L’impact économique de la crise sanitaire et des décisions de confinement prises par le gouvernement s’annoncent « colossales ». Pour en limiter les effets sur les entreprises, les acteurs de l’immobilier se sont engagés sur plusieurs mesures. Frédéric Bôl, président du directoire de Swiss Life Asset Managers France, explique comment ses équipes comptent accompagner leurs locataires et jusqu’où elles sont prêtes à aller.

Décideurs. La France, comme le reste du monde, est aujourd’hui à l’arrêt. Comment appréhendez-vous cette crise sanitaire, devenue crise économique ?

Frédéric Bôl. C’est une crise que l’on n’avait jamais connue. Celles de 1987 ou de 2008 étaient économiques ou financières. Aujourd’hui, nous sommes plongés dans une crise sanitaire. Les conséquences économiques seront colossales. C’est un véritable tsunami dont les déflagrations s’étendront a minima sur plusieurs mois. Un nombre très important d’entreprises ont fermé administrativement. Les répercutions sont aujourd’hui difficiles à évaluer. Chacun vit une situation très difficile à titre personnel, familial et professionnel sans oublier la dimension sociale. Le marché immobilier est une composante de la chaîne et va également en subir les conséquences. On le voit déjà avec les constructeurs puisque les chantiers sont stoppés. Il en est d’ailleurs de même pour les transactions. Les professionnels de l’immobilier sont, en effet, dans l’impossibilité de visiter les actifs ou de réaliser les due diligences techniques.

L’Association Française des sociétés de placements immobilier (Aspim) a appelé ses adhérents à suspendre les loyers au bénéfice des TPE et des PME lorsque cela est nécessaire. Faut-il aller plus loin ?

Pour notre part, nous accompagnerons les TPE/PME ainsi que les commerçants pour les aider à traverser cette crise. Ces derniers mois, ces entreprises avaient déjà subi la crise des gilets jaunes et les grèves. Les entreprises fermées administrativement n’ont plus de revenus sans compter celles qui subissent de plein fouet la crise dans le secteur du tourisme par exemple. Notre accompagnement se fera au cas par cas selon les situations. L’Aspim s’est engagée dans cette voie sur un consensus minimum. Chaque société de gestion est libre d’aller plus loin. Swiss Life AM France ne fermera aucune porte. Notre mission est de protéger les intérêts de nos porteurs de parts et investisseurs. Or, les intérêts des différentes parties vont converger. Nous ne souhaitons pas perdre les locataires. Cette épreuve va nous permettre de renforcer notre relation de confiance avec l’ensemble de nos parties prenantes et d’agir en tant qu’investisseur responsable. Tout le monde en sortira gagnant, y compris les investisseurs. De cette crise naîtra, je l’espère, encore davantage de solidarité.

"Notre accompagnement se fera au cas par cas selon les situations"

Comment êtes-vous organisés pour poursuivre la gestion de vos actifs immobiliers ?

Dans un premier temps, nous avons fait de la gestion de crise et communiqué auprès de nos clients et de nos partenaires sur notre plan de continuité d’activité. Sur nos trois sites, Paris, Marseille et Roubaix toutes nos équipes sont aujourd’hui en télétravail. Cette organisation fonctionne bien. Nos collaborateurs veillent à informer et rassurer les clients en toute transparence sur les conséquences de ce choc sur nos portefeuilles d’actifs. Les situations locatives sont analysées portefeuille par portefeuille et actif par actif. Les échanges avec les locataires sont continus. Nos clients institutionnels font preuve d’une grande bienveillance. Nous nous inscrivons dans une démarche d’investissement responsable. Ce positionnement que nous défendons depuis 2009 prend aujourd’hui toute sa dimension.

Anticipez-vous un ralentissement simultané de la collecte et des investissements ? Les performances de vos portefeuilles pourraient-elles s’en ressentir ?

La collecte a été légèrement ralentie. Elle n’est pas, pour l’instant, à l’arrêt. Il est cependant encore trop tôt pour en tirer des conclusions. De même nous ne constatons pas une augmentation des rachats. L’immobilier est une classe d’actifs résiliente et diversifiée. L’immobilier continue de percevoir des loyers même si des mesures d’accompagnement seront mises en œuvre. Le rendement sera-t-il amené à baisser ? Cela dépendra des sociétés de gestion et des véhicules d’investissement selon leur diversification et stratégie d’investissement.

"La collecte a été légèrement ralentie. Elle n’est pas, pour l’instant, à l’arrêt"

Des ajustements des prix de l’immobilier sont-ils à prévoir, au moins à court terme ? Des opportunités peuvent-elles apparaître pour les acteurs en capacité d’investir ?

Effectivement, lorsque l’on sortira de cette crise, il y a des chances que des opportunités soient à saisir. Certaines classes d’actifs retrouveront probablement leurs lettres de noblesse. Je pense à l’immobilier résidentiel. Il y a encore beaucoup de liquidité sur le marché et celles-ci devraient s’accroître en regard des mesures prises par les Banques Centrales et les Etats. Celui-ci devrait donc se rééquilibrer, surtout que les taux d’intérêt vont rester bas. Ces facteurs permettront d’amortir les chocs.

Un dernier mot sur le label ISR Immobilier. Souhaitez-vous faire labéliser certains de vos véhicules d’investissement ?

Nous sommes clairement engagés dans cette démarche. Cette future labellisation pourra concerner nos produits immobiliers grand public tout comme nos portefeuilles institutionnels. La crise sanitaire que nous vivons va accélérer la prise de conscience des investisseurs. Notre offre répond pleinement à ces enjeux, nous avons intégré dès 2009 l’ISR dans nos activités immobilières.

Propos recueillis par Aurélien Florin (@FlorinAurélien)

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