Alors que la crise sanitaire a nécessité l’adoption de mesures d’urgence afin de sauvegarder l’équilibre financier des cabinets d’avocats, ces derniers semblent préserver les niveaux de rémunération à l’embauche pour les collaborateurs. La raison : sauvegarder leur stratégie de recrutement.

Le raz de marée qu’ont connu les cabinets d’avocats aurait pu entraîner la révision complète des niveaux de rétrocession d’honoraires. Or, à écouter les chasseurs de têtes, il n’en est rien. "Il n’y a pas de revue à la baisse des grilles de rémunération, uniquement des diminutions temporaires et ce qui se passe aujourd’hui ne peut pas être figé pour les prochains mois", explique Constance Philippon, qui dirige la branche juridique chez Robert Walters. Avant d’indiquer que les cabinets continuent de s’aligner les uns sur les autres comme ils le font régulièrement. "Et ce, d’autant plus qu’en 2019, de nombreux cabinets français avaient revu à la hausse leurs grilles pour tenter de concurrencer les cabinets étrangers", explique Maria-Inés Espinoza, chez MAJ Consulting. Ce qui laisse pressentir une ou deux années de stabilité pour les collaborateurs.  

Année blanche

"Nous avions réévalué notre grille des rémunérations fixes des collaborateurs début 2020, confirme Maxime Pigeon, à la tête du bureau de Paris d’Osborne Clarke avec Catherine Olive. Nous nous étions en effet rendu compte que certaines rétrocessions pouvaient être inférieures à celles proposées sur le marché par certaines structures internationales, notamment parce que nous avions une composante variable importante même pour les juniors avec des bonus pouvant aller jusqu’à quatre mois de rémunération pour les collaborateurs réalisant une excellente année." C’est la raison pour laquelle le bureau français a revu entièrement les grilles de rémunération de ses collaborateurs en fin d’année dernière et a versé en janvier les bonus qui étaient prévus. Malgré ce rééquilibrage, il n’est pas question de diminuer les rémunérations des collaborateurs, même si l’activité globale du cabinet est en légère baisse par rapport à l’an passé. L’équipe, qui a conseillé le groupe Lucien Barrière dans la mise en place de sa stratégie digitale en direction des jeux en ligne, parie d’ailleurs sur un rattrapage avant la fin de l’année de cette chute estimée pour l’heure à environ 4 % grâce au traitement de dossiers de cette ampleur.   

Dans certains cabinets, on parle néanmoins d’année blanche pour justifier les ajustements de rémunération liés à la situation économique. Les bonus de fin d’année, s’ils sont versés, le seront de manière discrétionnaire. "Il faut bien penser à récompenser ceux qui ont fait preuve d’une solidarité particulière", justifie Constance Philippon. Car, ce qui compte encore plus que jamais en période de crise, c’est le capital humain. "Oui, l’année 2021 suffira certainement à rééquilibre les choses, explique Louis de Gaulle, le fondateur du cabinet De Gaulle Fleurance & Associés. Mais ce n’est pas comme cela que je vois les choses. Les ajustements ne se feront pas sur les rémunérations. Dans la période que nous connaissons, nous faisons un pari optimiste : nous continuons à investir (arrivée de six avocats pour renforcer le corporate et le contentieux, task force, plan de relance... )." La plupart des cabinets refusent de bouger les lignes de référence en matière de rétrocessions d’honoraires pour ne pas entamer la politique de recrutement. "Aucun cabinet ne prendra le risque de malmener ses grilles pour recruter un collaborateur", présume Constance Philippon. Cela vaut même pour les avocats spécialistes du restructuring, une compétence particulièrement recherchée sur le marché comme le prouve le grand nombre de mouvements dans cette spécialité depuis le début de l’année. Ils ne valent pour autant pas plus cher qu’avant mars 2020, pour la bonne et simple raison que leur niveau de rémunération dépend toujours de leur ancienneté et du type de structure qu’ils rejoignent. "C’est un micro-marché, et même si le marché y est très actif, les rétrocessions ne connaissent pas d’envolées particulières, confirme Ian De Bondt chez Fed Légal. Même si certains cabinets ont du mal à recruter, les rétrocessions n’augmenteront pas." Tous misent donc sur la stabilité pour sortir de la crise. 

Pascale D'Amore

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