François Moreau préside depuis 2016 l'un des leaders du conseil en ressources humaines, LHH-Altedia. Il accueille avec sérénité les ordonnances travail, y compris la nouvelle rupture conventionnelle collective.

Décideurs. Quel regard portez-vous sur les ordonnances travail ?

François Moreau. Elles arrivent au bon moment. Le droit du travail restait figé et il était urgent, dans notre économie en pleine transformation, de le faire évoluer. Nous croyons par ailleurs dans les vertus du renouveau du dialogue social et les ordonnances vont dans ce sens.

Comment votre groupe accueille-t-il la création de la rupture conventionnelle collective ?

Les entreprises doivent être en mesure d’adapter leurs effectifs. Depuis 2012, le mécanisme des plans de départs volontaires s’était largement développé sans qu’ils aient une existence juridique propre. C’est désormais le cas avec la rupture conventionnelle collective. Le législateur fait le choix de distinguer les plans sociaux, les départs volontaires et la GPEC. J’y suis favorable car il n’est pas souhaitable d’utiliser le même véhicule pour les départs volontaires et contraints. Par ailleurs, le système comporte plusieurs garde-fous, comme la nécessité d’un accord collectif majoritaire.

Les entreprises sauront-elles – sans avoir l’obligation de le faire – mettre en place des mesures d’accompagnement des salariés ?

Sans doute aurait-il été plus rassurant pour nos métiers que les textes prévoient une obligation de recourir à des mesures de reclassement. Ils prévoient en tout cas que soient négociées des « actions » de reclassement : formation, VAE collectifs, aide à la création d’entreprise… Mais nous avons tout de même interpellé le gouvernement pour nous assurer qu’un congé serait prévu dans la même idée que le congé de reclassement. Dès lors que ce congé mobilité est acté, la suite va de soi : il sera en toute logique consacré à une forme d’accompagnement. Nous attendons désormais les décrets d’application. Mais d’une manière générale, je salue le parti pris – assez innovant d’ailleurs – de la réforme : celui de la confiance. Nous-mêmes pensons que nous pouvons faire confiance aux entreprises, d’autant que nous constatons une réelle maturité des partenaires sociaux et des employeurs.

Qu’attendez-vous de la réforme annoncée de la formation professionnelle ?

Je suis assez sévère sur le système actuel quand je constate que 900 000 jeunes sont actuellement sans emploi et hors cursus de formation. Notre pays a besoin de plus de mobilité professionnelle. Ce mouvement doit à mon sens s’inscrire dans la recherche générale d’une forme de flexisécurité à la française et d’un équilibre des responsabilités. La responsabilité de l’entreprise se déplace : elle n’est plus tenue d’assurer l’emploi à vie. Le concept est dépassé. En revanche, elle doit développer l’employabilité de ses salariés. Ces derniers, de leur côté, ont la responsabilité de prendre en main leur avenir professionnel. Encore faut-il pour ce faire qu’ils aient la possibilité d’accéder à la formation, par le biais notamment d’un CPF efficace.

 

Propos recueillis par Marie-Hélène Brissot

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