Position à l’égard du gouvernement, de LR, des autres partis du centre, projet européen… Fabienne Keller, vice-présidente d’Agir Les Constructifs, dévoile les grands projets de son mouvement qui souhaite s’implanter durablement sur la scène politique française.

Le 16 septembre, Agir Les Constructifs a tenu son congrès fondateur. Quels principaux objectifs avez-vous fixés pour votre mouvement ?

L’objectif premier était de montrer aux yeux de tous la naissance et la structuration de notre mouvement. Nous avons rassemblé des élus nationaux, locaux et européens ainsi que plusieurs centaines de militants issus de sections départementales qui commencent à se structurer. La preuve est donc faite qu’il existe sur la scène politique française un parti en capacité de porter les idées d’un centre-droit libéral, pro-européen et humaniste.

Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin ont assisté à votre congrès. Ont-ils vocation à vous rejoindre ?

C’est à eux de dire s’ils souhaitent devenir des membres à part entière d’Agir Les Constructifs. Ce que je retiens, c’est qu’ils ont fait acte de présence un dimanche et qu’ils ont pris la parole pour dire qu’ils s’intéressaient à notre démarche et à notre campagne d’adhésion. C’est déjà beaucoup. Concernant une adhésion en bonne et due forme, je comprends tout à fait que pour eux, il doit être très difficile de prendre une telle décision. Nous ne voulons pas forcer la main de quiconque. N’oublions pas qu’Alain Juppé a tout de même été le premier président de l’UMP aujourd’hui LR.

Je précise également que si les membres fondateurs du mouvement ont quitté LR, la double appartenance reste possible dans nos statuts. Pour ma part, j’ai quitté LR en février 2018 après les propos tenus par Laurent Wauquiez à l’école de management de Lyon. Cela a vraiment été la goutte d’eau de trop…

Modem, Nouveau Centre, UDI, LREM mais aussi « objets politiques non identifiés » tels que La Manufacture de Xavier Bertrand ou Libres de Valérie Pécresse… Le centre de l’échiquier politique est pour le moins encombré. Comment comptez-vous vous démarquer ?

Il y a de la place pour plusieurs mouvements au centre-droit. Pour le moment, Agir Les Constructifs se positionne comme une start-up qui propose, recherche le débat et non l’hégémonie. Bien sûr nous souhaitons le rassemblement le plus large possible autour de notre mouvement, mais par le dialogue.

Il y a de la place pour plusieurs mouvements de centre droit

Nous sommes actuellement en contact avec toutes les composantes du centre-droit. Nous discutons avec Xavier Bertrand, Valérie Pécresse, Christian Estrosi, Maël de Calan chez LR ou encore Gilles Boyer, ancien juppéiste qui conseille aujourd’hui Édouard Philippe. Il faut penser à l’intérêt général de la France. Plus les idées humanistes et pro-européennes sont entendues, mieux c’est pour notre pays et pour l’Europe.

Mercredi 11 septembre, les eurodéputés ont demandé au Conseil européen de lancer une procédure de sanction contre la Hongrie pour « non-respect des valeurs de l’Union ». Certains députés issus de LR ont pris le parti de s’abstenir ou de soutenir Viktor Orban. Cela vous inspire quoi ?

Cela montre clairement que nous n’avons plus les mêmes valeurs. Les députés européens qui sont proches de nous tels qu’Alain Lamassoure ou Tokia Saïfi n’ont pas hésité à sanctionner un manque de respect de l’État de droit. Chez LR, certains dirigeants tergiversent ce qui est très préoccupant. Laurent Wauquiez a même déclaré que Viktor Orban a toute sa place au parti populaire européen. Il se sent donc proche d’un pays qui ne respecte pas la liberté de la presse et l’indépendance de la justice. Cela veut dire beaucoup. Mais cette position ne me surprend pas. Depuis son élection, Laurent Wauquiez mène une politique basée sur la peur et s’efforce à séduire l’extrême droite. Cela a été particulièrement visible durant son débat face à Édouard Philippe lors de l’Émission politique du 27 septembre. Nous n’avons plus grand-chose en commun.

La position de votre mouvement est claire : favoriser l’émergence d’une droite « pro-européenne, libérale et humaniste ». C’est aussi le credo de LREM. Que prévoyez-vous pour les élections européennes ? Faire cavalier seul, vous allier avec la majorité ? Avec d’autres partis du centre ?

Pour nous, la question la plus importante n’est pas celle des alliances mais celle du projet. Depuis plus d’un an, nous planchons sur notre programme européen en travaillant en profondeur sur des questions qui concernent tous les Français au quotidien. C’est notamment le cas de la gestion des flux migratoires qui est un sujet au cœur des débats en France. Or, l’Europe est la seule échelle pertinente pour traiter les choses.

Les autres partis, notamment LREM, n’ont pas encore finalisé leur programme. À l’heure actuelle, il est donc difficile pour nous de se prononcer. Une chose est certaine : nous prendrons notre décision en nous basant sur le projet et non sur des calculs politiciens.

Au niveau de la politique nationale, quelles sont les mesures que vous jugez positives pour le moment ?

Nous avons soutenu pleinement la majorité sur la réforme du code du travail par ordonnances, sur la réforme de la SNCF, nous avons poussé à la mise en place du prélèvement à la source. Nous sommes en revanche très réservés sur la politique territoriale qui ne fait pas assez confiance aux échelons locaux. La politique budgétaire nous semble également peu pertinente car elle ne permettra que de faibles économies alors qu’il faut aller plus loin. D’une manière générale, nous ne sommes pas dans une position binaire ou idéologique. Et je pense que c’est le moyen de gagner la confiance du gouvernement, mais surtout des Français.

Lucas Jakubowicz

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