« Ne soyons pas alarmistes : le marché français de l’emploi cadre reste attractif »
Décideurs. Quel bilan tirez-vous de votre baromètre annuel pour 2011?

Pierre Lamblin. L’année 2010 a été marquée par le redressement du marché de l’emploi cadre, avec davantage de cadres augmentés et des augmentations plus élevées par rapport à 2009.
En 2010, 48 % des cadres ont bénéficié d’une augmentation. Cela signifie aussi que le salaire d’un cadre sur deux n’a pas évolué. L’augmentation individuelle médiane était de 3 % et la générale de 1,5 %. Alors que 2009 était une année noire, 2010 a permis de cicatriser les blessures.
Pour 2011, les prévisions sont bonnes, les entreprises prévoient des augmentations plus élevées par rapport à 2010. Quant à 2012, il est très difficile et périlleux de faire des prédictions. La situation pourrait se dégrader rapidement si les entreprises venaient à rencontrer des difficultés pour financer leurs investissements, moteur principal des recrutements. La marge de manœuvre des entreprises serait alors très étroite, notamment en matière de politique salariale, comme cela s’est produit en 2009.

Décideurs. Malgré l’amélioration de la conjoncture, on constate une hausse de l’inflation qui entraîne une baisse du pouvoir d’achat pour les cadres. Quels leviers existe-t-il pour atténuer cette tendance ?

P. L.
Les entreprises sont toutes confrontées aux mêmes problématiques telles que la recherche de gains de productivité par exemple. Il n’est pas facile de compenser la perte de pouvoir d’achat. La marge de manœuvre des managers est ainsi très limitée pour distribuer les augmentations le plus justement possible. D’autres leviers en matière de reconnaissance sont aussi à leur disposition : la prise d’initiatives, les encouragements de la hiérarchie, le développement de compétences, la formation ou l’évolution interne. Cette dernière offre de réelles opportunités en matière d’augmentation de salaire. Soulignons que les cadres sont fortement en attente de reconnaissance autre que salariale.


Décideurs. Peut-on imaginer un nouveau package de rémunération plus attractif pour les cadres dans les années à venir ?

P. L.
La tendance de fond se confirme : nous assistons à une individualisation des salaires au profit du collectif. Le package de rémunération est toujours plus complexe, avec une large palette de dispositifs, pour récompenser les cadres les plus talentueux, et in fine, les fidéliser. Spécifiquement, les cadres à haut potentiel sont ceux qui en bénéficient le plus. Pour se démarquer, et pouvoir attirer les compétences et les talents dont elle a besoin, une entreprise peut rechercher aussi des solutions innovantes, par exemple en mutualisant certains dispositifs entre plusieurs PME.
La rémunération passe également de plus en plus par des avantages en nature, comme une voiture de fonction par exemple. Enfin, l’intéressement et la participation concernent un tiers des cadres. C’est une tendance plane.

Décideurs. En matière de salaire, l’heure est-elle à l’optimisme ?

P. L. Les cadres sont les mieux lotis du marché. Leur taux de chômage est plus de deux fois inférieur au taux général. Les salaires à l’embauche ont aussi légèrement progressé, ils n’ont pas connu de baisse en 2009, contrairement au retournement conjoncturel précédent de 2002/2003.


Décideurs. Que constatez-vous sur le marché du recrutement des cadres et comment le voyez-vous évoluer ?

P. L. 2011 sera une très bonne année en la matière, meilleure que 2010. L’Apec a revu récemment à la hausse les prévisions de recrutement de cadres. Certains secteurs sont particulièrement sur une bonne dynamique, comme les activités informatiques, l’industrie, les banques et assurances, le conseil en ingénierie.


Décideurs. La sortie de crise est-elle terminée ?

P. L.
Tout dépend de ce que l’on entend par « crise ». Pour l’emploi des cadres, la sortie de crise s’est faite en 2010, le marché s’est redressé. Cependant, 2011 est marquée par la rigueur budgétaire, la crise des dettes souveraines, etc., et on ne connaît pas encore les répercutions possibles sur le marché de l’emploi. Notons que les grandes entreprises, qui sont les premiers recruteurs de cadres en volume, continuent à diffuser un nombre important d’offres d’emploi cadre et à recruter. Si la conjoncture venait à nouveau à se retourner, les jeunes diplômés seraient les premiers affectés, comme cela a été le cas en 2009.


Décideurs.
Le marché français de l’emploi reste-t-il attractif pour les cadres ?

P. L. Aujourd’hui ne soyons pas alarmistes. Le marché français de l’emploi cadre reste attractif. En Europe, c’est le deuxième marché derrière le Royaume-Uni. Les jeunes diplômés français sont les mieux lotis et les plus prisés. Jusqu’à présent, les investissements des entreprises restent soutenus, notamment dans les secteurs d’innovation, ce qui soutient les recrutements. Dans un climat d’incertitude, malgré les aléas qui pèsent, l’heure reste à l’optimisme pour les cadres.

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