François Zimeray participera à la soirée organisée par Leaders League lundi 28 mars au bénéfice du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, de Reporters sans Frontières et du Groupe SOS. Pour l’ancien ambassadeur de France pour les Droits de l'homme, il faut agir pour l’Ukraine et les Ukrainiens : au cœur de l’Europe, ce sont l’équilibre de la paix et les valeurs de la démocratie qui sont bouleversés.

Décideurs. Vous avez accepté de participer à la soirée organisée par Leaders League au profit de l’Ukraine, lundi 28 mars prochain. Quel message souhaitez-vous faire passer ?

François Zimeray. Je suis engagé dans la vie publique. J’ai déjà eu l’occasion, au nom du groupe des Républicains du Conseil de Paris, de prendre la parole à la manifestation en faveur de l’Ukraine qui a eu lieu place de la Bastille le 5 mars dernier. On assiste à l’agression d’un État souverain, envahi par un pays qui ne respecte manifestement pas le droit de la guerre. Au cœur de l’Europe, c’est donc une démocratie envahie par un régime autoritaire. L’équilibre de la paix en Europe et les valeurs de la démocratie sont remis en cause. Naturellement, nous sommes aux côtés du peuple ukrainien face à cette invasion.

"Lorsqu’on est attaché à la défense des libertés, au respect du droit international, on ne peut être qu’aux côtés des Ukrainiens"

Que peuvent faire les avocats pour aider ?

Les avocats ont un rôle à jouer : dans le combat contre le totalitarisme, ils sont là pour rappeler le souci de toujours sauvegarder les libertés. Pour le reste, la solidarité vient de tous les horizons. Il faut manifester sa solidarité avec l’Ukraine de façon concrète, par des dons, par l’accueil des réfugiés. Il faut, aussi, que l’on soit conscients qu’il y a un prix à payer pour le soutien à l’Ukraine, et qu’il faut le payer. C’est un prix économique : les matières premières vont augmenter, le gaz, le pétrole. Les sanctions auront aussi un effet chez nous, nous devons l’accepter. Ne rien faire pour l’Ukraine est inenvisageable, ce serait véhiculer l’idée que les démocraties sont faibles. Cette guerre est un enjeu pour les démocraties, un enjeu pour l’Europe. Elle est obligée de s’interroger sur ce qu’elle est, sur son fonctionnement, sur sa contribution au sein du continent européen et de l’équilibre mondial. C’est un enjeu important pour la France. Lorsqu’on est attaché à la défense des libertés, au respect du droit international, on ne peut être qu’aux côtés des Ukrainiens.

Que peut-on attendre du droit international, justement ?

Je crois que la Cour pénale internationale (CPI), qui a suscité de grandes espérances, n’a, par sa pratique, pas réussi à devenir effective. En réalité, la majeure partie de ses décisions ne concernent que l’Afrique, ce qui a pu donner le sentiment d’une justice partiale. Je pense que les tribunaux ad hoc sont plus efficaces qu’un affichage CPI. Le problème, c’est que le tribunal ad hoc organisé par les Nations unies, lorsque l’un des pays mis en cause dispose d’un droit de veto, ne peut pas vraiment être constitué. Mais le temps travaille en faveur de la justice. Finalement, ce qui se passe aujourd’hui trouvera peut-être sa réalisation judiciaire dans vingt ans. Les décisions de la Cour internationale de justice et de la CPI pourraient avoir leur poids plus tard.

"Cette crise aura peut-être le mérite de susciter un débat sur l’Europe et la défense européenne"

Cette guerre en Ukraine met-elle en lumière certaines lacunes du droit international ?

Il faut souligner que la Cour pénale internationale est compétente pour le crime d’agression, comme le prévoit le statut de Rome de la CPI. Néanmoins, la définition de l’agression n’a jamais été juridiquement établie. Nous savons ce que sont les crimes de guerre, les génocides, les crimes contre l’humanité. Cette crise fera peut-être réfléchir ceux qui ont élaboré le statut de Rome sur l’urgence à définir le crime d’agression. Ce serait un progrès qui permettrait de rendre le droit international plus effectif.

L’Europe parviendra-t-elle à s’aligner sur une politique de défense européenne ?

Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, de nombreux pays révisent leur doctrine de défense. Deux en particulier : l’Allemagne et le Japon qui, après la Seconde Guerre mondiale, avaient renoncé à avoir des armées de plein exercice. L’Allemagne s’interdisait la participation aux conflits extérieurs. Depuis les attaques russes en Ukraine, les Allemands et les Japonais révisent complètement leur doctrine de l’emploi, de la capacité et du rôle des forces armées, dans le sens du réarmement. C’est une nouvelle donne importante, parce que ce sont deux pays riches. En décidant de se réarmer, ils pourront prendre un poids militaire plus important.

On parle aujourd’hui d’une Europe de la défense. Mais pour qu’elle existe, il faut un consensus sur les missions. Jacques Chirac, à l’époque de l’Irak, avait d’ailleurs refusé d’engager la France. C’est la limite de l’Europe de la défense : il faudrait avoir une vision politique commune de l’Europe. Nous l’avons dans le cadre de la crise ukrainienne, car les faits sont simples. Mais dans des conflits plus complexes, ce n’est pas évident. Cette crise aura peut-être le mérite de susciter un débat sur l’Europe et la défense européenne.

Propos recueillis par Olivia Fuentes

 

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Cette soirée se déroulera le lundi 28 mars au Pavillon d’Armenonville à Paris de 18h30 à 22h30.

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