Si les critères ESG ont longtemps été un serpent de mer dans le monde du capital-investissement, le sujet de l’investissement responsable et du développement durable y prend une place de plus en plus importante depuis quelques années. Les LPs ont largement contribué à leur prise en compte et l’écosystème des conseils s’est depuis structuré pour accompagner les sociétés de gestion et leurs participations. Plus qu’une simple lubie, c’est bien d’une prise de conscience collective qu’il s’agit désormais.

Tout d’abord matérialisé par la signature massive des PRI (Principles for Responsible Investment) et par les sociétés de gestion, ce qui n’était, en principe, qu’une déclaration de bonne volonté s’est avéré devenir au fil du temps un processus organisé, professionnel. Mieux encore, l’avènement des fonds dits à "impact" entérine aujourd’hui l’intérêt économique du phénomène, et ce, d’autant plus quand la crise sanitaire pourrait ouvrir la voie d’un "new (ESG) deal".

C’est ainsi que la pandémie s’avère l’élément perturbateur nécessaire autour duquel s’articule un véritable changement dans l’histoire de l’ESG appliqué au capital-investissement. Déjà, en 2018, d’après une étude de Natixis Investment Managers, de nouvelles tendances se dégageaient : 61 % des investisseurs institutionnels déclaraient appliquer une stratégie ESG. Désormais, ils sont plus de 72 % impliqués dans cette démarche et près de 75 % d’entre eux affirment tenir compte des facteurs ESG lors de leurs prises de participation. Un chiffre confirmé par le dernier baromètre publié par Coller Capital dans lequel les trois-quarts des LPs estiment être influencés dans leurs allocations par le changement climatique et les problématiques de santé.

L’émergence d’un écosystème

Pour accompagner les investisseurs, des conseils tels qu’Indefi, PwC ou encore KPMG sont aux premières loges dès qu’il s’agit d’accompagner les réflexions autour de nouvelles stratégies ou de mettre en place des systèmes de reporting. Un écosystème indispensable quand de nombreux investisseurs peinaient à trouver l’angle ou l’intérêt réel de ces démarches. Rares sont désormais les sociétés de gestion à ne pas développer de reporting ESG au sein de leurs cibles, voire à ne pas prendre en compte ces critères au moment d’investir afin de s’assurer de la concordance de la stratégie ESG de l’entreprise avec leurs valeurs. À l’avenir, les valorisations des participations seront à leur tour forcément influencées par ces critères. Le marché boursier l’est déjà et près de 63 % des conseillers financiers estiment que ces stratégies peuvent permettre d’améliorer la performance. A contrario, leur absence pourrait se traduire par une croissance ralentie, voire entravée, renvoyant une image dégradée de la société

Ampleur inédite de l’ESG au sein du capital-investissement

La dynamique n’est pas près de ralentir. La dernière étude de PwC (Private Equity Responsible Investment 2021) relève que 56 % des sociétés de capital-investissement déclarent que l’ESG est désormais abordé plus d’une fois par an en conseil d’administration contre 35% en 2019; que 66 % des personnes interrogées ont classé la création de valeur comme l’un des trois principaux moteurs de l’investissement responsable ; que plus de la moitié (56 %) ont déjà refusé un investissement potentiel ou refusé de conclure un accord pour incohérence avec leurs critères ESG ; que l’immense majorité (91 %) est préoccupée par le risque climatique et que plus de la moitié d’entre eux a entrepris un travail en la matière.

Au-delà des mots, c’est bien la concrétisation de cette volonté qui importe. Des carried interest, des managements packages, des spreads de financement liés à la performance ESG : autant d’actes forts amenés à faire tache d’huile à l’avenir. Et ce, sans doute plus vite que prévu.

David Glaser

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