Depuis le début du confinement, le gouvernement d’Édouard Philippe multiplie les ordonnances et les mesures de soutien aux entreprises. Le plan d’urgence économique ne fait pas l’impasse sur la formation comme en témoignent les dispositifs lancés par la Ministre du travail, Muriel Pénicaud.

L’ordonnance du 1er avril 2020 vient, en effet, apporter une série d’adaptations spécifiques qui peuvent être regroupées selon trois thématiques différentes. Premièrement, et pour éviter que l’engouement autour de l’apprentissage ne s’effondre, l’ordonnance permet la prolongation des contrats d’apprentissage et de professionnalisation pour tenir compte de la suspension de l’accueil des apprentis et des stagiaires par les centres de formation d’apprentis (CFA). Dans le même esprit, les jeunes inscrits en CFA mais n’ayant pas encore signé de contrat avec un employeur pourront y rester jusqu’à six mois, soit trois de plus que ce que prévoit la loi « Avenir professionnel ». 

L’article 1er du texte procède également à des reports d’échéance en matière d’entretiens professionnels ainsi qu’en matière de certifications et d’habilitations. Les premiers pourront être réalisés jusqu’au 31 décembre 2020 et ce sans pénalité ; quant aux échéances des secondes, elles sont différées au 1er janvier 2022. Enfin, l’ordonnance adapte les modalités relatives à la validation des acquis de l’expérience (VAE) d’une part, en donnant la possibilité de l’entreprendre à distance et, d’autre part, en proposant un assouplissement financier. Les opérateurs de compétences (Opco) et les commissions paritaires interprofessionnelles régionales ont reçu l’autorisation de financer, de manière forfaitaire et dans la limite de 3000 euros, les parcours de VAE. 

Les compétences comme valeur refuge

Ces derniers jours, les mesures en faveur de la formation ont pris une nouvelle dimension. Désormais, le gouvernement affiche sa volonté de « créer les conditions nécessaires à un recours massif à la formation », comme le résumait Antoine Foucher, directeur de cabinet de Muriel Pénicaud, lors des Conversations Digitales LHH du 14 avril. « C’est l’occasion où jamais d’investir dans la formation des salariés » et ce d’autant plus quand celle-ci ne coûte rien. Désormais, le Fonds national de l’emploi, le FNE-formation, finance la formation des millions de salariés en activité partielle. Ce dispositif ne concernait, jusqu’alors, que les plus petites structures et les salariés les plus exposés à la perte de leur emploi. Or, la crise dégage une grande quantité de temps libre. Elle hisse surtout les compétences en tête des priorités, celles-ci représentant « la valeur n°1 pour rebondir »

Pour mieux préparer l’avenir, l’État étend donc le dispositif aux salariés en activité partielle – à l’exception des apprentis et des personnes sous contrat de professionnalisation – et prend en charge 100% des coûts pédagogiques. Une simple convention passée entre l’entreprise et la Direction régionale du ministère du Travail (Direccte) suffit à bénéficier d’actions de formation réalisées à distance de façon à respecter le confinement. Les formations éligibles au FNE-formation ont été élargies. Hormis les formations obligatoires, toutes les formations, certificats de qualification professionnel, VAE et autres bilans de compétence entrent dans le cadre du dispositif. Antoine Foucher précise que, sur le terrain, « des consignes d’accompagnement et de bienveillance » ont été passées aux équipes des Direccte afin d’accepter le plus largement possible les projets de formation des entreprises. Par contre, si le coût de la formation excède 1500 euros, les dossiers feront l’objet d’une instruction plus détaillée.

Le jour d’après

A l’aune de ces dispositifs, il devient possible de considérer la situation actuelle non pas comme une fatalité mais comme l’opportunité exceptionnelle de développer l’employabilité des collaborateurs. La crise fonctionne même comme un véritable accélérateur de particules, précipitant la bascule du présentiel au distanciel. Avant la crise, 90% des formations se faisaient en présentiel. Dans les prochaines semaines, affirme Pierre Courbebaisse, Président de la Fédération de la Formation Professionnelle (FFP), « un tiers des formations pourraient se faire à distance ». Se former depuis son domicile, comme le suggère la campagne #JeMeFormeChezMoi lancée par la FFP avec le soutien de Muriel Pénicaud et de Laurent Berger, est encouragé par de nombreuses entreprises. 

« un tiers des formations pourraient se faire à distance » 

Meilleurtaux.com a ainsi saisi l’occasion du confinement pour créer, en partenariat avec Openclassrooms, un « droit au Mooc » qui, comme le souligne Guillaume Autier, directeur général de Meilleurtaux.com, repose sur la conviction que « chaque salarié est le mieux placé pour choisir le domaine dans lequel il souhaite se former ». Concrètement, ce droit signifie que tous les collaborateurs de l’entreprise disposent, sur leur temps de travail, de deux heures hebdomadaires dédiées à la formation « soit pour enrichir [leurs] compétences, soit pour préparer une évolution professionnelle ».

Chez Adecco, les mesures de simplification initiées par le gouvernement ont révolutionné la manière de percevoir les dispositifs de VAE. Plus de 150 dossiers ont été déposés, battant en brèche les idées reçues quant à la complexité et la lourdeur de la procédure. Les entreprises auraient pu reléguer la formation au second plan. Même très affectées par la crise, elles ont préféré, à l’instar de Meilleurtaux.com, l’ériger en boussole. Tel un outil de navigation, la formation permettra peut-être aux sociétés les plus contestées de se réorienter. C’est en tout cas ce que laisse à penser l’exemple de Deliveroo qui, non content d’élargir son offre de formations à destination des livreurs, a décidé de l’ouvrir également aux familles de ces derniers. D’un dispositif à l’autre, la formation semble donc s’imposer comme le moteur du jour d’après. 

Marianne Fougère

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