Exerçant des missions d'intérêt général, le fonds couvre des risques lourds et relativement longs et peut donc se permettre des pondérations en actions plus importantes. Cette classe d’actifs représente ainsi 20 % du portefeuille total réalloué. Julien Le Louët évoque avec nous les spécificités de sa politique d’investissement.

le Fonds de garantie des victimes indemnise les préjudices corporels (blessures physiques et/ou morales) et matériels subis par les victimes d’actes de terrorisme, d’infractions de droit commun ou d’accidents de la circulation causés par des conducteurs dépourvus d’assurance ou inconnus.

Décideurs. Les marchés ont connu des pics de volatilité très importants durant les trois premiers trimestres de l’année, comment avez-vous fait évoluer votre allocation d’actifs ?

Julien Le Louët. Les bornes d’allocation en actions définies par notre gouvernance sous le contrôle de l’Etat sont comprises entre 20 % et 30 %. Nous n’avons pas hésité à faire évoluer notre allocation tactique au cours des derniers mois. La correction des marchés lors du premier trimestre 2020 nous a incités à renforcer nos positions, et ce dès le mois de mars. Nous nous sommes ensuite allégés dès que les grands indices ont retrouvé des niveaux de valorisation raisonnables. Aujourd’hui, nous sommes à la recherche de nouveaux points d’entrée. Le marché se tient bien car il y a des actions des banques centrales. Lors des mois qui viennent, nous allons cependant rester très attentifs à la liquidité. Notre conviction est que cet environnement présente des opportunités.

Décideurs. Justement, où se situent les opportunités d’investissement sur les marchés actions ? Sur les marchés émergents ? Aux États-Unis ? Sur certains secteurs ou thématiques ?

Le portefeuille actions du Fonds de Garantie des Victimes est principalement investi en fonds. Et dans ce cadre, nous privilégions la gestion dédiée qui est attribuée à l’issue d’appels d’offres. Nos allocations sont très majoritairement tournées vers l’Europe, notamment sur les valeurs de taille moyenne. Ces dernières années, nous avons d’ailleurs pris soin d’augmenter la diversification de nos investissements. Nous veillons également à ne pas avoir de biais trop marqués vers un thème d’investissement en particulier. 

"La correction des marchés lors du premier trimestre 2020 nous a incités à renforcer nos positions" 

Décideurs. Face à la faiblesse des rendements obligataires, les investisseurs institutionnels se déportent vers des actifs non cotés. Quelle politique d’investissement menez-vous sur la classe d’actifs du capital-investissement ?

La régularité est un atout, nous investissons sur le segment du non coté depuis plus de vingt ans. Nos capitaux sont notamment placés sur de l’equity, de la dette privée et des infrastructures. La prime d’illiquidité sur cette classe d’actifs demeure à notre sens attrayante. Aujourd’hui, 3 % des 4,6 milliards d’euros que nous gérons sont investis en actions non cotées. Nous considérons cependant qu’il est encore trop tôt pour augmenter notre exposition. Nous veillons également à réaliser des investissements récurrents. Se positionner sur plusieurs millésimes, durant une longue période, nous a permis de lisser les variations conjoncturelles et de limiter ainsi le risque de mauvais timing. Cette technique d’investissement est, en effet, la plus efficace pour amortir les périodes baissières et tirer profit des phases d’expansion économique.

Décideurs. La montée en puissance de la dette privée peut-elle être stoppée par l’épidémie de Covid-19 ?

Si la dette privée offre une prime d’illiquidité attractive, la prudence est de mise. Certaines entreprises rompues à ce type de financement font en effet partie de secteurs d’activité qui ont particulièrement soufferts de la crise. Je pense notamment à l’hôtellerie, au transport aérien et à la restauration.

"Si la dette privée offre une prime d’illiquidité attractive, la prudence est de mise" 

Qu’en est-il du marché obligataire coté ?

Nous n’avons pas accru les risques dans les portefeuilles obligataires. Le risque n’est pas rémunérateur. Nous n’avons pas non plus allongé la duration de nos investissements, ni dégradé la qualité du crédit. La maturité de nos obligations se situe entre sept ans et dix ans. Le segment du high yield représente un peu moins de 10 % de notre portefeuille obligataire. Nous apprécions également les obligations convertibles. Celles-ci jouent un rôle d’amortisseur, même s’il faut rester vigilant sur leurs valorisations.

Quels sont vos principes d’investissement en immobilier ? Les valorisations élevées peuvent-elles vous amener à céder des biens immobiliers pour concrétiser des plus-values ?

Nous investissons majoritairement en direct, sur des actifs résidentiels et de bureaux. Nos équipes ciblent des actifs situés en région parisienne, de bonne qualité. Ces biens sont dans nos portefeuilles depuis un certain temps. Je ne suis pas sûr qu’il faille dégrader la qualité des portefeuilles pour espérer aller chercher de potentielles plus-values. Nous sommes davantage dans une approche rendement/risque.

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurélien)

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