En première ligne durant la crise sanitaire au point de s’imposer en figure de la lutte contre le virus, Jean Rottner l’est également depuis que, partout, on parle de construire le monde d’après. Ce monde que le président de la région Grand Est voit plus agile, plus décentralisé et, surtout, plus collectif.

En première ligne durant la crise sanitaire au point de s’imposer en figure de la lutte contre le virus, Jean Rottner l’est également depuis que, partout, on parle de construire le monde d’après. Ce monde que le président de la région Grand Est voit plus agile, plus décentralisé et, surtout, plus collectif.

Depuis le début de la crise sanitaire, il fait feu de tout bois. Alertant, questionnant, informant, mais aussi multipliant les initiatives pour protéger les habitants de sa région qui, avec 5 500 morts du virus à la fin du confinement, comptera parmi les plus durement touchées par la pandémie, Jean Rottner, président de la région Grand Est jusqu’alors peu connu du public et des médias, s’impose rapidement en véritable figure de la lutte contre la pandémie. Conscient que sa région gardera des "stigmates" de cet épisode meurtrier, il évoque pourtant avec confiance ce monde de l’après-Covid qui, selon lui, reste en devenir. "Pour moi il n’y a ni avant ni après. Il y a un pendant, estime-t-il. On est encore dans la crise." Cette crise dont, il en est convaincu, "le pays sortira plus fort, transformé dans ses façons de produire et de consommer comme dans ses relations aux autres".

La crise, vecteur de cohésion

Pour Jean Rottner, le Grand Est offre un bon exemple des évolutions en marche. Non seulement la pandémie y a suscité nombre d’initiatives innovantes mais elle y a aussi fait naître une réflexion collective "sur l’avenir économique de la région, sur les politiques publiques à déployer pour accompagner les transformations attendues par les citoyens, pour contribuer au plan de relance…", tout comme elle a agi en vecteur de cohésion et en accélérateur de construction identitaire.

"La crise s'est révélée comme un formidable accélérateur d'intelligence collective"

"La crise a renforcé le fait régional, elle nous a permis de créer une équipe de France de la région Grand Est, de renforcer l’unité et de resserrer les rangs, explique-t-il. Dans une région récente comme la nôtre, elle s’est révélée un formidable accélérateur d’intelligence collective et nous a permis d’établir une forme de diplomatie sanitaire avec la Suisse, l’Allemagne et le Luxembourg dans la continuité de la diplomatie économique qui existait déjà entre nous. Désormais, on gère la post-crise ensemble, dans un pacte d’assistance mutuelle, ce qui est bien entendu extrêmement positif."

Repenser l’organisation du territoire

Pour Jean Rottner, aucun doute, l’état d’urgence né de la pandémie a bien suscité une prise de conscience des changements qui s’imposaient. Reste désormais à faire en sorte que celle-ci persiste, "or on se rend compte que les anciennes pratiques reviennent très vite", s’inquiète celui pour qui le monde d’après n’émergera qu’à condition de repenser l’organisation du territoire. "Une vraie transformation doit s’opérer à travers la décentralisation, affirme-t-il. On doit inventer de nouveaux modes de fonctionnement, de nouvelles solidarités… L'attente sociale dans ce domaine est considérable et appelle à une responsabilisation des acteurs de terrain. On a besoin d’une France agile, intelligente, qui collabore à tous les échelons de son organisation pour répondre aux défis de demain." Celui de l’écologie, bien sûr, du numérique, mais aussi de l’humain et de son bien-être.

Jouer collectif

Pour voir émerger ce monde, plus respectueux de la planète et de ses habitants, plus connecté et plus solidaire, Jean Rottner le répète : "Il faut s’appuyer sur les collectivités, embarquer les territoires dans une dynamique commune, jouer collectif !" Pour le président de la région Grand Est, bien décidé à mettre à profit la visibilité nouvellement acquise pour capitaliser sur les atouts économiques et géographiques de son territoire, "il faut une volonté partagée et une capacité à faire un pas de côté pour faire autrement. Coopérer avec les métropoles comme avec les territoires ruraux, avec les collectivités et l’État, capitaliser sur nos pépites et, surtout, faire jouer l’intelligence collective." Cet accélérateur de changement qui, rappelle-t-il, a si bien démontré son efficacité durant la crise.

Caroline Castets

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