Spécialisé dans les logiciels depuis la fin des années 1970, Oracle a adapté son offre pour suivre les mutations technologiques et répondre aux nouveaux besoins de ses clients. La révolution du cloud emporte cette fois-ci utilisateurs et fournisseurs de solutions traditionnelles. Karim Zein, VP technology d’Oracle France, nous décrit le nouveau paradigme dans lequel évolue son groupe.

Décideurs. Quels sont aujourd’hui les principaux piliers de votre activité en France ?

Karim Zein. Oracle, dont l’ADN est la data, est devenu un très grand acteur du cloud. Nous couvrons ainsi toute la chaîne de valeurs : SaaS (software as a service), PaaS (platform as a service) et IaaS (infrastructure as a service) [NDLR : respectivement l’interface aux applications de l’entreprise, les bases de données et les infrastructures dématérialisées]. Cette offre globale nous permet d’accélérer de manière radicale la transformation digitale de nos clients, à travers trois piliers essentiels. Tout d’abord, l’innovation rapide sur les processus métiers, grâce à une suite d’applications SaaS dans le domaine des ventes, du marketing, de la finance et des ressources humaines pour laquelle les analystes du Gartner nous nomment leader dans plus de seize catégories applicatives. Le deuxième pilier est la plateforme cloud « PaaS » destinée au développement de nouveaux services à l’échelle industrielle. Leader reconnu dans la data, nous offrons un bouquet de services cloud étendu, par exemple : container, machine learning, blockchain, internet des objets (IoT) ou technologies open source. Le troisième pilier, ce sont nos services conseils et customer success dont la méthodologie permet la réussite des projets de transformation cloud en un temps record.

La transformation digitale des entreprises est une tendance de fond. Quels gains de productivité concrets promettez-vous avec vos solutions dans ce contexte ?

C’est vrai, la transformation est un passage obligé pour toutes les entreprises, pour tous les secteurs d’activité. Cette mutation peut inspirer la crainte, mais je pense bien au contraire qu’elle constitue une opportunité formidable pour les entreprises. Notre plus-value dans ce contexte peut être décrite à travers quelques exemples. Le groupe La Poste, qui fait face à l’érosion de son métier historique de distribution de courriers, doit se réinventer. En utilisant les solutions de big data et d’intelligence artificielle d’Oracle, les tournées des facteurs sont optimisées et de nouveaux services ont pu être lancés, tels que « Veiller sur mes proches ». Dans le cadre de la mise en œuvre de son ERP, Orange a largement gagné en efficacité avec une solution cloud moderne, un back office plus efficace et une fonction finance orientée vers l’analyse et le pilotage. Enfin, le groupe Covea, leader de l’assurance peut massivement simplifier et réduire les couts d’exploitation de ses data center grâce à nos solutions Cloud@Customer, du cloud public Oracle installé chez le client.

« Nous couvrons toute la chaîne de valeurs du cloud, des applications aux infrastructures »

Quelle typologie de clients est la plus à même de tirer votre croissance dans les prochaines années ?

Avec son offre cloud, Oracle a fait sauter beaucoup de barrières. Nos clients n’ont plus l’obligation d’avoir en interne des experts en infrastructure informatique. N’importe quelle société, depuis la PME-PMI jusqu’au grand groupe, peut désormais s’équiper de solutions technologiques de pointe pour son développement. Nos modèles commerciaux sont innovants et permettent notamment d’intégrer des variables aux coûts de souscription en fonction du rythme de déploiement du projet.

Quelle est la méthode d’Oracle pour accompagner ses clients dans ces grands chantiers ?

Nous rassemblons les équipes métiers et informatiques de nos clients sur des sujets à fort potentiel, en méthode agile et en favorisant le prototypage immédiat. À l’image d’une agence digitale, nous co-innovons avec nos clients. Mais grâce à notre plateforme cloud, nous sommes en capacité de provisionner immédiatement un nouveau service, de l’arrêter aussitôt ou à l’inverse de le passer en production à grande échelle avec toutes les exigences de performance et de sécurité. Notre méthode consiste enfin à développer des solutions professionnelles avec de solides connaissances des processus métiers, des industries ainsi que des architectes capables d’élaborer des trajectoires cloud adaptées aux ambitions de nos clients.

Quels sont les postes prioritaires d’investissements pour la R&D du groupe ?

C’est une question délicate car nos projets futurs sont confidentiels mais je vais citer trois thèmes qui retiennent l’attention de nos chercheurs. D’abord, nous sommes convaincus que les applications intelligentes, qui intègrent nativement le machine learning et l’IA, vont beaucoup apporter aux métiers. Des avancées technologiques comme la réalité virtuelle vont transformer les interfaces hommes/machines. Enfin, la technologie « autonomous » qui vient d’être lancée sur la base de donnée va être étendue sur de nouveaux services.  Ce qui rend cette technologie si particulière, c'est qu'elle ne nécessite quasiment pas d'intervention humaine. Elle est capable de s'autogérer, de s'auto-sécuriser et de se corriger de façon autonome, sans le moindre temps mort. 

Chiffres clés :

- 430 000 clients : le nombre de clients d’Oracle dans plus de 175 pays dans le monde

- 37,7 milliards de dollars : le chiffre d’affaires global d’Oracle en 2017

L’accélérateur de start-up d’Oracle a-t-il aussi pour mission de catalyser l’innovation du groupe ?

La collaboration avec l’univers des start-up prend une dimension particulière en France. Cette opération, dénuée de toute prise de participation financière, est aussi fructueuse pour les jeunes pousses que pour notre groupe. En étant très sélectifs dans nos recherches, nous misons sur des partenariats aboutis et concrets. Les start-up bénéficient ainsi de nos expertises techniques et sectorielles, mais aussi de notre réseau d’affaires pour se développer. L’une des start-up françaises accompagnées en 2017 dans le cadre de notre programme Oracle Start-up Cloud Accelerator vient ainsi d’annoncer avoir levé 3,5 millions d’euros pour son développement européen. Pour sa part, Oracle enrichit sa plateforme grâce à ces sociétés innovantes en proposant des outils complémentaires. En nous inspirant de l’énergie et de la démarche entrepreneuriale de ces start-up, nous encourageons aussi en interne l’émergence de nouvelles idées.

Quels sont aujourd’hui les objectifs de votre groupe dans le cloud ?

Notre objectif est de nous imposer comme le partenaire cloud de référence pour les entreprises. Concernant le SaaS et le PaaS, le leadership mondial est à notre portée. Des différenciants clairs nous permettent de nourrir de telles ambitions. Notre avance dans l’ERP cloud est ainsi décisive à l’heure où les entreprises mesurent les limites des ERP actuels, installés il y a dix ou quinze ans. Par ailleurs, notre cloud est compatible avec les exigences de sécurité et de disponibilité des industriels européens. Le cloud public d’Oracle peut même être opéré au sein des data centers de nos clients afin de donner toutes les assurances possibles en matière de souveraineté des données, un élément fondamental pour les opérateurs d’importance vitale (OIV), par exemple. Enfin, le lancement de la première base de données autonome au monde représente un avantage unique dans le cloud computing.

Comment votre expérience d’éditeurs de logiciel peut-elle vous aider à atteindre ces objectifs ?

Nos solutions software sont largement déployées, la plupart des entreprises dans le monde utilisent Oracle pour la gestion de leurs infrastructures, opérations et enjeux les plus critiques. C’est un immense atout mais pour devenir un cloud provider, nous avons repensé tous nos processus, comme la R&D, les opérations, le modèle de vente ou l’organisation « customer success ». Aussi, le capital confiance dont nous disposons auprès de nos clients est précieux pour construire avec eux les infrastructures et les applications nécessaires à leur croissance.

Propos recueillis par Thomas Bastin (@ThBastin)

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