Propulsé en mai dernier au poste de coresponsable de la Banque de financement et d’investissement (BFI) de HSBC Continental Europe à Paris, Jean-Manuel Richier a pour mission d’accélérer le développement à l’international du géant bancaire. Il revient pour nous sur le positionnement et la stratégie du groupe HSBC sur ses activités BFI.

Décideurs. Vous avez une longue carrière dans le secteur des banques d’affaires. Pouvez-vous revenir sur vos différentes expériences ? 

Jean-Manuel Richier. Après 32 ans de métier, on peut dire que je suis dans la banque d’affaires depuis toujours. J’ai commencé mon parcours chez JP Morgan, où j’ai passé une dizaine d’années entre les bureaux de Paris, Londres et New-York. Par la suite, j’ai rejoint Goldman Sachs pour prendre la responsabilité des activités debt capital markets et equity capital markets pour la France et la Belgique, également durant environ dix ans, avant de passer chez Citigroup au poste de coresponsable de la banque de financement et d’investissement en France pour les grands clients français, et ce, jusqu’en 2009. Là, je suis parti sur une aventure entrepreneuriale totalement différente avec l’ouverture du bureau de Blackstone à Paris avec un focus sur l’activité M&A.  

Et c’est en 2013 que j’ai rejoint le groupe HSBC à Paris, d’abord dans un rôle d’investment banker en tant que Vice-Chairman Global Banking sur les grands clients français avant de prendre le rôle de CEO de HSBC Bank plc. Switzerland avec la responsabilité des activités de BFI, tout en conservant des responsabilités clients pour quelques grands clients français. Enfin, en mai dernier, j’ai été nommé co-responsable de l’activité BFI de HSBC en Europe continentale et responsable de l’activité investment banking pour le même périmètre géographique. 

Ce parcours au sein de différentes institutions internationales m’a permis de toucher à tous les produits de la banque d’affaires, qu’il s’agisse des produits de marché de capitaux ; dette et action, financement d’acquisitions et, évidemment, le M&A.  

“Nous avons vocation à offrir une approche holistique à nos clients sur toute la gamme des produits de conseil, de financement, de gestion du risque et de produits de marché au sens large” 

Dans quelle mesure cette profusion d’expériences influe-t-elle sur le regard que vous portez sur le métier et la stratégie à adopter dans vos nouvelles fonctions ?  

HSBC propose à ses clients une plateforme de banque universelle, ce qui signifie que nous ne sommes pas une boutique visant à n’être focalisé que sur un seul produit. Au contraire, nous avons vocation à offrir une approche holistique à nos clients sur toute la gamme des produits de conseil, de financement, de gestion du risque et de produits de marché au sens large. Par conséquent, du fait de cette approche très intégrée de HSBC, mes expériences passées se révèlent pertinentes car elles m’ont permis d’appréhender au mieux les interactions entre les différents produits et la façon dont on pouvait répondre aux attentes des clients sur l’ensemble des produits de la BFI ; ce à quoi il faut ajouter la dimension internationale, avec un réseau mondial qui couvre 65 pays. Il s’agit d’un des plus larges réseaux qui puisse exister dans le secteur bancaire.  

Tout cela ne m’a pas nécessairement amené à modifier la stratégie, mais plutôt à l’approfondir afin de s’assurer que les équipes travaillent de manière coordonnée entre les différents produits pour répondre aux problématiques de nos clients en leur proposant une offre de services qui soit en tout point globale, tant géographiquement qu’en termes de produits. Notre ambition est d’être une banque internationale de premier plan en Europe continentale pour les activités de Banque de financement, d’investissement et de marchés, en connectant nos clients au réseau mondial du Groupe HSBC, et en offrant un accès à l'Europe continentale pour nos clients internationaux.   

“Nous nous sommes concentrés sur les clients qui valorisent notre offre de services et notre plateforme mondiale” 

Concernant plus spécifiquement l’activité M&A, la crise sanitaire a-t-elle infléchi votre stratégie dans ce domaine ?   

La stratégie M&A s’inscrit chez nous dans une démarche globale. Nous n’avons pas de stratégie purement M&A qui se différencierait de celles adoptées pour les autres produits de banque d’affaires. Notre ambition est de faire plus que du M&A et d’accompagner également nos clients sur du financement, des opérations de marché associées aux couvertures de change, du refinancement dans le marché des capitaux, entre autres. Notre mandat pour Euronext dans le cadre de l’acquisition de Borsa Italiana en est une parfaite illustration car nous avons conseillé notre client sur le M&A, le financement intérimaire bancaire et ensuite le refinancement sur les marchés de capitaux, aussi bien sur les marchés obligataires que sur les marchés d’actions en dirigeant l’augmentation de capital. 

La véritable inflexion dans notre démarche a été, dans un environnement plein d’opportunités, d’arrêter de se disperser. À l’inverse, nous nous sommes concentrés sur les clients qui valorisent notre offre de services et notre plateforme mondiale. Nous avons davantage vocation à servir des clients qui veulent se développer à l’international, qu’à servir ceux qui tendent à une activité centrée sur un marché domestique. 

Le M&A suit donc cette logique et poursuit l’ambition d’accompagner les clients français dans leur développement inorganique à l’international, pas uniquement dans les régions Asie et Moyen-Orient comme on le pense souvent, mais dans toutes les régions du monde !  

À titre d’exemple, notre client CMA CGM pour qui nous étions conseil exclusif a récemment rendu publique son acquisition de 90% du port de containers du terminal de Los Angeles. On ne s’attend pas nécessairement à retrouver HSBC sur une telle opération aux États-Unis mais cela reflète justement notre capacité et la valeur ajoutée que nous pouvons apporter sur ce genre de dossiers.  

Dans une configuration plus habituelle, nous avons conseillé Nippon Paint pour l’acquisition de Cromology auprès de Wendel. Ici, nous sommes sur le corridor Asie-Europe où nous avons la capacité d’accompagner de grands clients asiatiques sur leur stratégie en Europe.  

Avez-vous identifié des marchés préférentiels ou des tendances sectorielles qui se dessineraient ? 

Nous nous voulons généralistes dans notre approche et avons donc fait le choix de ne pas nous concentrer sur des secteurs spécifiques. Pour autant, nous observons des tendances structurelles assez lourdes. Cette année, plus de 50% des opérations ont eu lieu dans les secteurs de la tech, de la santé et des institutions financières. Nous allons donc évidemment essayer d’être aussi présents que possible sur ces trois secteurs car ils génèrent des volumes d’opérations importants.  

La deuxième tendance structurelle concerne les fonds de private equity qui ont des montants très élevés de capitaux à allouer et avec lesquels nous entretenons une relation de proximité, et ce, afin de les assister dans leurs opérations. Cette tendance n’a pas vocation à s’atténuer et ce segment de clients – dont les volumes d’opérations représentent entre un tiers et 40% de notre activité – est très important à nos yeux.  

Propos recueillis par David Glaser 

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