Jérôme Lecat est un entrepreneur français. Il a fondé Scality dont le siège se situe à San Francisco, à proximité de la Silicon Valley. L’élection de Donald Trump l’incite à la vigilance. Interview.

Décideurs. L'élection de Donald Trump à la tête des USA vous inquiète-t-elle pour le développement de votre entreprise ? 

Jérôme Lecat. Il faut tout d’abord replacer le contexte. J’ai lu dans des médias français que son élection n’était pas une surprise. C’est n’importe quoi ! Tout cela a basculé en quelques heures. C’est un moment grave. Donald Trump a été un candidat élu sans programme. Il cultive une vulgarité rare dans le monde politique. Ses valeurs sont loin des Lumières et de l’humanisme que nous connaissons en France. Et nous ne savons rien de ce qu’il va faire. Durant la campagne, il a dit tout et son contraire. Il affirme être pro business, mais de quel business ? On ne se rend pas compte en France de la taille des États-Unis et de la diversité de l’économie américaine. Beaucoup d’entreprises de la Silicon Valley sont très profitables et, réunies, elles génèrent des milliards de dollars de chiffre d’affaires… mais c’est loin d’être le cas partout dans le pays. Les activités sont très variées entre l’industrie, le pétrole, les petits commerces… Encore une fois, quand il dit qu’il est pro business, ça veut dire quoi ? Le monde high tech de la Silicon Valley a constamment besoin de faire son lobbying à Washington. Et ce n’est pas du tout sûr qu’il soit réceptif à nos demandes demain.

Pour revenir sur le développement de mon entreprise, ce n’est pas le moment de paniquer. Mais je reste vigilant. Mon point d’attention, c’est si les marchés financiers dévissaient et que les grands industriels prenaient peur. Scality commercialise son savoir-faire auprès des grandes entreprises, notamment les banques. Si Donald Trump déstabilise ces acteurs-là, c’est cela qui perturbera mon entreprise.

 

 

Son élection serait-elle, selon vous, susceptible de remettre en cause l'installation d'entrepreneurs français et le développement de leur projet outre-Atlantique ? 

Je ne pense pas que cela ait d’impact. Hormis pour ceux qui n’avaient pas encore perçu l’écart culturel entre la France et les États-Unis, c’est simplement un rappel. Donald Trump s’est engagé à réduire le nombre de visas, mais je pense que cela ne concernera pas les Français installés ici. Je ne vois pas pourquoi, d’ailleurs, il réduirait le nombre de visas investisseurs. Ils apportent des fonds, des emplois, des qualifications, de la croissance… Cela irait à contre-sens de ce qu’il désire.

 

Propos recueillis par Mathieu Marcinkiewicz

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