La jeune Première ministre de Nouvelle-Zélande s’est imposée sur la scène internationale et médiatique grâce à un leadership alliant charisme et simplicité. De quoi lui donner une légitimité mise au service de propositions politiques audacieuses.

Elle s’était fait remarquer en prenant la tête du gouvernement de Nouvelle-Zélande à seulement 37 ans, ou encore en emmenant son bébé de 3 mois à une séance de l’assemblée générale des États-Unis. Mais Jacinda Ardern a pris une autre dimension au lendemain des attaques de Christchurch, qui ont coûté la vie à 51 de ses concitoyens. Elle avait alors interpellé la communauté internationale dans un discours salué pour sa compassion et sa fermeté autant que pour sa capacité à rassembler faisant d’elle un leader politique qui n’hésite pas à parler d’amour dans ses discours. À la suite de ce drame, c’est dans un temps record de trois mois qu’elle lançait un programme de rachat des armes semi-automatiques et faisait passer une loi prononçant leur interdiction. De quoi impressionner de nombreux pays, au premier rang desquels les États-Unis. "­L’Amérique a besoin d’un leader comme Jacinda Ardern ", affirmait d’ailleurs l’éditorial du New York Times en mars  2019.

Communication de crise

La vidéo est devenue virale en quelques heures. Jacinda Ardern, interviewée en direct par ABC News, gardant son calme et le sourire aux lèvres… alors qu’un tremblement de terre se déclenche sous ses pieds. Si la scène a tant marqué les esprits, c’est qu’elle illustre parfaitement la capacité de la jeune dirigeante à gérer les crises. Lorsque la Covid-19 fait son apparition en Nouvelle-Zélande début mars, la cheffe d’État affirme qu’il faut "frapper fort et frapper vite ". Dès le 14  mars, alors que son pays ne recensait que six cas, elle annonce la mise en quarantaine de tous les étrangers arrivant sur le sol néo-­zélandais avant de fermer définitivement ses frontières quinze jours plus tard. Cette décision, associée à une politique de dépistage et à sept semaines de confinement strict, se verra couronnée de succès. Le pays ne compte que 21 morts pour 4,8  millions d’habitants.

Elle se prononce en faveur de la création de nouveaux jours fériés et de la mise en place de la semaine de quatre jours.

Mais, au-delà de cette gestion efficace, ce sont les efforts de transparence et de clarté de la Première ministre qui ont impressionné. Diplômée en communication, Jacinda Ardern s’est astreinte à des conférences de presse quotidiennes, durant lesquelles son ton naturel et pédagogue lui valait l’adhésion de ses concitoyens. Elle s’est prêtée au jeu de questions-réponses lors de ­Facebook lives, gagnant ainsi la confiance des plus jeunes. Résultat : 92 % des Néo-zélandais déclarent approuver l’action de leur gouvernement face à la crise sanitaire. Un chiffre qui a de quoi faire rêver de nombreux ­responsables politiques.

À contre-courant

La jeune leader semble faire l’unanimité. Elle est en tout cas à la mode au point que la presse parle de "Jacindamania ". D’où, peut-être, sa propension à tenir des positions audacieuses. Le 15  avril, en solidarité avec les travailleurs affectés par la crise économique, elle décide de diminuer sa rémunération de 20 % pendant six mois, ainsi que celle de ses ministres. "Cela ne bouleversera pas la situation générale des finances, explique-t-elle alors, mais il s’agit ici de leadership. C’est une façon de reconnaître l’impact actuel pour de nombreux Néo-Zélandais". Un mois plus tard, alors que dans de nombreux pays, dont la France, on s’interroge sur la nécessité de modifier à la hausse la durée du travail pour rattraper le retard économique lié à la crise, la Première ministre prend une direction à contre-courant. Elle se prononce en faveur de la création de nouveaux jours fériés et de la mise en place de la semaine de quatre jours. À ses yeux, la mesure pourrait à la fois améliorer la qualité de vie des salariés et sauver le secteur du tourisme en donnant plus de temps à la population pour visiter le pays. De quoi permettre à la Nouvelle-Zélande d’oser croire au "monde d’après".

Marie-Hélène Brissot

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