Jean-François Couëc, président de Kardham, revient sur les évolutions touchant le monde de l’immobilier et sur les récentes réalisations du groupe.

Décideurs. Quels enseignements tirez-vous de la crise sanitaire et des confinements pour vos projets ? 

Jean-François  Couëc. La crise a accéléré des tendances préexistantes dans lesquelles nos projets s’inscrivaient déjà. Premièrement, l’hybridation des lieux de travail prend de l’ampleur et cette accélération de tendance est bénéfique pour Kardham. Ensuite, la digitalisation a connu une avancée phénoménale : en deux mois de confinement, nous avons gagné plusieurs années d’augmentation des habitudes numériques dans chacun des esprits. Un autre de ces enseignements réside dans la conscience environnementale qui s’est développée depuis le premier confinement. Enfin, cette crise a créé les conditions d’un plus grand consensus entre salariés et directions. Il n’y a pas besoin de se rendre sur son lieu de travail aussi souvent qu’auparavant et il devient possible de réduire la taille des bureaux en contrepartie d’un meilleur équipement et d’un espace de travail plus fonctionnel et plus identitaire : la qualité prendra l’avantage sur le nombre de mètres carrés.  

"Si nous devenons vertueux en la matière, nous gagnerons pour notre bien-être et surtout celui des générations futures.”

Que pensez-vous de l’objectif de décarbonation et de ce que cela implique en immobilier ?   

Le décret tertiaire est incroyablement ambitieux mais nécessaire. Chez Kardham, nous avons inclus la démarche environnementale dans nos projets depuis plusieurs années : nous sommes la première société à avoir officiellement reçu le label Osmoz. Si l’on se donne les moyens d’atteindre les objectifs de décarbonation, nous y parviendrons. Je suis fier que l’Europe nous place dans un cadre réglementaire contraignant. Certes, cela coûte de l’argent et génère parfois de l’inconfort, mais ces quelques petits sacrifices en valent la peine. Si nous devenons vertueux en la matière, nous gagnerons pour notre bien-être et surtout celui des générations futures. 

Quelles sont les récentes réalisations de  Kardham  en la matière ?   

Il y a cinq ans, nous avons été l’assistant à maître d’ouvrage du groupe Zehnder et les avons accompagnés dans le projet de construction de l’un des premiers bâtiments bénéficiant d’une quadruple certification, selon les référentiels de plusieurs pays en pointe en la matière, dont la Suisse. Ce projet était précurseur car nous avons par exemple cherché les sources géothermiques de régulation de la température dans le bâtiment. Par ailleurs, en ce moment, Kardham est assistant à maître d’ouvrage du futur siège de CNP Assurances. En effet, cette entreprise va déménager à Issy-les-Moulineaux dans le cadre du projet "Cœur de ville" de 100 000 mètres carrés au milieu d’un parc de 13 000 mètres carrés. Il comprend des commerces, un cinéma, 600 logements et 40 000 mètres carrés de bureaux. Nous avons été sélectionnés il y a trois ans pour piloter l’opération de déménagement de la partie bureaux. Ce projet dispose d’une triple certification : Bepos, HQE et Breeam. Par ailleurs, le quartier devrait bénéficier du label BiodiverCity. Ce projet brillant illustre bien les évolutions de la ville et ce vers quoi elle tend à devenir demain.  

L’immobilier de bureau connaît des évolutions, quels sont vos réalisations et projets dans ce domaine ?   

L’une de nos réalisations dans ce domaine est le flagship de Capgemini à Issy-les-Moulineaux que l’on appellele "147" : c’est un projet de 35 000 mètres carrés où Capgemini a réuni les collaborateurs issus de sept sites pour créer une dynamique collective. La finalité est de mettre en place des lieux fonctionnels, identitaires, collectifs, technologiques et dans lesquels les collaborateurs prennent du plaisir à se retrouver. Cela passe par des espaces de convivialité, notamment une très grande terrasse. Ce projet réunit tous ces critères et répond aux grandes tendances de l’immobilier du moment.  

“La ville sera sereine : nous vivons dans une société qui recherche le bien-être et l’apaisement.”  

Quelles sont vos perspectives en France pour les années à venir ?    

Historiquement nous étions dix, aujourd’hui nous sommes 400. Nous avons atteint une taille critique mais cherchons à ce que le groupe continue de croître, de façon externe comme interne.  Par ailleurs, nous voulons devenir un architecte parisien reconnu. Notre agence parisienne est ouverte depuis trois ans et réalise des projets enthousiasmants ! Ensuite, dans les métiers de l’aménagement, nous cherchons à développer de nouveaux marchés dans le retail, la logistique, l’hôtellerie, etc. Dans le conseil et l’ingénierie, nous voulons être les acteurs de référence en matière de conduite d’opération et de développement durable. Enfin, en ce qui concerne le digital, les opportunités de croissance sont infinies. Nous cherchons à nous développer en France et à l’étranger dans tous nos métiers.  

Quelle est votre vision de la ville de demain ?  

Je pense que la ville de demain sera plus mixte dans le sens où nous installerons dans un même quartier des bureaux, des écoles, des logements, des lieux verts et des lieux culturels. Ensuite, la ville sera sereine : nous vivons dans une société qui recherche le bien-être et l’apaisement. Enfin, la ville sera impactée de multiples façons par les nouvelles technologies. Nous allons vivre de manière plus concentrée dans nos quartiers et sortirons moins loin pour faire nos courses du fait de la livraison mise en place avec le commerce électronique. Nous allons aussi connaître l’émergence de la voiture connectée et autonome : les technologies seront des accélérateurs de la transformation de la ville. 

Propos recueillis par Clémentine  Locastro

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