Face aux incertitudes politiques, la société de gestion Lombard Odier n’exclut pas l’éventualité de voir l’Italie sortir de la zone euro et préconise de la retenue.

En Italie, le nouveau gouvernement formé par la coalition entre le Mouvement 5 Etoiles (antisystème) et la Ligue (extrême droite), a promis d’augmenter significativement les dépenses publiques. Cette volonté affichée est en inadéquation avec la politique souhaitée par l’Union européenne et sème le doute quant à l’avenir du pays au sein de la zone euro. Une incertitude qui a entraîné une hausse des rendements des obligations d’Etat de référence de l’Italie et une baisse du cours de l’euro.

Tensions à venir

Salaire minimum universel, refonte du régime d’imposition des sociétés et des particuliers, annulation du relèvement de l'âge de la retraite décidé en 2011… Le programme pourrait coûter au pays jusqu'à 126 milliards d'euros, soit plus de 7 % de son PIB nominal, selon les prévisions du Fonds monétaire international pour 2018, tandis que le « pacte budgétaire » de l’UE astreint l’Italie à réduire son ratio dette/PIB de 132 %.

Le rendement des obligations d’État à 10 ans de l’Italie a atteint 3,164 % le 29 mai après le veto du président Sergio Mattarella sur le gouvernement formé par le Premier ministre Giuseppe Conte, pour se replier cette semaine à environ 2,6 % à la suite de l’annonce de l'accord de coalition. L'écart entre ces obligations et la dette souveraine allemande s’est rétréci à 219 points de base, après avoir connu un pic à 269 points de base le 30 mai.

En attente d’une clarification

Les perturbations politiques italiennes et la baisse du cours de l’euro engendrent l’anticipation, par les marchés, d’une stagnation des taux d'intérêt continus, car la régularisation de la politique monétaire sera certainement repoussée dans un tel contexte. Des répercussions difficilement mesurables sont à redouter, ce qui pourrait provoquer des réactions excessives sur les marchés. Par ailleurs, le ralentissement économique qui favorise la montée du populisme semble freiner les investisseurs.

Bien que le risque de voir l’Italie quitter la zone euro reste à ce jour limité, la société de gestion Lombard Odier a décidé de réduire son exposition à la dette italienne de plus longue échéance jusqu'à ce que la situation se clarifie.

Mickaël Parienté

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