Après avoir lancé sa propre cryptomonnaie visant à récompenser les achats responsables, le canadien Impak Finance compte se tailler la part du lion dans l'Hexagone.

« Notre volonté est de faire en sorte que le capital serve à améliorer le sort des humains et de la planète en plus de générer de la croissance économique. » Très convenue, la formule pourrait être prononcée par n'importe quel financier à l'activité pourtant peu vertueuse. Mais dans la bouche du Canadien Paul Allard, celle-ci prend tout de suite plus de sens : cofondateur, en 2016, d'Impak Finance, il a mis en place une une marketplace pour entreprises socialement responsables. Pour cela, la start-up de fintech a lancé en 2017, par ICO, l'Impak Coin (MPK), première monnaie virtuelle validée par l'AMF canadienne.

Des Français déjà séduits

Cette opération a permis à Impak Finance de lever 1,46 million de dollars canadiens, soit 0,9 million d’euros, auprès de 2 300 investisseurs particuliers, parmi lesquels « un grand nombre de Français. » La marketplace revendique déjà plus de 10 000 utilisateurs. Le panel des entreprises inscrites est extrêmement large : fournisseur d'énergie renouvelable, service de vélos partagés, site internet de vente de livres d'occasion, fabricant de mobilier durable, chaîne de supermarchés bio, formations RSE… Toute entreprise proposant une offre  environnementalement ou sociétalement vertueuse peut y troquer produits et services contre des MPK.

Une logique gagnant-gagnant

Pour chaque achat effectué auprès d’une entreprise responsable, l'acheteur se verra créditer, en MPK, d'une « récompense » pouvant aller jusqu’à 5 % du montant. Ce taux, très attractif pour accompagner le lancement, aurait vocation à baisser à 1 % ou 2 % dans les prochaines années. Les entreprises, quant à elles, y gagnent des frais de transactions réduits, ainsi qu'une « vitrine additionnelle auprès d’une clientèle motivée, un programme de fidélisation qu’elles n’auront pas à financer, des récompenses sur leurs propres achats dans l’écosystème et un rapport précis sur leur impact réel ». Pour s'éviter les dérives du bitcoin (spéculation, blanchiment d'argent...), Impak a fait le choix de conserver une technologie blockchain décentralisée tout en y adossant une gouvernance centralisée, chargée d'ajuster le cours du MPK en fonction de l’activité économique.

Le MPK débarque en Europe

Le succès conduit la jeune pousse à traverser l'Atlantique pour se lancer sur le marché européen. Pour bien préparer l'opération, Impak Finance a invité Didier Kuhn, cofondateur de Blablacar, à intégrer son conseil d'administration, avant d'annoncer en septembre dernier un partenariat avec le spécialiste du capital-investissement Sigma Gestion. Pour la start-up, l'objectif est d'obtenir au plus vite la labellisation par l'AMF, alors que l'ICO a été officiellement lancée le 30 octobre dernier sur PRE-IPO, la plate-forme de financement participatif d'Allinvest. Pour cette opération, Paul Allard vise également les institutionnels, « sept à huit investisseurs professionnels français » lui ayant d'ores et déjà fait part de leur intérêt. L'objectif de collecte affiché est de trois millions d'euros, ces fonds devant être employés au développement de la marketplace européenne et à l'établissement d'une base d'opération sur le Vieux Continent.

Boris Beltran

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