Gide est un modèle de développement comme de résistance. Quasi centenaire, le cabinet a su faire preuve de solidité au fil des ans dans un contexte économique toujours plus incertain et globalisé, et même si la crise financière de 2008 a fragilisé certaines de ses positions à l’international. Aujourd’hui, cette véritable institution, qui a pignon sur rue en France, arbore fièrement ses couleurs dans le monde grâce à une stratégie agile assise sur les leçons tirées du passé.

Gide est un pionnier. Spécialisé en droit national et international de la finance et des affaires, le cabinet est la première firme française à s’implanter à l’étranger. C’est en 1967 qu’ouvre le bureau de Bruxelles. Présente désormais aux États-Unis, en Asie, en Europe de l’Ouest, centrale et orientale, ou encore en Russie, en Turquie, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, la structure centenaire, qui compte 14 succursales, a acquis au fil des décennies un avantage concurrentiel certain sur les autres cabinets de France et de Navarre. Si s’établir dans un autre pays fait partie de l’ADN de Gide, rien ne se décide au hasard. Son arrivée à Londres en 2003 par exemple était un pari autant qu’une nécessité, la capitale britannique accueillant alors un marché très compétitif et exigeant. « Nous devions être à Londres. Certains dossiers de financement de nos gros clients pouvaient basculer en droit anglais et ainsi nous échapper : il fallait donc intégrer en interne une compétence bancaire et financière de droit anglo-saxon », explique Xavier de Kergommeaux, senior partner de Gide, spécialiste du droit bancaire et financier. Pour garder ses parts de marché, Gide recrute alors des spécialistes de droit anglais et américain.

Aujourd’hui, la firme poursuit un double objectif : maintenir sa stratégie multispécialité à Paris et renforcer son développement à l’international, comme en témoigne l’ouverture récente d’une antenne à Téhéran et au Caire.

Des liens étroits avec les pouvoirs publics

En s’installant au cœur de places internationales comme Londres, New York ou Shanghaï, Gide a pu comparer le fonctionnement de diverses institutions publiques, régulateurs, décisionnaires et influenceurs de la réglementation avec lesquels il a d’ailleurs noué des liens étroits et dont il a l’oreille. Plus exactement, le cabinet est régulièrement consulté par les décideurs politiques à l’occasion de différentes réformes sur les véhicules financiers, sur la titrisation, etc. « Dès mon arrivée en 1990, détaille le senior partner, Gide était consulté et travaillait en étroite relation avec les autorités (le Trésor, l’AMF) et les banques afin de faire évoluer le schéma réglementaire vers une plus grande liberté mais surtout vers une plus grande sécurité ; il a donc renforcé la compétitivité de la place de Paris. » Et d’ajouter : « Nous sommes particulièrement sollicités sur toutes les grandes évolutions réglementaires, notamment en matière de financements structurés. »

La présence d’un bureau à Bruxelles constitue quant à elle une valeur ajoutée pour le cabinet en ce sens qu’il « peut suivre au jour le jour un projet devant la Commission, le Conseil ou le Parlement européens ». L’objectif est de s’assurer que, dans le cadre d’une discussion ayant trait à la mise en place d’une réglementation européenne en droit des affaires, les parties prenantes aient conscience de tous les enjeux de la décision qu’elles sont en train de prendre. Il s’agit notamment de relayer le point de vue des clients du cabinet auprès des régulateurs. « Notre ambition est d’expliquer à tous les niveaux les conséquences néfastes d’une orientation réglementaire sur un secteur », poursuit Xavier de Kergommeaux. Cette place au sein des organismes de décision européens, Gide l’a gagnée ardûment et a su la conserver au sortir d’une crise financière qui a tout bouleversé.

Un destin chamboulé par la crise financière

La crise financière de 2008 a représenté un danger majeur pour le cabinet en raison de l’effondrement des investissements directs étrangers. Il a dû restructurer et fermer des bureaux dont le nombre est passé de 24 à 14. « Il fallait aussi admettre que notre valeur ajoutée avait été réduite : les barreaux locaux avaient progressé, les concurrents internationaux étaient plus nombreux », convient Xavier de Kergommeaux. Gide a donc revu sa stratégie et c’est la raison pour laquelle il a noué de nouvelles alliances. En 2012, le cabinet conclut un partenariat avec trois grands cabinets européens – le leader italien Chiomenti, le géant espagnol Cuatrecasas et l’allemand Gleiss Lutz, une pointure en droit des affaires. La mise en commun des compétences respectives des quatre firmes que l’on dénomme désormais The European Network permet d’étoffer substantiellement son offre. Le chiffre d’affaires cumulé de ces mastodontes les propulse dans le top 5 des cabinets d’avocats ayant le plus gros chiffre d’affaires.

Modèle RH

Le modèle RH de Gide consiste à recruter des juniors, à les former et à les promouvoir en interne. « Nous embauchons également des collaborateurs middle et seniors, qui conservent toute leur place dans la méritocratie, complète Xavier de Kergommeaux, lui-même coopté en 1990. La maison a beaucoup évolué de ce point de vue-là. » Le cabinet est également un modèle en matière d’égalité salariale entre les femmes et les hommes. Un sujet particulièrement brûlant en France, les femmes touchant en moyenne en 2015 15,8 % de moins que les hommes selon l’organisme européen de statistiques ­Eurostats, voire 40 % dans le marché juridique. Chez Gide, ce n’est pas le cas.

Accompagner les femmes vers l’association

Au début des années 2000, au moins autant de femmes que d’hommes intégraient le cabinet Gide. Toutefois, comme dans la plupart des structures, un nombre très faible de femmes accédaient à l’association. D’après une étude sur sa pyramide des âges réalisée par le cabinet lui-même, les femmes étaient majoritaires au niveau de la première année de collaboration, mais un déséquilibre apparaissait à partir de la cinquième année. « Elles ne croyaient pas à leur chance d’être associées », relate Xavier de Kergommeaux. Afin de mettre un terme à ce pessimisme, le cabinet a mis en place une campagne pour sensibiliser ses équipes au sujet, lutter contre les schémas culturels et les faire évoluer. Bien sûr, « l’égalité femmes-hommes doit se faire dans le respect des différences », tempère le senior partner.

L’attractivité comme cheval de bataille

Face à la bataille des talents qui incite d’autres cabinets à débaucher ses associés, le cabinet n’a pas hésité à évoluer. Sa stratégie ? Rester attractif pour tous les associés, notamment les meilleurs. Les profits ont été donc mieux répartis. Depuis sa création en 1920, le cabinet fonctionnait en effet sur un modèle de lockstep pur qui a montré ses limites et selon lequel c’est l’ancienneté qui l’emporte sur la contribution de chaque associé lorsqu’il s’agit de partager les bénéfices. « Nous sommes désormais sur un lockstep aménagé, assumé comme tel, précise Xavier de Kergommeaux. J’ai été élu sur ce point précis. » Ce nouveau système de rémunération a préservé l’esprit de partnership de Gide, ce qui a amélioré sa compétitivité. L’objectif du cabinet est également de maintenir son attractivité sur les aspects non financiers. « Le côté multispécialité est d’un grand confort car il permet d’avoir un soutien massif et croisé de nos experts dans tous les domaines, ce qui fait la grande différence de Gide » conclut Xavier de Kergommeaux. Gide a su s’adapter aux variations de son environnement pour garantir son essor, ce qui lui vaut d’être aujourd’hui l’un des plus grands cabinets d’affaires mondiaux.

Pierre Allemand

 

Trois valeurs du cabinet expliquées par Xavier de Kergommeaux

L’humain

 « L’équilibre de nos équipes passe par le développement personnel et l’épanouissement de chacun, par une structure qui soutient humainement ses avocats. Chez Gide, nous sommes dans l’encouragement, pas dans la punition. »

La collégialité

« L’esprit de partnership est très développé chez Gide. Cela se reflète notamment dans la recherche permanente du consensus entre les associés. D’autres firmes s’organisent verticalement. »

 L’affectio societatis - management consensuel

« Beaucoup d’associés du cabinet ont fait toute leur carrière chez nous : cela crée un affectio societatis très fort. Le faible taux de turnover s’explique par la forte cohésion entre les avocats qui se connaissent depuis longtemps, s’apprécient, s’estiment techniquement. »

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