Face à l’augmentation du niveau d’endettement des étudiants français en 2013, les dispositifs alternatifs de financement se multiplient.
Le 18 septembre dernier, le collectif Strike Debt jetait un nouveau pavé dans la mare. Après avoir racheté les créances contractées auprès d’hôpitaux de près de 2 700 Américains en 2012, cette association auto-proclamée « combattante de la dette » s’est attaquée cette année à l’emprunt étudiant de 2 761 Américains. Au total, ce sont près de quatre millions de dollars qui ont été effacés au cours de cette opération baptisée Rolling Jubilee.

Alors que la dette étudiante se porte aujourd’hui à 1 200 milliards de dollars aux États-Unis, elle atteint seulement trois milliards d’euros en France en 2013. « Cette même année, 12,5 % des Français se sont endettés pour financer leurs études. Mais c’est déjà 4,5 points de plus qu’en 2008, où ils n’étaient que 8 % », constate Christian Kamayou, fondateur du premier site de courtage spécialisé dans le prêt étudiant financetesetudes.com.

Accroissement des frais de scolarité en France

Fin 2012, la Cour des comptes tirait la sonnette d’alarme. Depuis 2006, les frais de scolarité des écoles de commerce ont grimpé de 50 %. L’enseignement supérieur public n’échappe pas non plus à la hausse. L’université Paris-Dauphine a annoncé augmenter de 41 % le prix d’une année d’étude en master pour les étudiants issus de familles les plus aisées en 2014. À cette hausse des frais de scolarité s’ajoutent bien souvent des frais annexes comme ceux du logement qui occupe en moyenne 55 % du budget étudiant annuel (1).

En 2014, l’Union nationale des étudiants de France (Unef) estime à 2 % l’augmentation des coûts de rentrée par rapport à ceux de l’année précédente. Le syndicat dénonce le manque de compensation financière par la puissance publique.

Le dispositif Oséo garanti par l’État, qui permet par exemple depuis 2008 aux étudiants sans caution d’emprunter jusqu’à 15 000 euros auprès d’une des cinq banques partenaires, aurait permis d’accorder 43 500 prêts en cinq ans. À son lancement, Valérie Pécresse, alors ministre de l’Éducation nationale, prévoyait l’ouverture de 60 000 prêts par an, mais « le budget alloué à ce dispositif est insuffisant. Il s’épuise en quelques semaines à peine », remarque Christian Kamayou, avant d’ajouter qu’« un étudiant en école de commerce s’endette aujourd’hui à hauteur de 20 000 euros, quand celui de l’université emprunte environ sept mille euros. »

Alternatives à l’emprunt bancaire

Pour aider les étudiants à trouver des fonds, les initiatives se multiplient. En 2010, Christian Kamayou lance son site financetesetudes.com qui aide les étudiants à déterminer l’offre bancaire la mieux adaptée à leur situation. Trois ans plus tard, le courtier compte plus de 13 000 clients.

Les étudiants sont notamment séduits par le financement participatif. « Le micro-prêt peut convenir pour financer un master ou une formation courte », explique Jean-Marc Nourel, créateur d’Eduklab. Sur cette plate-forme de crowdfunding exclusivement dédiée aux étudiants, 65 % des financements subventionnent les frais de scolarité.

Si deux projets liés aux études supérieures ont été lancés sur Hellomerci depuis sa création en avril 2013, Vincent Ricordeau, co-fondateur du site, s’attaque à une autre source d’endettement des étudiants : celle du financement du permis de conduire. L’entrepreneur envisage de créer un partenariat avec des auto-écoles afin de « permettre aux étudiants de financer leurs leçons de conduite grâce au micro-prêt ».

(1) Enquête 2014 sur le coût de la vie étudiante réalisée par l’Unef, publiée le 17 août 2014.

Juliette Boulay

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