Huguette Tiegna, députée LREM, a été nommée vice-présidente de la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi Climat et résilience. Dans cet entretien avec Décideurs, elle revient sur les mesures proposées.

Décideurs. D’après vous, quelle sera la place de la loi climat dans la lutte contre le changement climatique ?
Huguette Tiegna.
Ce projet de loi s’inscrit dans la continuité des mesures que nous avons prises depuis le début du mandat. Par ailleurs, la loi climat, issue des propositions des 150 membres de la Convention citoyenne, va permettre à la population de mieux s’y retrouver. J’ai espoir que cela aide à ancrer l’écologie dans le quotidien d’un plus grand nombre de personnes. Aujourd’hui, nous avons besoin d’une écologie qui tient compte du côté social.
En outre, d’autres mesures hors du projet de loi montrent que nos ambitions en écologie sont plus fortes qu’auparavant. En premier lieu, le plan de relance a permis d’étendre Ma Prime Rénov’ à tous les ménages : il n’y a plus de seuil de revenus, tout le monde devant contribuer à réduire les émissions de gaz à effets de serre. En 2020, nous avons également voté un certain nombre de mesures comme l’augmentation du forfait mobilités durables et le malus au poids sur les voitures pour 2022.

Selon le Haut Conseil pour le climat, les mesures du projet de loi climat constitueraient une part insuffisante de l’effort à engager dans la transition bas carbone. Qu’en pensez-vous ?
Ce que le Haut Conseil pour le climat demande est tout à fait louable pour ma part. Cela va nous permettre de rattraper le retard pris par la France dans un certain nombre de domaines et de mettre en place de nouvelles mesures pour aller vers une industrie décarbonée. À la suite des travaux élaborés par la Convention citoyenne, de ce que le gouvernement a fourni, et du travail effectué avec notre commission spéciale, je suis convaincue que les mesures du texte final apporteront une approche plus large, un vrai changement et vont nous permettre d’avancer dans la décarbonation. Concrètement, nous allons sortir des énergies fossiles, accompagner l’agriculture et l’alimentation durable, et assister les citoyens dans leur chemin vers le bas carbone et des modes de consommation plus respectueux de l’environnement.

Selon vous, quels ajustements sont nécessaires dans le projet de loi climat ?
Nous allons devoir compléter et affiner le texte initial avec des amendements concernant la baisse des émissions attendue à partir de 2024 mais aussi le budget carbone dans la période 2024-2028. Grâce à cela, nous pourrons répondre aux inquiétudes et à la recommandation du Haut Conseil pour le climat.
Concernant la proposition du projet de loi sur le transport aérien, cette mesure a du sens mais ne marchera que si l’on propose une véritable alternative aux citoyens. Si l’on a les moyens et que les trains sont réguliers, cette option peut fonctionner parfaitement.
Par ailleurs, cette loi me donne l’occasion de faire un travail sur des sujets liés à l’écologie dans les territoires et pour lesquels une grande attente se fait sentir de la part de nos concitoyens et des entreprises. Je souhaite donc aborder différents sujets, et en premier lieu la gestion des forêts : nous pouvons, après le déboisement, réintroduire autrement les éléments déboisés. Je souhaiterais aussi faire des amendements sur la formation des employés en entreprise relative aux impacts environnementaux du numérique. De même, la rénovation dans le bâtiment et les vélos sont des sujets qui me tiennent à cœur. Ce sont, finalement, des mesures du quotidien qui viendraient en complément de la loi.

Remarquez-vous un clivage gauche-droite sur le sujet ?
À mon sens, quels que soient les clivages, il faut aller au-delà : l’écologie n’a pas de parti politique, c’est une problématique relative à l’existence humaine. Nous voyons aujourd'hui, à travers la mobilisation croissante de toutes les personnes qui veulent consommer et vivre mieux, que l’humain passe avant la politique. Par conséquent, en écologie, chacun a sa part de responsabilité et nous devons tous l’assumer, ce qui suppose l’engagement des citoyens, des entreprises et des élus : nous avancerons mieux si nous avançons ensemble.
Toutefois, nous remarquons que les sujets en écologie diffèrent selon les partis. Les personnes de gauche auront tendance à se focaliser sur le côté social, quand celles de droite mettront davantage en avant la question du nucléaire par exemple. L’essentiel aujourd’hui est de trouver un équilibre transpartisan pour que l’écologie ne soit plus une question d’orientation politique mais un sujet d’intérêt collectif.

Propos recueillis par Clémentine Locastro

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