Pour la quatrième année consécutive, le Forum des carrières juridiques s’est tenu au Pavillon d’Armenonville pour rassembler les jeunes professionnels et acteurs de la filière juridique. Retour sur cette journée placée sous le signe du droit et des carrières.

Les étudiants de master 2 et les jeunes professionnels du monde du droit étaient nombreux en ce mardi 3 décembre à se rendre au pavillon d’Armenonville à l’occasion de la quatrième édition du Forum des carrières juridiques organisé par Leaders League. Des recruteurs, cabinets d’avocats, directions juridiques d’entreprises, institutions publiques et legaltechs étaient présents au salon pour rencontrer leurs futurs collaborateurs, en quête d’un stage, d’un CDD ou d’un CDI. Cette journée, placée sous le signe des échanges, a débuté par une keynote d’ouverture, à laquelle participaient Stéphanie Fougou, secrétaire générale d’Ingenico et ancienne présidente de l’Association française des juristes d’entreprise (AFJE), l’avocat aveugle et fondateur du cabinet Juglar Avocat, Matthieu Juglar, et le pénaliste Antonin Lévy, associé cofondateur de Antonin Lévy & Associés.

Transformation du métier de juriste

Dès les premières minutes de l’ouverture de cette journée, Stéphanie Fougou soulignait les nombreuses transformations ayant touché le métier de juriste ces vingt dernières années. « Aujourd’hui, les juristes doivent à la fois être de bons experts du droit et des managers », explique-t-elle. Pour y parvenir, ils doivent dès lors s’attacher à développer leurs hard skills, grâce à des formations continues, mais également leurs soft skills. Avant de conclure que « dans l’exercice de son métier, le juriste doit avoir une position de business et d’engagement dans l’entreprise ». L’avenir de la filière juridique, c’est aussi renforcer les possibilités de passer d’un métier à un autre. Le Grenelle du droit a d’ailleurs été créé pour favoriser davantage de cohésion dans les professions du droit. « Au mois de janvier 2020, une formation continue commune pour les magistrats, les avocats et juristes d’entreprise sera proposée pour la première fois. Toutes ces professions réunies confèrent une véritable puissance au droit », conclut la présidente de l’AFJE. Et, comme l’explique Antonin Lévy, l’essentiel réside dans le choix de la structure. Celui qui a travaillé à la fois dans un cabinet de niche (chez Metzner & Associés) et dans un grand cabinet international (chez Hogan Lovells) avant de fonder sa propre boutique insiste sur l’importance de faire coïncider sa vision du métier avec les conditions de travail. Une approche partagée par Matthieu Juglar qui, après avoir été collaborateur chez Clifford Chance, a choisi lui aussi de créer son propre cabinet.

Après cette entrée en matière sur les futures évolutions des professions du droit, les participants au forum ont pu assister tout au long de la journée à des conférences. Au programme, des tables rondes consacrées aux legaltechs, aux passerelles entre les différentes professions du droit ou encore aux secrets des ténors du barreau.

Forte exigence des recruteurs

La conférence portant sur le recrutement de candidats experts en M&A a permis de revenir sur le caractère cyclique de l'activité fusions-acquisitions. En effet, si, jusqu'à cet été, la bonne tenue de l'économie a permis à un certain nombre de deals d'aboutir, le marché est attentiste. Les recrutements sont en hausse, tandis qu’une forte exigence de compétences se perçoit. Clémence Fallet, associée chez Bredin Prat, et Julien Aucomte, associé chez August Debouzy, s’accordent en ce sens : « Les cursus universitaires des candidats doivent être solides, une parfaite maîtrise de l'anglais est exigée et des soft skills comme la motivation, la capacité à gérer le stress ou encore l’esprit d'équipe sont incontournables. » Même son de cloche pour Anastasios Ikonomou, responsable juridique fusions-acquisitions chez Vallourec, et Marc-Elie Bernard, group senior vice president, development and mergers & acquisitions chez Altran. Ces derniers recrutent cependant plutôt des personnes expérimentées, capables de faire dialoguer le droit et l'économie. Pour clore cette table ronde, les intervenants ont tous été unanimes pour recommander aux candidats d'apprendre à se connaître pour choisir les structures adaptées à leurs compétences et à leurs besoins.

Des doubles formations appréciées

Le panel consacré aux doubles formations a permis de comprendre les raisons pour lesquelles les profils de juristes-entrepreneurs étaient particulièrement appréciés des recruteurs. Comme l’a rappelé Anne Vandeville, avocate de formation et directrice des relations entreprises et partenariats des Hautes études appliquées au droit (HEAD), les formations dispensées au sein de l’HEAD permettent « de construire un sas de professionnalisation vers les métiers d’avocat ou de juriste en entreprise en proposant aux étudiants des cursus de management et d’entrepreneuriat en complément de leur formation initiale ». Nicole Stolowy, directrice de la majeure fiscale et juridique internationale au sein d’HEC est quant à elle revenue sur les atouts que présente la double formation grande école de commerce et faculté de droit pour les recruteurs, avant de souligner qu’un LLM peut également faire la différence : « Le LLM permet d’apprendre les rudiments des droits étrangers. C’est une véritable richesse dans le milieu professionnel. » À la question de savoir de quelle manière un candidat peut se démarquer des autres face aux recruteurs, tous les intervenants ont été unanimes : il doit présenter un parcours cohérent, afficher son intérêt pour le cabinet ou l’entreprise qu’il vise et être doté d’une vision 360 degrés de la fonction de juriste. Stéphane Baller, avocat de formation et à la tête de l’association Droit comme un H, relevait par ailleurs que « l’université et les écoles de commerce ont toutes deux leurs avantages et leurs inconvénients. L’alliance des deux permet d’être conforme aux exigences des cabinets anglo-saxons ».

Le passage en cabinet, la meilleure école du droit

Si les doubles formations restent plébiscitées par les recruteurs, le passage en cabinet d’avocats reste un prérequis précieux pour beaucoup. « Détenir le Capa lorsque l’on exerce en entreprise est un vrai différentiel pour un juriste », confirme Laëtitia Ménasé, directrice juridique groupe de Canal + et administratrice de l’AFJE. Une expérience entre 3 et 7 ans serait notamment particulièrement appréciée. Un constat que confirme et explique Christophe Geiger, directeur juridique de Siemens : « Les cabinets d’avocats sont de loin les meilleures écoles du droit et de la rigueur ». Au sein des directions juridiques, François Graux, directeur juridique d’Engie, relève quant à lui la richesse des profils des juristes, qui sont de vrais spécialistes en droit des contrats, corporate ou fiscal par exemple. Les possibilités pour ces experts de changer de périmètre de spécialité seront plus ou moins évidentes en fonction du type d’entreprise et de son ouverture à l’international. « Selon la taille de l’entreprise que vous rejoignez, les champs d’évolution seront plus importants », conclut François Graux. Des éléments qui ne sont pas sans rappeler ce que Stéphanie Fougou abordait en début de journée : l’innovation est aujourd’hui le cœur de métier du juriste, il participe à la création du droit. Cette innovation peut dès lors commencer par le déploiement ou l’enrichissement de ses compétences dans sa pratique professionnelle.

L’art de l’éloquence

La conférence consacrée aux secrets des ténors des barreaux a attiré un grand nombre de participants en ce lendemain de résultats des examens du CRFPA. Les intervenants se sont tous accordés sur un point : la connaissance pointue de la procédure est l’un des secrets des ténors. « La compétence, c’est la base de l’éloquence », ajoutait Kami Haeri, associé chez Quinn Emanuel. Pour Emmanuel Moyne, associé et cofondateur de Bougartchev Moyne Associés, l’engagement de l’avocat dans un dossier commence dès le premier jour, « il faut dès lors en avoir une connaissance intime pour réfléchir à la stratégie du dossier ». Des conseils précieux pour un public de jeunes élèves-avocats.

Le Forum des carrières juridiques s’est ensuite achevé par une remise de trophées récompensant les meilleurs talents de différentes spécialités juridiques (voir la liste ci-dessous). Le rendez-vous pour l’année prochaine est quant à lui déjà donné.

Le Forum des carrières juridiques en chiffres :

- 25 stands 
- 35 intervenants
- 10 conférences réparties sur deux panels
- 400 participants


Les lauréats :

- Meilleur talent immobilier : Patrice Ye
- Meilleur talent corporate : Valentin Tonti Bernard (mention spéciale pour Emmanuel Turpin)
- Meilleur talent contentieux : Sajjad Hasnaoui (mention spéciale pour Appoline Moisson)
- Meilleur talent juriste d’entreprise : Caroline Legras (mention spéciale pour Alexandre Kong)
- Meilleur talent fusions-acquisitions : Ornella Ahiasti (mention spéciale pour Hayk Keshishian)
- Meilleur talent fiscal : Thibault Le Roy
- Meilleur talent finance : Youssef Berrada
- Meilleur talent droit social : Jean-Adrien Jouen
- Meilleur talent notariat : Antoine Bechmann

Marine Calvo

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