Le coronavirus aura fait beaucoup pour la notoriété de l’événementiel. Pas un discours du Président de la République ou du Ministre de l’Economie n’oublie de rappeler que le secteur souffre et va souffrir beaucoup. Et c’est tous les jours que les clients, les amis, la famille prennent de nos nouvelles avec la voix compatissante qu’on a en s’adressant aux grands malades.

Il aura donc fallu une crise inédite pour se rendre compte que les métiers de l’événementiel cumulent 335 000 salariés et que ce sont, depuis le début de l’épidémie, 15 milliards d'euros de retombées économiques qui se sont perdues.

L’allié incontournable du tourisme, de la culture, des régions

Le gouvernement a rapidement compris (nos organisations professionnelles y sont pour beaucoup) la gravité de la situation et les conséquences désastreuses qu’aurait la disparation pure et simple de notre filière située aux confins de plusieurs univers qui se nourrissent mutuellement.

Qui d’autre que l’événementiel remplit les hôtels et les avions hors week-end et périodes de vacances ? Qui embauche des intermittents du spectacle entre deux festivals ? Qui génère un "business" régulier aux prestataires techniques ? Qui loue des musées publics en soirée et des théâtres en journée ? Qui anime hors saison Cannes, Bordeaux, Chamonix ou La Baule avec ses congrès ou conventions 

L’événementiel est devenu en quelques décennies un secteur essentiel qui participe au financement et à la vitalité de ce dont nous avons tous viscéralement besoin.

L’événementiel, réparateur du lien social mis à mal par la situation

L’événementiel est donc essentiel et nécessaire par sa mission de générateur de lien social qui aide à la bonne marche des entreprises, qui pour mémoire, produisent la richesse dont les États ont grand besoin. Et ce besoin de générer du lien social dans l’entreprise ne va pas cesser avec le coronavirus et le confinement, bien au contraire.

Plus le confinement dure, plus le monde de l’entreprise se rend compte que personne ne peut et ne veut être durablement enfermé chez soi, sans collègue, sans supérieur, sans encadrement, sans perspective, sans sourire, sans enthousiasme.

Plus la distanciation, mot obligatoire en temps de coronavirus mais socialement inquiétant, va s’installer dans l’entreprise, plus il va falloir rassurer, motiver, rapprocher, emporter les salariés dans les prochains mois ; et donc organiser des événements.

Faire (de l’événementiel) même quand c’est plus facile de ne pas faire

Mais si le besoin et l’envie seront là très vite, il ne sera pas possible de planifier des évènements avant la rentrée. L’événementiel, le vrai pas le virtuel, c’est déplacer des gens pour les regrouper ensemble en un point, à un moment précis pour vivre la même émotion. Il suffit de jeter un bref coup d’œil sur n’importe quel journal télévisé pour comprendre que l’épidémie de Covid-19 a fait diminué les déplacements autant que le chiffre d’affaires des entreprises. L’avenir de notre métier passe donc par la résolution d’une équation compliquée pour nos clients : avoir besoin de faire (des événements) alors que tout est fait pour ne pas en faire…

Chacun peut prendre sa part pour aider les entreprises à "faire"

Les pouvoirs publics, en énonçant des règles simples, claires et précises  comme la distribution de masques et de gel, la prise de température, l’affichage des gestes barrières… Ils peuvent également inciter "à faire",  par exemple en rendant les investissements de communication éligibles au Crédit Impôt Recherche. 

Les grands opérateurs (groupes hôteliers, compagnies aériennes, foncières…) en oubliant pour un temps le sacro-saint "yield management" et en adaptant leur offre au contexte peuvent aussi apporter leur pierre à l’édifice. Sans oublier les donneurs d’ordres qui peuvent, de leur côté, simplifier les procédures administratives (qui ont démontré leur perversité) et en décider vite et bien sans passer systématiquement par les coûteux et sclérosants appels d’offres. Enfin, les agences évidemment en se donnant plus que jamais pour que les événements se fassent au meilleur rapport qualité-prix-efficacité-pertinence-plaisir ont aussi un rôle à jouer.

Netflix peut, en théorie, remplacer définitivement le cinéma, Amazon les commerçants du quartier, les Gafa les PME, Spotify les concerts, Uber eats la brasserie du coin de la rue ; Zoom ou Microsoft Teams l’événementiel. Le "nouveau monde" tant glorifié par certains peut effectivement remplacer "l’ancien monde", il faut juste savoir si c’est vraiment ce que tout le monde souhaite et si c’est bien pour le bénéfice de tous.

Pour ma part, je me battrais pour que le « nouveau monde » soit une version "mise à jour" de l’ancien où l’on garde le bon (et il y en a) et où l’on travaille sur les bugs à améliorer. Pas de Grand Soir, juste un Jour Nouveau !

Par Lionel Roques, PDG de la Franco American Image

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