l’entrepreneur à développer son patrimoine professionnel et personnel. Cela nécessite une confiance mutuelle entre l’entrepreneur et sa banque. Nous travaillons en partenariat et en confiance, et chacun tient ses engagements. Nous allons accélérer en 2021. Nous renforçons nos équipes avec le recrutement d’une vingtaine de personnes pour consolider notre présence, notamment, auprès des entrepreneurs de la finance, de la santé, du développement durable et de l’immobilier.

Comment le business model de Neuflize OBC s’insère-t-il dans ABN AMRO ?

Notre modèle d’accompagnement du patrimoine personnel et professionnel de l’entrepreneur fonctionne très bien. ABN AMRO a annoncé en décembre dernier qu’elle allait déployer cette stratégie en Europe, cela conforte notre modèle ! Notre appartenance à ABN AMRO, qui détient plus de 20 milliards d’euros de fonds propres, nous permet de participer à des opérations plus importantes que ce que nous permet notre seul bilan.ABN AMRO est un leader européen de la banque privée et veut se donner les moyens de se positionner en consolidateur, en France, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas.

"Le développement durable est une valeur essentielle pour Neuflize OBC, comme le montre notre raison d’être ˝Banking for better, for generations to come"

Envisagez-vous en France une acquisition en banque privée ?

Oui. Dans le contexte durable de taux bas les acteurs n’ayant pas atteint la taille critique de 10 à 12 milliards d’euros sous gestion peuvent être très pénalisés. Leurs revenus baissent et les coûts augmentent. Nous ferons une acquisition en France si celle-ci se présente et est pertinente, mais le marché est moins éclaté qu’ailleurs. Il faudra savoir être patient et poursuivre notre croissance organique.

Où en êtes-vous en matière de développement durable ?

C’est une valeur essentielle pour Neuflize OBC comme le montre notre raison d’être « Banking for better, for generations to come », qui s’appuie sur trois piliers réinventer l’expérience client, accompagner nos clients dans leur transition vers un avenir durable, et bâtir une banque solide pour le futur. Nous avons un à deux ans d’avance dans ce domaine par rapport à nos concurrents en France. Cela compte pour nos clients, et notamment les jeunes entrepreneurs. Cette avance, nous la devons à notre actionnaire, ABN AMRO, qui a depuis longtemps bâti des expertises d’analyse et de gestion responsables.

Nous proposons des fonds à impact, qui permettent à l’investisseur de mesurer immédiatement l’impact environnemental ou sociétal d’un investissement. Nous avons des mandats de gestion ISR en France depuis douze ans. Depuis juillet 2020, les nouveaux mandats de gestion que nous proposons sont exclusivement ISR par conviction. ABN AMRO gère 180 milliards d’euros, dont 22 milliards en ISR. L’objectif est d’atteindre 50 milliards en gestion ISR et 5 milliards d’euros de fonds à impact à horizon 2025.

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