Le directeur général Opinion de l'Ifop analyse les stratégies des différentes forces politiques en vue des élections législatives. Selon lui, la majorité actuelle est en bonne posture, mais la gauche pourrait regagner des sièges. LR et PS risquent en revanche de voir partir des élus dans le camp Macron. Question de survie…

Décideurs. Emmanuel Macron est-il en bonne posture pour conserver sa majorité à l’Assemblée nationale ?

Frédéric Dabi. Le camp qui gagne l’élection présidentielle remporte systématiquement les législatives et bénéficie d’une prime au vainqueur. L’électorat du chef de l’État fraîchement élu ou réelu se sur-mobilise, ce qui n’est pas le cas des partisans des mouvements vaincus. Sur le papier, Emmanuel Macron part donc favori, d’autant plus qu’il pourra sûrement rallier des sortants LR ou PS.

Attention toutefois, le président de la République souffre de quelques handicaps : ses députés ne sont pas tous très bien implantés localement, la campagne dure deux semaines de plus qu’habituellement, ce qui laisse plus de temps à l’opposition pour faire campagne et nouer des alliances.

Ce que la gauche a commencé à faire dans les heures qui ont suivi le second tour. Peut-elle créer la surprise ?

Elle l’affirme en tout cas. Dans les faits, la gauche elle-même reconnaît qu’il y’a 190 circonscriptions gagnables, un chiffre éloigné du seuil de 289 députés nécessaire pour obtenir une cohabitation. L’opération "Mélenchon premier ministre" ressemble surtout à une opération de bluff. Cela dit, cette stratégie permet de mobiliser son camp et de nouer des alliances qui aideront sans doute la gauche à regagner des sièges au Palais-Bourbon. La différence étant que, désormais, le PS n’a plus l’hégémonie sur ce bord politique, LFI étant en position de force.

"L'opération Mélenchon Premier ministre est un coup de bluff"

PS et LR perdront-ils définitivement leur poids à l’Assemblée nationale ?

Pour les socialistes c’est déjà le cas puisqu’ils ont déjà moins de 30 députés. Il paraît peu probable qu’ils engrangent de nouveaux sièges, l’enjeu sera donc de garder un groupe parlementaire. La droite, qui va également essayer de sauver les meubles, dispose de plus d’atouts. Leurs députés sont souvent très ancrés dans leur circonscription. Surtout, LR part d’un groupe d’une centaine d’élus.

Le plus grand danger qui pèse sur LR et le PS c’est le risque de voir leurs sortants se rallier à la Macronie. Que vont faire les députés LR dans les circonscriptions ayant plébiscité Emmanuel Macron ? Que se passera-t-il si LREM y présente des candidats ? De même, les derniers élus PS sont souvent issus de circonscriptions où la majorité sortante a obtenus de très beaux résultats. Se rallieront-ils au pôle gauche de la majorité ?

"Le RN n'a pas besoin de l'apport de Reconquête !"

Le RN pourra-t-il enfin bénéficier d’un groupe parlementaire en dépassant la barre des 15 députés ?

Jamais ce parti n’a obtenu un résultat aussi élevé, il est même en tête dans 206 circonscriptions au premier tour. Cependant les législatives sont une multitude de scrutins locaux et l’histoire montre que le Tout sauf RN combiné à une forte abstention de l’électorat populaire est souvent fatal à l’extrême droite. Il est difficile de pronostiquer quoi que ce soit sauf une chose : le RN n’a pas besoin de l’apport de Reconquête ! puisque l’électorat Zemmour se reportera vers lui dans le cas d’un second tour.

Propos recueillis par Lucas Jakubowicz

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail