Julien Zerbib, CEO et cofondateur de la start-up Unlimitd, créée en juillet 2021 et spécialisée dans le revenue-based financing (RBF), a mis en place une alternative au financement par dette bancaire ou recours aux fonds de capital-investissement. Passé par UBS et fondateur d'Haussmann Venture, Julien Zerbib détaille les caractéristiques du RBF et explique pourquoi cette solution devrait susciter un intérêt croissant de la part des entrepreneurs du numérique.

DécideursQu’est-ce que le revenue-based financing ? Pour qui est-il fait ?

Julien Zerbib. Le revenue-based financing (RBF) vient d’Outre-Atlantique où des acteurs comme Pipe ou Capchase sont devenus incontournables. Capchase, fondée en 2020, a déjà apporté 1,6 milliard de dollars en financement à des start-up de la sphère digitale principalement. Le RBF offre une solution de financement qui permet aux entreprises de ne pas attendre d’encaisser tous les mois leurs clients et de récupérer rapidement leur capital. C’est une avance de trésorerie en somme. Elle est particulièrement adaptée aux besoins des entrepreneurs du numérique dont le business model est fondé sur des revenus récurrents tirés d’abonnements par exemple, d’où une certaine prépondérance des sociétés spécialisées dans la filière du Software as a Service (SaaS) parmi le panel des utilisateurs de ces outils de financement.

Quand une jeune pousse a besoin de financer son besoin en fonds de roulement (BFR), elle a peu d’alternative : contracter un emprunt auprès d’un établissement bancaire ou faire appel à un capital-risqueur (VC) pour opérer une levée de fonds en equity avec le risque de perte de contrôle par dilution au fil des tours de table. Avec le revenue-based financing, ces entreprises du digital peuvent accéder rapidement à un financement, sans avoir à apporter de garanties personnelles ou prendre de risque de dilution capitalistique. Nous leur apportons une réponse en 48 heures, alors que prêts et levées de fonds restent des opérations lentes, souvent difficiles et chronophages, en particulier quand une société n’est pas éligible au financement bancaire en ayant moins de 2 exercices comptables à son actif, par exemple. Les résultats que nous avons engrangés depuis notre lancement sont très encourageants. Sur le seul mois de janvier, nous avons prêté plus d’un million d’euros, avec une moyenne à 150000 euros par opération concernant les acteurs du SaaS.

Cette flexibilité et rapidité de prestation a forcément un coût. Quel est-il ?

Évidemment, nous acceptons une prise de risque de notre côté [la start-up a levé une poche de dette de 10 millions d’euros pour pouvoir proposer ses solutions, Ndlr] et cela a un coût. Notre commission sur le chiffre d’affaires oscille entre 6-8%, là où notre principal concurrent Silvr est plutôt entre 8-10%. Nous nous assurons que les fondamentaux de ces entrepreneurs du SaaS sont sains à l’aide d’un scoring global incluant compte bancaire, outil de prélèvement, CRM, taux d’attrition, niveau des revenus mensuels récurrents (MMR), etc. Notre métier au fond est d’abord et surtout du scoring de crédit.

Quels acteurs allez-vous cibler après les entrepreneurs du Saas ?

Nous allons proposer une offre aux acteurs du e-commerce. Ils ont des paramètres, notamment en matière de coût d’acquisition client, taux de clients récurrents, et des business models, qui s’adaptent bien à notre solution. Même si les tickets de prêt unitaires seront peut-être inférieurs à ceux du SaaS, ce nouveau volant d’activité devrait nous confirmer dans notre position de numéro 2 du marché.

Quels sont vos projets de développement à court terme ?

Nous sommes encore jeunes. La société a été fondée en juillet 2021 mais je suis confiant dans nos perspectives de développement. Nous allons mener 4 à 5 recrutements d’ici la fin mars. Nous serons alors une quinzaine de collaborateurs entre nos bureaux de Neuilly-sur-Seine et de Lille. L’entreprise va également travailler sur un rebranding car je souhaite qu’elle se positionne comme un acteur alternatif du financement au service des entrepreneurs mais complémentaire des autres solutions existantes sur le marché.

Propos recueillis par Emmanuelle Serrano

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