Alors que s’ouvre la 20ᵉ édition des Rencontres économiques d’Aix, rebaptisées cette année Aix-en-Seine et, ambiance post-confinement oblige, organisées sous format virtuel, leur organisateur en chef, Jean-Hervé Lorenzi, revient sur leur ambition : permettre à quelques 350 intervenants de haut vol (politiques, économistes, dirigeants d’entreprises et de syndicats, sociologues et philosophes...) de penser la relance et ses modalités.

Décideurs. Vous avez baptisé cette édition des Rencontres économiques "Agir face aux dérèglements du monde, on va s’en sortir !", vous êtes donc optimiste quant à notre capacité à nous relever de la crise ?

Jean-Hervé Lorenzi. Bien sûr, même si la situation actuelle est d’une complexité inédite et la part d’inconnu considérable. En réalité, personne, pas plus du côté des économistes que des politiques, ne sait ce qui va se passer. Toute la question est là : après la crise sanitaire, comment sortir de la crise économique ? Or on n’est pas encore assuré d’en être définitivement sorti.

Quoi qu’il en soit vous ne croyez pas au scénario d’une reprise en V ?

Non, absolument pas. La reprise en V, censée être très rapide, j’appelle ça "la croissance vaudou"… Certains veulent y croire mais ça n’a pas de sens. Il faut connaître l’histoire des crises pour comprendre que les relances sont des processus très longs. L’activité s’est totalement arrêtée pendant des mois, la relance ne peut pas être instantanée.

Certains signaux donnaient pourtant à penser qu’on se rapprochait du niveau d’avant-crise, est-ce un leurre ?

Aucun économiste sérieux ne peut y croire. Le fait que l’on constate une reprise d’activité ne signifie pas qu’on soit revenu au niveau de l’avant-crise. Nous vivons la plus grande crise que le monde ait connu depuis un siècle. L’impact est considérable et on est loin d’en avoir pris toute la mesure : le pays va compter 1,5 million de chômeurs supplémentaires – et ce serait le double sans chômage partiel –, le PIB va chuter de 15 % au 2ᵉ trimestre 2020 et sans doute de 11 % sur l’ensemble de l’année… Dans ce contexte il faudra deux ans pour revenir au niveau d’activité de 2019.  

Qu’attendez-vous de cette édition un peu spéciale des Rencontres économiques ?

Le politique a un rôle fondamental à jouer dans cette relance et les Rencontres vont y prendre part en formulant des préconisations. Notre ambition est de proposer une feuille de route au gouvernement mais, aussi et surtout, de lancer le débat afin de nous placer dans une logique d’acceptation du plan de relance. Il faut absolument faire débattre les Français sur la manière dont l’économie doit redémarrer, c’est essentiel.  

Quels sont les principaux enjeux de cette relance selon vous ?

La jeunesse est pour nous un sujet majeur. Le fait que le pays ne soit pas prêt, aujourd’hui, à intégrer sur le marché du travail 500 ou 600 000 jeunes relève pour nous de l’urgence absolue. La relocalisation de l’activité et la prise en compte du long terme constituent d’autres enjeux décisifs.  Nous allons débattre de tout cela pendant ces trois jours dont l’idée est de susciter le premier débat français post-crise. C’est un temps fort : les gens veulent donner leur opinion sur comment on va s’en sortir et les Rencontres leur en offrent la possibilité.

Propos recueillis par Caroline Castets

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