Directrice juridique du groupe Elsan, acteur de référence en matière d’offre de soins en France, Geneviève Lallier Gollet, également membre du Comex, a suivi les grandes phases de rachat du groupe, jonglant avec maîtrise avec les problématiques M&A, réglementaires et managériales.

Décideurs. Quel est votre parcours ? 

Geneviève Lallier Gollet. Je suis titulaire d’un DESS en droit des entreprises. J’ai commencé ma carrière à Paris dans un groupe d’ingénierie industrielle, Segula Technologies, en tant que juriste puis responsable juridique spécialisé en droit des affaires et droit des sociétés. Cinq ans plus tard, en 2009, j’ai intégré le groupe Vitalia comme responsable juridique avec, pour objectif premier, le suivi de la réorganisation et de la restructuration d’un groupe spécialisé en santé fondé en 2007 à la suite d’une quarantaine d’acquisitions d’établissements de santé, avec Blackstone comme actionnaire. Ma mission consistait à manier M&A et réorganisation juridique. Et c’est au fil du temps que j’ai pu consolider la profession de juriste au sein de ce groupe et internaliser le droit des sociétés avec une juriste.  

Je me suis également intéressée de près au droit de la santé et droit des autorisations sanitaires pour exercer l’activité de médecin. En 2015, le groupe Vitalia s’est rapproché du groupe Vedici pour donner naissance à Elsan. Il fallait tout réinventer puisque nous passions de 40 à 80 établissements, devenant ainsi un acteur important dans ce domaine au côté du groupe Ramsay Santé, leader du secteur.  

"Le groupe Elsan compte désormais 137 établissements" 

En 2017, Elsan a acquis un autre protagoniste qui regroupait 45 établissements, le groupe MediPôle Partenaires. À nouveau, il a fallu réécrire l’histoire de cette nouvelle entité et définir une culture juridique commune sans imposer l’une par rapport aux autres, et surtout se réinventer. Nous sommes actuellement en train d’en intégrer un nouveau avec C2S, groupe spécialisé en MCO [médecine chirurgie obstétrique, ndlr] composé d’une vingtaine de structures de santé. Le groupe Elsan compte désormais 137 établissements de MCO, dialyse, SSR [soins de suite et de réadaptation, ndlr] et imagerie médicale. 

À la suite de toutes ces opérations, comment avez-vous structuré la filière juridique au sein du groupe ? 

Avec l’arrivée de MédiPôle en 2017, j’ai dû étoffer et structurer le service. Trois pôles ont été créés : un pôle Affaires (droit des sociétés, droit immobilier, droit commercial, propriété intellectuelle) ; un pôle Santé pour les relations avec les praticiens (pré-contentieux, contentieux, contractuelles, litiges patients, tarification T2A, entre autres), et un pôle Régulation (droit des autorisations, analyse des différents schémas régionaux de santé, notamment). Le droit des autorisations est primordial pour nous car sans autorisation nous ne pouvons pas travailler. Nous sommes très actifs sur cette veille d’opportunités et nous nous positionnons massivement pour gagner de nouvelles parts de marché. Par ailleurs, en avril 2021 une juriste spécialisée en Compliance a été intégrée pour m’épauler sur le déploiement des différents programmes de conformité. 

Pour accompagner la création de ces pôles, avez-vous déployé des outils informatiques spécifiques pour fluidifier les processus juridiques ? 

Notre direction juridique est en effet très high tech ! Un certain nombre d’outils ont été mis en place au sein des différents pôles : le logiciel "Impalact" pour le droit des sociétés permet de réaliser les PV car tout a été internalisé ; "DiliTrust" est un outil transverse de reporting de gestion de la fonction juridique qui donne une vision globale sur nos contrats, l’immobilier, la propriété intellectuelle ou encore les contentieux.

"Notre direction juridique est très high tech !"

Enfin, pour le pôle Régulation, un outil a été créé qui répertorie toutes les autorisations. À ce jour, plus de 1 600 lignes d’autorisations sont suivies au quotidien. Et à l’heure de la réforme du droit des autorisations, celle-ci est suivie de très près car elle va changer beaucoup de choses dans notre secteur en affectant les délais, la contractualisation au sein des établissements dans les régions, en plus d’une incidence sur les tarifs.  

Propos recueillis par Anne-Sophie David 

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