Vision de l’entrepreneuriat, valeurs, levées de fonds, axes de développement : le fondateur de BlaBlaCar répond aux questions de Décideurs Magazine.

Décideurs Magazine : Comment est née l’idée de fonder BlaBlacar ?

Frédéric Mazzella : L’idée de base vient d’un besoin personnel. Je devais rentrer en Vendée lors des fêtes de fin d’année et je m’y suis pris au dernier moment. Tous les trains étant remplis, c’est ma petite sœur qui habitait à Rouen qui est venue me chercher à Paris. Sur l’autoroute, j’ai vu passer des trains bondés et des voitures vides. J’ai réalisé qu’il y avait quelque chose à faire. C’est ainsi qu’est née l’idée de Blablacar.

Comment expliquer la facilité avec laquelle votre groupe a levé des fonds ?

Dans l’entrepreneuriat, il n’y a pas d’ascenseur, il n’y a que des escaliers. Peu importe l’entreprise, il ne faut pas s’attendre à ce que sa construction se passe sereinement. Parfois, on me dit que BlaBlacar est un succès rapide, ce n’est pas vrai. En 2014, nous avions réunis 100 millions de dollars (88,5 millions d’euros) avant d’enchainer avec une seconde levée de 200 millions de dollars (177 millions d’euros) en septembre 2015.

Sur la première, nous cherchions initialement un peu moins. Mais nous nous sommes rendu compte qu’il y avait un engouement. Les metrics étaient remarquables, notamment le taux d’adoption, il était donc possible de se globaliser rapidement. À l’époque, il s’agissait de montants inédits. Désormais, il y a bien plus de sociétés qui sont capables de rassembler de tels montants y compris en France, je pense notamment à Meero qui a levé 235 millions. Sur le marché international, la tendance est la même et de nombreux investisseurs ont les moyens de mettre de telles sommes sur la table pour financer des entreprises qui ont une vocation mondiale et des produits qui fonctionnent.

Quels sont les axes principaux de développement de BlaBlaCar ?

Aujourd’hui, BlaBlaCar est bien plus qu’un groupe de covoiturage, nous sommes présents sur la mobilité au sens large puisque sommes déployons notre offre sur le bus et le covoiturage à courte distance. Nous sommes très connus sur les trajets de quelques centaines de kilomètres. Il y a un immense gisement de croissance sur les trajets sur de courtes distances puisque la quasi-totalité des véhicules en circulation pour les trajets domicile-travail sont vides, mis à part le chauffeur. BlaBlaLines répond à cette demande.

Le bus vient compléter ce panel d’offre de mobilité pour faire de BlaBlaCar une plateforme encore plus attractive. Ainsi, nous pouvons répondre à tous les besoins : trajets de centre-ville, trajets entre grandes villes, entre petites villes, vers des lieux de villégiature…  

Quelles sont les grandes valeurs de BlaBlaCar ?

La valeur que nous avons depuis le début, c’est fun and furious qui est selon moi le yin et le yang du bonheur en entreprise. Nous sommes également très attachés à l’apprentissage ; l’objectif étant d’acquérir des connaissances quitte à échouer, pour mieux apprendre puis réussir. Autre point important, on s’améliore en partageant. Ce qui est central chez nous, c’est également be a member. Les collaborateurs sont vivement encouragés à mieux utiliser le service pour mieux le comprendre et le faire évoluer.

Une autre valeur mérite d’être mentionnée : dream decide deliver. Quand nous rentrons dans un meeting, nous aimons savoir dans quel monde nous sommes. Sommes-nous dans le rêve ? Voulons-nous prendre une décision ? Dans un meeting deliver où l’on a déjà rêvé et décidé en amont et où l’objectif est de délivrer. Enfin, nous nous attachons à être rationnel dans nos dépenses ce qui nous permet de voir loin, de penser long terme.

Quels conseils donneriez-vous à un entrepreneur ?

Être entrepreneur, c’est très compliqué, il est nécessaire d’avoir la passion. Sans elle, on ne passe pas les obstacles, tout simplement. Il faut avoir la mission chevillée au corps. Il est également nécessaire d’être bien entouré et de savoir convaincre. Heureusement, lorsque l’on est passionné, on arrive à être communicatif. C’est un peu comme le rire en somme. Utiliser son propre produit est également une bonne chose parce que l’on va être le client le plus exigeant.

Propos recueillis par Pierre-Etienne Lorenceau

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