En intégrant très tôt le numérique dans leur stratégie, les banques ont su rapidement adapter leurs services clients. Mais la révolution digitale, qui ne fait que commencer, les oblige à rester sur leur garde. L’évènement Investance Innovation Forum, qui aura lieu le 23 novembre à Paris, revient sur les nouveaux défis à relever.

Décideurs. Vous organisez le 23 novembre prochain, la troisième édition du forum de l’Investance Innovation Partners. Quels seront les grands thèmes abordés ?

Franck Dahan. La digitalisation impacte profondément le monde de la finance.  Pour les acteurs du secteur, il convient de focaliser leurs efforts sur trois thématiques : l’expérience client, la réglementation et l’excellence opérationnel. La cyber sécurité est par exemple un sujet qui recouvre l’ensemble de ces dimensions. Pour en discuter, nous aurons avec nous des représentants de l’ACPR  et de l’AMF. Enfin, comme à notre habitude, nous changerons de perspective lors de notre dernière conférence. Nous pensons en effet que pour innover il faut savoir élargir son champ de vision. Cette année, une personnalité de premier plan issue du monde scientifique  viendra s'exprimer.

 

Comment la digitalisation impacte le secteur bancaire ?

La première phase a commencé avec le développement d’Internet dans les années 2000. Elle a été assez longue à se mettre en place. L’arrivée des smartphones a considérablement accélérer ce mouvement. Pour bien comprendre l’ampleur du changement j’aime prendre une image assez simple : avant on mettait un costume pour aller voir son banquier, aujourd’hui, on peut le faire en pyjama depuis son salon. Le premier impact de la digitalisation est donc de modifier complétement l’expérience client. Le second est tout aussi redoutable pour les banques : la digitalisation a fait tomber les barrières à l’entrée. Avant, une banque était considérée comme indéboulonnable mais l’arrivée des fintechs montrent qu’il est désormais possible de remettre en cause leur position de force. Résultat, les banques ont des pressions sur leurs marges et leur business model sont remis en cause.

 

La question de la sécurité est primordiale. Le secteur de la finance est-il en avance dans ce domaine ?

Pour répondre à cette question, il faut revenir trois ans en arrière. En 2014, la Corée du Sud connaît le plus grand tremblement de terre dans le domaine. Plus de cent millions de données de cartes bancaires sont volées. Les autorités menacent même d’enlever les autorisations à certains établissements. Mais l’enjeu va au-delà du cadre réglementaire : il y a un risque d’image et d’activité. Depuis, les banques ont su s’adapter à l’ampleur du phénomène. Elles ont notamment renforcé toutes les contrôles en amont sur les méthodes connues comme le fishing ou l’arnaque au président. Mais en forçant les banques à s’ouvrir, la digitalisation a fragilisé la sécurité des banques. Avoir une telle approche n’est donc plus suffisant : les attaques arrivent de tous les côtes. Pour tenter de limiter les risques, les niveaux d’authentification sont sans cesse améliorés avec la biométrie ou la prospective. En identifiant les comportements normaux des clients, l’intelligence artificielle peut détecter des comportements frauduleux.

 

« Les opérations de rapprochement entre fintechs et banques se sont multipliées cette année »

 

Comment les acteurs traditionnels perçoivent la concurrence des fintechs ?

Au seul premier semestre, les fintechs ont levé douze milliards d’euros au niveau mondial. Et parmi les licornes, ces start-up valorisées plus d’un milliard de dollars, on en compte pas moins de 26 issus du secteur de la finance. Ces chiffres montrent bien qu’il ne s’agissait pas d’un simple effet de mode. On oppose souvent banques et fintechs mais en réalité ces deux univers sont complémentaires. Avant, les banques considéraient les start-up comme des concurrentes et non comme des partenaires Résultat, les opérations de rapprochement se sont multipliées en 2017. Elles peuvent prendre la forme de partenariat commercial, de levées de fonds ou de rachat. Dans ce dernier cas, la banque peut soit intégrer l’entité, soit la préserver comme a fait BNP Paribas avec Nickel.

Propos recueillis par Vincent Paes

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