Manuel et Antoine Perruchot, fratrie de serial entrepreneurs, ne cessent de disrupter le secteur du recrutement. Leur dernier-né ? Keycoopt, qui vise à développer la cooptation. Zoom sur cette nouvelle méthode de recherche de candidats.

Décideurs. Le marché est-il assez mature pour utiliser la cooptation ?

Antoine Perruchot. Bien sûr ! Il y a dix ans, les recommandations se faisaient par un tiers de confiance, comme le Guide Michelin pour les restaurants. Aujourd’hui, tout le monde est ambassadeur à titre individuel et personnel (dans les produits, les services...), et cela se vérifie aussi dans le recrutement. Alors pourquoi ne pas l’appliquer aux entreprises ? Ces dernières prennent du temps et recrutent de manière coûteuse leurs futurs collaborateurs, alors qu’entre confrères, tout le monde se connaît. Je me suis donc inspiré de mon expérience de recruteur : le premier réflexe est toujours de faire appel à son réseau pour approcher les meilleurs talents. Keycoopt n’a donc rien inventé. Le système ne fait qu’organiser ce qui existe depuis toujours à l’échelle artisanale. Il digitalise et optimise les méthodes de recrutement traditionnelles, comme l’affiche à la porte d’entrée des boutiques.

Manuel Perruchot. Nous nous comparons souvent à Blablacar car nous mutualisons et diffusons une information existante, mais aussi à Uber car nous simplifions la façon d’aller chercher le service.

 

 

Décideurs. Quels sont les freins qui font que les process de cooptation manquent de fluidité en entreprise ? 

M. P. Les premières limites sont culturelles et propres à la France. En Chine ou en Inde, la cooptation peut représenter jusqu’à 60 % des recrutements. Étonnamment, les réticences viennent ici aussi des entreprises et du nouveau fonctionnement qu’implique la mise en place d’un système de cooptation. La digitalisation des outils est encore difficile, la conduite du changement fait peur… Heureusement, la recherche de talents et la fidélisation des collaborateurs sont devenues une priorité au regard du contexte actuel, et le service ressources humaines prend une place stratégique dans l’entreprise. On le sait, l’adhésion de la direction est primordiale pour que le process fonctionne.

A. P. Côté collaborateurs, tous les feux sont au vert. Ils auront besoin d’un temps d’adaptation, évidemment, mais quant à la question de l’utilisation d’un tel service, il faut garder en tête qu’ils n’ont pas attendu leur employeur pour utiliser Internet et Facebook. La direction devra aussi faire preuve de pédagogie : expliquer les intêrets de la recommandation et le rôle des collaborateurs. Les salariés coopteurs sont les premiers à s’engager sur les compétences du candidat qu’ils proposent et à écrire un avis étayé sur ce dernier. La cooptation est donc une promesse aussi bien pour celui qui la fait que pour celui qui la reçoit. Il suffit que l’entreprise suive le mouvement…

M. P. C’est d’ailleurs une incroyable opportunité pour rattraper ce retard dans nos pratiques et anticiper les prochaines évolutions. Avant, l’innovation allait de l’entreprise aux salariés, avec l’accès aux premiers téléphones portables par exemple. Maintenant, les personnes physiques ont pris de l’avance.

 

 

Décideurs. Face à d'autres outils de recrutement, quels sont les intérêts de la cooptation ? 

M. P. Ce système développe naturellement une marque employeur moderne et digitale : les collaborateurs diffusent les annonces sur les réseaux et parlent au nom de leur employeur. Pour l’entreprise et sa politique de fidélisation, la cooptation est un formidable outil. C’est un moyen de dire « je te fais confiance » avant  de recourir à des ressources externes. Les salariés deviennent des ambassadeurs de l’entreprise. Plus d’humain mais aussi plus d’efficacité : un candidat recommandé reste trois fois plus longtemps à son poste.

A. P. Le retour sur investissement ne manque pas. Dans les 1 600 entreprises américaines les plus performantes, 46 % des recrutements ont été faits par cooptation. Plutôt que de passer par des filtres quantitatifs, la recommandation permet un ciblage qualitatif.

 

 

Décideurs. Quel avenir pour la cooptation et pour Keycoopt ? 

A. P. Je rêve que les entreprises recrutent 50 % de leurs salariés par cooptation…

M. P. … et cela va dans le sens de l’histoire. Les directions commencent à organiser leurs systèmes de cooptation et certaines ne comptent pas seulement sur leurs collaborateurs. L’écosystème entier y est intégré : les clients, les étudiants, les stagiaires, les fournisseurs… Par exemple, un magasin de sport, qui recherche, par définition, des employés sportifs, a tout intérêt à mettre ses clients à contribution pour profiter d’un réseau à la fois élargi et ciblé.

 

V. L.

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