À la tête de DJI, l’entrepreneur chinois poursuit son ascension sur le toit du monde des drones.

L’histoire de la tech regorge de récits d’inventions bidouillées au fin fond d’un garage. DJI, le leader mondial du marché du drone, n’échappe pas à l’attrait du milieu pour les contes et autres légendes. Mieux, avec lui, le storytelling atteint d’autres latitudes.

Il était une fois

Né en 1980 à Hangzhou, Frank Wang, son discret fondateur, nourrit une passion pour tout ce qui vole depuis la tendre enfance et la lecture d’un album dans lequel apparaît un hélicoptère rouge. Quelques années plus tard, ses parents décident de le récompenser d’une bonne note en lui offrant un hélicoptère de loisir. Mais, quelle n’est pas sa déception "lorsqu’il s’est écrasé à cause de sa stabilité limitée pendant le vol".

Comprendre "ce que devait être un hélicoptère parfait"

De cette histoire originelle germera la quête de toute une vie : comprendre "ce que devait être un hélicoptère parfait" et le fabriquer. Le jeune entrepreneur devra néanmoins attendre, ses ambitions étant freinées par le refus du MIT et de Stanford de l’accueillir parmi leurs étudiants. À l’université des sciences et technologies de Hongkong, Wang ne brille pas par ses résultats scolaires. Mais il possède déjà ce petit truc en plus qui distingue les leaders des autres. La suite ? Elle s’écrit dans une chambre universitaire où Wang amorce sa société.

L’Apple du drone

Clientèle B-to-C, capacité de production à moindre coût, prix de vente très compétitif : telle est l’équation magique qui a propulsé DJI bien loin de tous ses concurrents, parmi lesquels le français Parrot. Ainsi, l’entreprise chinoise empoche 77% des ventes de drones aux États-Unis, quand aucun de ses rivaux ne représente plus de 4% du marché. Ces comparaisons chiffrées ont peu de chances d’émouvoir Wang qui se soucie peu du marché, préférant se focaliser exclusivement sur ses produits.

La clé du succès ? "Ȇtre meilleur que les autres – et se tenir à bonne distance des masses"

Souci du détail, perfectionnisme obsessif, intransigeance infinie. Il y a quelque chose de Steve Jobs chez Frank Wang qui confie apprécier le visionnaire californien sans pour autant reconnaître admirer qui que ce soit. La seule chose à faire pour réussir consiste, selon lui, "à être meilleur que les autres – et à se tenir à bonne distance des masses"… Celles-là même que DJI a conquises avec son modèle Phantom, comme d’autres avant lui avec leur smartphone "révolutionnaire".

Risque de turbulences

Ne souffrant pas la médiocrité, Wang cherche à s’entourer des meilleurs. Ainsi, le bruit court que, lors de leur entretien d’embauche, les commerciaux doivent attester de leur capacité à souder les éléments constitutifs d’un drone ! L’esprit de compétition dépasse le cadre du strict processus de recrutement. Les effectifs de l’entreprise sont, en effet, répartis en équipes qui deviennent rivales quand il s’agit de concevoir un nouveau produit. Les employés seraient également invités à juger leurs pairs et la performance des autres départements. À l’instar d’outils d’aide à la décision, ces évaluations serviraient ensuite à déterminer les salaires de chacun…

Certains se sont peut-être sentis lésés par les données. En effet, l’an dernier, DJI s’est aperçu qu’une partie de ses employés "gonflaient les prix et matériaux de certains produits pour leur enrichissement personnel". Ce scandale de détournement massif ne représente pourtant qu’un des enjeux auxquels l’entreprise, fondée en 2006, doit désormais s’affronter, au premier rang desquels la sécurité. Si l’usage qui est fait de ses drones intéresse peu Wang, il ne faudrait pas que sa success story lui fasse endosser le rôle de l’apprenti sorcier. Wang n’en demeure pas moins un personnage inspirant montrant pourquoi il est essentiel de ne jamais renoncer à ses rêves d’enfant.

Marianne Fougère

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