La crise liée à la Covid-19 accélère la digitalisation des professionnels du droit. Grégoire Debit, cofondateur de la legaltech Closd – qui permet de réaliser les deals à distance – explique comment certaines tâches peuvent être simplifiées et automatisées en toute sécurité.

Décideurs. D’où vous est venue l’idée de créer Closd ?

Grégoire Debit. Nathaniel Merino et moi sommes deux anciens avocats qui avons travaillé en finance et en transactionnel. Nous avons constaté qu’il n’existait pas de logiciels pour les opérations quotidiennes auxquelles nous collaborions. Ce qui pouvait générer de la frustration, alors que beaucoup de processus pouvaient être standardisés. Nous voulions proposer de nouvelles solutions et, pour cela, avons fait équipe avec Bruno Thomas, ingénieur.

Quelles sont ces solutions ?

Closd est une plateforme qui permet de gérer des opérations juridiques d’un bout à l’autre, avec l’ensemble des parties prenantes. Elle permet de collecter et échanger de la documentation de façon sécurisée, à créer des versions successives, à gérer des workflows ou encore à connaître le calendrier de l’opération pour suivre le projet en temps réel. Closd propose également des signatures électroniques sécurisées en intégrant les technologies existantes (DocuSign et CertEurope) auquelles on ajoute des strates d’identifications supplémentaires, nécessaires quand on traite des opérations juridiques. Les closings peuvent ainsi être opérés à distance. Une fois le deal clôt, les clients ont la possibilité de générer des "bibles" sur leur plateforme et de les archiver dans un coffre-fort électronique Arkhineo, un tiers archiveur certifié. La nouveauté, avec Closd, c’est de pouvoir tout faire au même endroit.

"La nouveauté, avec Closd, c’est de pouvoir tout faire au même endroit"

À quels défis faites-vous face ? Les professionnels du droit sont-ils convaincus de la sécurité de ce type d’outil et particulièrement par la signature électronique ?

Tous les praticiens sont convaincus par la sécurité juridique de la signature électronique, d’autant plus avec Closd, qui a été développé spécialement pour les professionnels du droit. Cet outil permet de gagner énormément de temps et d’économiser de l’argent. Le défi pour nous, c’est surtout de faire en sorte que les clients utilisent la plateforme d’un bout à l’autre de l’opération.

Comment les convaincre ?

Étant d’anciens avocats, nous avons commencé par vendre nos outils aux cabinets. Au lancement du produit, les entreprises nous disaient : "Allez d’abord convaincre mon avocat. Ensuite je l’utiliserai avec plaisir." Depuis, les clients ont été rassurés tant par la praticité que par la sécurité. C’est une question d’habitude. À ce jour, Closd a été utilisée pour des milliers d’opérations, qui ont concerné des cabinets, des entreprises, des fonds d’investissements notamment, et commence à être connu sur le marché français.

Le premier confinement a-t-il accéléré la digitalisation des cabinets d’avocats et des directions juridiques ?

Lors du premier confinement, l’urgence a été, pour de nombreux acteurs, de se digitaliser afin d’assurer la continuité des opérations. Pour trouver les outils nécessaires à la poursuite des activités, beaucoup se sont tournés vers nous. D’autant que, à l’instar d’autres start-up, nous avons proposé un mois d’essai gratuit. Durant cette période, les clients existants ont largement augmenté l’usage qu’ils faisaient de la plateforme et de nouveaux ont adopté notre solution. La crise que nous connaissons accélère le changement de mentalités.  

Cette crise peut-elle aussi représenter un frein ?

Elle peut-être un frein par rapport aux budgets alloués à la technologie. Mais une crise comme celle-ci est surtout un accélérateur. Nous continuons à évangéliser le marché, à convaincre les clients du retour sur investissement. Closd permet de réduire les coûts et de dégager du temps pour des professionnels déchargés des tâches à faible valeur ajoutée. En septembre, nous avons lancé un questionnaire de satisfaction où nous interrogions nos clients sur le temps épargné. Ils nous ont répondu gagner des dizaines d’heures par mois sur leur travail. Le retour sur investissement est aussi non financier. Notre outil permet aux cabinets d’offrir une meilleure expérience à leurs clients et donc de les fidéliser.

"Notre outil permet aux cabinets d’offrir une meilleure expérience à leurs clients et donc de les fidéliser"

Quels sont vos objectifs ?

Aujourd’hui, nous gérons tout type de deal quel que soit leur taille et le nombre de personnes connectées au projet. Nous travaillons avec plus de 100 clients en France et dans trois pays d’Europe. D’ici cinq ans, nous souhaitons devenir le champion européen de la gestion des deals, pour les entreprises, les cabinets d’avocats et toutes les personnes qui font partie de la grande famille des transactions. L’intérêt d’avoir un acteur de poids sur notre continent est double : notre outil est adapté aux pratiques – le common law diffère du civil law. Ensuite, parce qu’il répond à l’enjeu de souveraineté des données. Nous hébergeons toutes nos datas exclusivement en France.

Votre plateforme a-t-elle évolué depuis son lancement fin 2018 ?

Développée en interne, elle évolue en permanence, que ce soit pour intégrer de petites améliorations de design ou de plus grosses telles que le coffre-fort électronique. Nous échangeons beaucoup avec nos clients. Nous ne créons pas de logiciels différents pour chacun mais nous faisons remonter les besoins en priorisant ceux qui sont davantage demandés.

La revue automatisée de documents grâce à l’intelligence artificielle est-elle pour demain ?

Non, pour le moment, ce type de technologie pour les audits est encore au stade de test. Mais c’est typiquement le genre de solution que l’on cherchera à intégrer sur notre plateforme quand elle sera efficace. Pour le moment, il est compliqué d’imaginer que les avocats confient l’ensemble des étapes à valeur ajoutée d’un deal à une machine. Nous n’y sommes pas encore.

Propos recueillis par Olivia Vignaud

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