Acteur incontournable du marché des enchères, Pierre Bergé & Associés proposera à nos lecteurs d’assister de manière privilégiée à deux ventes, en juin prochain. En préambule, Fabien Béjean-Leibenson, vice-président de la maison, évoque pour nous les dernières tendances.

Décideurs. Comment votre maison est-elle parvenue à se hisser parmi les plus grands noms du secteur ?

Fabien Béjean-Leibenson : Pierre Bergé l’a créée en 2002 avec Antoine Godeau, aujourd’hui président. À l’époque, le projet était de racheter Drouot pour en faire la place parisienne concurrente de Sotheby’s et Christie’s. Cela ne s’est pas fait, il a donc fondé sa propre société, spécialisée dans les livres, l’archéologie avec une situation de quasi-monopole, l’art moderne et contemporain, le design, les tableaux et le mobilier ancien, la haute époque − entre la fin de l’Antiquité et le début de la Renaissance −, les bijoux… Nous avons une antenne à Bruxelles, une place actuellement très intéressante pour le design scandinave et l’école belge de peinture.

Quelles thématiques attirent ?

Récemment, citons ce cachet impérial chinois, qui a été l’enchère la plus élevée à Drouot à 21 millions d’euros. Un important travail en amont nous a permis de contacter tous les plus grands collectionneurs chinois. Et le 12 mars dernier, la vente d’art contemporain prestigieuse avec André Masson, Julio Gonzáles, Paul McCarthy, entre autres, a suscité un vif intérêt.

Avez-vous un ou plusieurs profils de clients ?

La clientèle traditionnelle collectionne des spécialités. Et puis il y a les clientèles croisées, qui achètent aussi bien une sculpture africaine qu’un tableau cubiste ou un meuble Louis XVI, pour constituer une belle collection. Ce côté global s’affirme de plus en plus. Les ventes adoptent une vision « transversale », avec à la clé des prix assez fous. Afficher plusieurs spécialités côte à côte permet d’atteindre des enchères plus élevées que si les pièces étaient proposées séparément.

Quelles sont les autres tendances émergentes ?

Le marché s’est mondialisé. Le réel se mélange au virtuel avec, à chaque vente, des centaines d’enregistrements en ligne. Le lieu géographique de la vente importe de moins en moins. En avril, la vente de la collection Paolo Morigi à Lugano en Italie, a eu lieu sur place, dans la maison du collectionneur. On a obtenu, grâce au relais d’Internet, des prix inimaginables. Autre constat : les acheteurs sont de plus en plus avertis. Ils ne se trompent pas. Quand deux œuvres presque équivalentes d’un artiste sont présentées et que la première est un peu mieux cotée, elle peut faire cinq fois l’estimation, tandis que la seconde ne se vendra pas ! Une situation inimaginable, il y a encore quelques années.

Quelles sont vos prochaines ventes à ne pas manquer ?

Il y aura de belles surprises le 12 juin sur une vente d’art contemporain qui comprend une œuvre rarissime d’Yves Klein, deux peintures sur carton de Mark Rothko quasiment jamais vues et une œuvre du surréaliste Pavel Tchelitchev… Citons aussi, le même mois, une vente de design. Vos lecteurs sont conviés à ces deux événements.

Quelles sont les thématiques dans lesquelles investir aujourd’hui ?

Certains collectionneurs ont une démarche intellectuelle et certains achètent pour spéculer. Les deux catégories sont légitimes. Nous faisons d’ailleurs beaucoup de conseil pour guider telle vente ou tel achat. Concrètement, en ce moment, des artistes ne sont pas à leur valeur. Un dessin de Masson à moins de 10 000 €, c’est un investissement car le prix va changer ! Aujourd’hui, les collections se rassemblent souvent autour des mêmes artistes majeurs, il faut donc aller chercher ce qui sort du cadre.

Propos recueillis par Guillaume Tesson

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