Le 1er décembre, le président de la Commission européenne laissera son poste à Ursula von der Leyen. Dans un entretien accordé au Monde, il revient sur ses années passées à la tête de l’exécutif de l’UE.

C’est souvent le cas, lorsqu’un dirigeant politique s’apprête à quitter le pouvoir : il met de côté la langue de bois. Jean-Claude Juncker n’échappe pas à la règle. Le président de la Commission européenne, qui quittera son poste le 1er décembre, s’est longuement confié au Monde le vendredi 15 novembre.

Un rassemblement d’États nations

Dans cet entretien, l’ancien premier ministre luxembourgeois propose une refonte des institutions européennes avec, notamment, la fusion des fonctions de président du Conseil et de président de la Commission européenne. Il explique que l’actuel président du Conseil, le polonais Donald Tusk, qu’il qualifie d’ami, « convient lui-même qu’il exerce une fonction à temps partiel ».

S’il se félicite de la nomination d’Ursula von der Leyen, il estime que le système du « Spitzenkandidat » n’a pas été appliqué dans sa totalité puisque le Conseil « a outrepassé ses compétences en imposant à Ursula von der Leyen deux premiers vice-présidents : Margrethe Vestager et Frans Timmermans ». De la même manière, il déplore de manière implicite que certains États se soient opposés à la nomination de Manfred Weber, choix du PPE arrivé en tête aux élections européennes. Selon lui, cette interférence prouve bien que l’État nation « reste une référence, pas seulement géographique », et que, de ce fait, l’heure des États-Unis d’Europe n’est pas encore venue.

Combattre les populistes

Il estime également qu’avec le temps qui passe, la nécessité d’un Vieux-Continent uni risque d’être remise en cause. « Les jeunes de vingt ans ne connaîtront bientôt plus personne qui ait vécu la guerre et la mémoire s’estompe, les livres d’histoire ne suffiront pas pour convaincre de la nécessité de l’Europe ». De leur côté, les populistes combattant l’Europe unie montent en puissance et trouvent « une caisse de résonance », y compris « dans les familles politiques traditionnelles où l'on dit aujourd’hui des choses qu’on pensait ne plus pouvoir dire ». Pour éviter la propagation de ces idées, celui qui est encore, pour quelques jours, à la tête de la Commission, invite à « ne pas imiter les populistes » et à ne « jamais discuter avec l’extrême droite et les partis du rejet ».

Le combat contre les eurosceptiques est d’autant plus nécessaire que l’UE a l’obligation d’être une grande puissance et de « peser sur les affaires du monde ». Après avoir pointé la faiblesse démographique et territoriale de l’UE ainsi que le fait qu’elle « perde de la puissance », il insiste sur l’importance d’agir de manière unie : « Nous n’avons pas d’autres choix que d’unir nos efforts ».

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