Laurent Garret, CEO de la banque Neuflize OBC, revient pour Décideurs sur la consolidation du marché de la banque privée et sur les particularités de sa structure.

Décideurs. Quels chantiers vont vous occuper jusqu’à la fin de l’année ?

Laurent Garret. Le chantier réglementaire est important car nous finalisons la remédiation des dossiers clients. Il s’agit d’un processus engagé sur trois ans et qui arrivera à son terme en fin d’année. Nous achevons la digitalisation de notre service client, avec notamment la mise en place d’une application mobile qui va permettre d’effectuer des opérations sécurisées directement en ligne. La digitalisation interne est également au programme avec un changement en profondeur de nos process, dans un objectif de simplification et de gain de temps. L’évolution de la réglementation a entraîné l’apparition d’un mille-feuilles de procédure que nous allons simplifier. Évidemment, notre objectif principal est d’accroître l’activité, dans un contexte de taux bas à long terme. Nos marges se maintiennent même si l’environnement est compliqué et nous sommes, comme nos confrères, dans l’obligation de trouver des relais de croissance. Le business model de NOBC est atypique, nous accompagnons les entrepreneurs dans la gestion de leur patrimoine professionnel et personnel. Notre activité de crédit auprès des entreprises est un moteur fort de notre croissance. Elle représente 45 % de nos revenus et nous permet d’être résilients quand les marchés sont difficiles.

« Notre moteur crédit nous permet d’être résilients »

Comment percevez-vous le marché de la banque privée ?

Les actifs potentiels que nous pouvons capter sont en progression et tout l’enjeu est de les transformer en croissance au sein des banques privées. Les coûts augmentent, avec des besoins de recrutement en matière de compliance, sur la partie KYC (know your customer) et en contrôle pour répondre aux exigences de la réglementation. Il est donc compliqué de capter ce marché malgré sa bonne forme et nous devons être créatifs pour contrer ce phénomène. C’est ce qui nous a poussé, par exemple, à avoir une attention particulière envers les millenials, cette nouvelle génération de créateurs d’entreprise née après 2000 qui n’a pas du tout les mêmes codes ni les mêmes attentes que les générations précédentes. Ceux qui ont réussi ont fait fortune très tôt et très vite et ne sont pas forcément préparés à la gestion de leur patrimoine. De même, ils ont une volonté très forte d’engagement dans la société et veulent avoir un impact sur le monde qui les entoure. Une banque privée comme la nôtre doit répondre à ces nouvelles demandes.

Quels outils utilisez-vous pour naviguer dans cet environnement en pleine évolution ?

La diversification de notre offre est primordiale. Nous sommes présents sur tout le spectre bancaire, depuis l’activité de crédit bancaire classique pour aider au développement des entreprises à celle de gestion du patrimoine. Dans ce domaine, nous avons évidemment une activité de gestion d’épargne sur les marchés mais avons aussi des offres plus spécifiques puisque nous sommes capables de proposer des placements en matière d’art et d’immobilier, entre autres, ce qui est très différenciant. Sans oublier l’activité philanthropique à laquelle nous croyons beaucoup, justement parce qu’elle est en phase avec les attentes des millenials. Nous avons également développé un family office ce qui nous permet de proposer un large panel d’offres, et qui répond aux attentes de certains clients les plus fortunés dans la gestion et l’organisation de leur patrimoine. Enfin, nous avons un objectif de montée en gamme pour proposer tous ces services à une clientèle qui en aurait besoin, avec une approche basée sur le sur-mesure complet. Pour mettre en place ce dernier point, nous avons des équipes composées de banquiers polyvalents qui ne font plus simplement de la gestion mais bien plus que cela. Nous adoptons finalement un positionnement unique, dont le family office est partie intégrante, composé de toutes les gammes d’expertise allant de l’ingénierie patrimoniale au crédit.

Propos recueillis par Yacine Kadri

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